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Cham - Albums du Charivari/Le Salon de 1857

La bibliothèque libre.
Journal le Charivari (1p. 11--).

LE
SALON DE 1857
PAR CHAM.

Le public à l’Exposition des sculptures. Les fleurs
ont le plus grand succès.


À LA LIBRAIRIE NOUVELLE, BOULEVARD DES ITALIENS, 15 ;
ET AU BUREAU DU JOURNAL LE CHARIVARI,
16, RUE DU CROISSANT.
Paris — Imprimerie J. Voisvenel, rue du Croissant, 16
Tableau tendant à prouver que le mal de dents est souvent une maladie de famille.
Femme du monde prise subitement de la colique à la campagne (par M. Courbet). Le peintre a voulu prouver qu’il pouvait peindre la femme comme il faut tout aussi bien que la femme commune.

— Sapristi ! voilà une diable de mouche qui s’est posée sur le Meissonnier et me cache tout le tableau.

— Tiens ! cela t’apprendra à t’arrêter devant les portraits de femmes polisson !

— Mon brave homme, vous aimez donc les sculptures, que vous restez comme ça devant ce buste ?

— Je me moquions pas mal du buste ! je regardions avec attendrissement la place ousqu’étions attachée notre vache à l’Exposition des bestiaux. Elle était là.

— Voyons mon portrait. No 417 : « Jeune veau de la plus haute espérance. » Sapristi ! ils se sont trompés ; on m’a vendu le livret de l’Exposition agronomique de l’année dernière.

Deux sangliers, atteints d’une fluxion affreuse qui leur rend la tête méconnaissable, prennent un bain de pieds sur la recommandation d’une personne de leur connaissance.

— Il a été très-insolent, ce peintre. Prends-lui son numéro, ça servira de leçon aux autres.

— Ah ! mon Dieu ! Caroline, tu fais peindre ton portrait habillée en zouave ?

— Que veux-tu, ma chère, le peintre n’a pas voulu me faire autrement, ce sont les seuls portraits que l’on regardera à l’Exposition de cette année, à ce qu’il dit.

— Dites donc, bourgeois, j’ai posé dans ce tableau que vous avez l’air de vouloir critiquer.

Le colonel des zouaves faisant l’appel de ses soldats à l’Exposition pour voir s’il en manque un. — Tous présents.

— Cré coquin ! le sculpteur Franck a bien réussi la tête de mon général, mais les jambes, c’est pas ça !

— Capitaine, avez-vous remarqué mon portrait qui est à l’Exposition ?

— Oui, mon ami, oui, et comme tes habits m’ont fait l’effet de n’être pas bien brossés, tu feras quatre jours de salle de police.

— Rendez-nous nos vingt sous ; nous n’avons pas trouvé notre portrait à l’Exposition. Il y a des gens qu’ont pas payé plus que nous pour entrer que j’ons trouvé leur ressemblance sur des portraits.

Christophe Colomb demandant l’hospitalité pour lui et son singe à la porte d’un couvent. César, sortant de se payer un bon déjeuner, attend que sa digestion soit faite pour traverser le Rubicon.
UNE ERREUR DU LIVRET.
Mademoiselle Rosa Bonheur avec Du Buffe… peint par du bœuf… Non, avec du bœuf peint par Du Buffe.
Samson prenant des familiarités avec son coiffeur.
Desault raccommodant une jambe cassée par une incorrection de dessin.

Nota. — Le peintre n’ayant pas eu le temps de terminer son tableau a rempli les trois quarts de sa toile avec le cadre.

— Il ne fait pas clair dans ce coin-ci, on ne distingue pas votre tableau, qu’est-ce qu’il représente ?

— Un effet de soleil.

— Diable ! je n’aurais jamais deviné ça, j’ai failli me casser le cou devant.

Portrait de M. ***, professeur d’anatomie, travaillant à son jardin. — Le professeur a quitté sa peau pour travailler plus à son aise.
Ce n’est pas la faute du jardinier si l’on a placé la sculpture au milieu de ses plantes.
ÉTUDE DE BOUGIE, PAR M. VAN CHANDELLE.
Un monsieur et une dame se demandent si réellement ils ont à se féliciter de la bougie qu’ils prennent chez leur épicier.
Trois personnes réunies dans un salon attendent que l’une d’elles, atteinte d’un rhume de cerveau, ait fini de se moucher pour reprendre leur conversation.
Vaches laitières bourdonnant autour d’un bouquet de fleurs dont elles viennent prendre le suc, dans l’espoir d’améliorer leur lait et d’obtenir une médaille à l’Exposition.

— Ah ! saprelote ! voilà des plantes grimpantes qui se sont emparées de mon buste.

Le géant du café Mulhouse obtenant de son cafetier l’autorisation d’aller au Havre prendre un bain de pieds.

le fils. — Oh ! la, la, la, pourquoi me tirez-vous les oreilles ?

la mère. — C’est la vue du tableau de M. Charles Marchal qui te vaut cela, polisson ! Un fils qui souhaite la fête à sa mère ; toi, tu ne m’as jamais offert seulement une orange.

— Polissons d’enfants ! nous ne vous mènerons plus jamais à l’Exposition voir les belles batailles de M. Adolphe Yvon, puisqu’elles vous font cet effet-là.

— Il est insupportable cet enfant ! J’ai eu la maladresse de le mener au buffet de l’Exposition de peinture ; maintenant chaque fois qu’il voit un tableau il demande à manger ! ! !

Appelé dans une maison pour soigner une dame souffrante, le médecin demande à la bonne si sa maîtresse est dans l’habitude de coucher la tête basse.
Un seigneur de 45 à 50 ans, frappé de la malpropreté de ses domestiques, cherche à leur donner le bon exemple en se lavant les mains devant eux.
Craignant de s’attirer une affaire avec la société protectrice des animaux, une jeune fille dépose avec soin sur un coussin une puce qu’elle vient de se prendre sur le corps.
Femme du monde protégeant un veau marin.
Un peintre retire un papillon de dessus une fleur pour s’y asseoir lui-même, priant un enfant de vouloir bien garder le papillon sur son ventre pour quelques instants.
La colique faisant momentanément tomber la colère de Roland le furieux.
Chiens de chasse n’ayant pas l’habitude du dessin de M. Courbet se précipitant sur un buisson qu’ils confondent avec un chevreuil.
Ce farceur d’Apollon négligeant sa voiture pour un ballon captif.

— Lolo, si tu n’es pas sage, je vais te faire manger par ce buste.

— Oh ! non, maman, grâce ! je serai sage.

— Toutes les tables sont occupées au buffet ! C’est si mal arrangé aussi cette exposition ! ces diables de tableaux prennent presque toute la place.

Le public poussant à la roue pour aider la charrette à sortir de l’Exposition de peinture.

— Ah diable ! vous avez eu l’honneur d’être admis à l’Exposition. Vous êtes peintre ?

— Non, monsieur.

— Sculpteur ?

— Non, monsieur ; je suis cuisinier, je suis attaché au buffet.

Le dernier des Mohicans faisant force de rame dans l’espoir d’arriver à temps pour les régates du Havre et disputer le prix au Sire de Franc-Boisy.
ÉPISODE DU TABLEAU DU COMBAT DES TRENTE.
Un brave Breton prend sa clef pour la mettre dans le dos d’un Anglais qui saigne du nez.
Artiste cherchant à apercevoir son buste à l’Exposition.

— Oh ! je n’avais pas bésoin du livret, je avais bésoin de la carte ; moi venir ici pour manger.

— Ce qui manque à l’Exposition, c’est un chef d’école.

— Oui, mais on a un fameux chef de cuisine.

— Comment distinguer le buste de la plante, tous deux ont des cheveux.

Une dame se promenant à cheval au milieu de sa provision de bois, afin de s’assurer si son portier ne lui vole pas des bûches.
L’Ange exterminateur voulant ménager son sabre se contente de chatouiller la plante des pieds d’un réprouvé.
Zeuxis peignant les cinq beautés de la Grèce avec son cure-dents. Soldat de Jules César arrêtant une femme qui veut se jeter du haut du pont des Arts.
Portrait d’une dame dévorée par son boa.
Turcs descendus à l’hôtel du Louvre, témoignant leur étonnement de voir que le garçon n’a pas décrotté leurs souliers, qu’ils avaient cependant mis à cet effet en dehors de leur appartement.
IDYLLE PAR Mme CONSTANT.

— Dites-moi, mame Pochet, si c’est pas une abomination, le public qu’encourage deux enfants de c’t âge-là qui se font la cour ! On trouve ça superbe. S’ils étaient à moi je les fouetterais.

— Tu ne manges pas de légumes ? Veux-tu des épinards ?

— Ma chère, nous venons de voir les paysages à l’Exposition ; j’en suis dégoûté.