Correspondance 1812-1876, 5/1867/DCXLVIII

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DCXLVIII

À MADAME ARNOULD-PLESSY, AU QUARTIER,
PAR DIJON (CÔTE D’OR)


Nohant, 1er septembre 1867.


Chère fille,

Auriez-vous, par hasard, dans vos environs un jardinier à nous indiquer ? ou pourriez-vous vous en faire indiquer un à Dijon ? Si oui, répondez tout de suite et je vous dirai nos exigences et nos offres.

Il se peut bien que j’aille, de Paris, vous embrasser si je ne suis pas trop patraque ; ce sera une question d’entrain et de santé. J’en ai bien envie ; mais il faut pouvoir.

La succise est très mignonne ; mais vous devez avoir, dans quelque terrain humide, — puisque vous m’avez envoyé le drosera et la parnassie, — deux petites merveilles qui feront notre bonheur : c’est l’anagallis tenella (mouron délicat) et la campanule à feuilles de lierre. Si vous ne les connaissez pas, après avoir dit oui ou non pour le jardinier, dites oui ou non pour les fleurettes. Je vous les enverrai dans une lettre.

J’ai fini de ranger mon herbier du Centre. C’est un travail de huit jours qui m’a aidée à franchir le pas douloureux. Je ne pouvais plus écrire, je commence à m’y remettre.

Je vous aime et je vous embrasse. Vous viendrez, vous, bien sûr, n’est-ce pas ?

G. SAND.