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Correspondance de Lagrange avec d’Alembert/Lettre 026

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Texte établi par Ludovic LalanneGauthier-Villars (Œuvres de Lagrange. Tome XIIIp. 58-59).

26.

LAGRANGE À D’ALEMBERT.

À Turin, ce 5 avril 1766.

Mon cher et illustre ami, j’ai reçu votre Lettre du 25 mars et j’ai écrit en conséquence à M. de Fouchy qu’il me déclarât auteur de la pièce Multum adhuc restat operis à l’assemblée publique de l’Académie, ce que j’espère qu’il aura fait. Les éloges dont vous l’honorez sont le prix le plus flatteur de mon Ouvrage ; ils entretiendront mon émulation, et ils l’augmenteront même, s’il est possible. Le roi et les ministres ont paru prendre part à la nouvelle marque d’honneur que je viens de recevoir des étrangers. On a réitéré les promesses qu’on m’avait faites à mon retour de Paris, et on en est demeuré là comme de coutume.

On ne saurait être plus sensible que je le suis à toutes les preuves d’estime et d’amitié que vous me donnez ; je ne doute pas que le succès de l’affaire en question ne réponde à l’intérêt que vous y prenez ; mais, quel qu’il soit, ma reconnaissance sera toujours la même.

Je vous serai très-obligé de me faire savoir comment il faudra que je m’y prenne pour que le prix me soit délivré, n’ayant point de récépissé du secrétaire et ayant même négligé de mettre mon nom dans un billet cacheté, comme on le pratique ordinairement.

La question pour 1768 est aussi importante que difficile et méritait bien d’être proposée une fois par votre Académie, mais je n’oserais me flatter de réussir dans un sujet auquel les plus grands géomètres de l’Europe se sont déjà exercés. Adieu, mon cher et illustre ami ; je vous embrasse de tout mon cœur et vous serai attaché toute ma vie.

À Monsieur d’Alembert, de l’Académie française,
      de l’Académie royale des Sciences de Paris, etc.,
                rue Saint-Dominique, faubourg Saint-Germain,
                          vis-à-vis Belle-Chasse, à Paris
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