Dictionnaire classique de l'antiquité sacrée et profane/Apollon

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Dictionnaire classique de l'antiquité sacrée et profane, tome 1
Librairie Classique-élémentaire de Belin-Mandar (p. 92-93).
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APOLLON

APOLLON, -llo, myth., fils de Jupiter et de Latone, dieu du jour, des arts, des lettres et de la médecine, habile à conduire les chars et à manier l’arc, le plus beau, et le plus aimable des dieux. Il avait reçu de Jupiter le don de prophétie, et ses oracles étaient les plus célèbres et les plus accrédités dans toute la Grèce. Latone, poursuivie par le courroux de Junon, se réfugia dans l’île flottante de Délos, que Neptune rendit stable en sa faveur, et là elle mit au monde Apollon et Diane. Junon, toujours enflammée de jalousie, suscita contre elle et ses enfans le serpent Python. Mais Apollon, peu de temps après sa naissance, le perça de ses traits, d’où lui vint le surnom de Pythien. Plusieurs années après, ce dieu, furieux de la perte de son fils Esculape, foudroyé par Jupiter, tua les cyclopes, qui forgeaient la foudre. Le maître des dieux, irrité de cette audace, le bannit du ciel. Apollon, réduit à la condition de simple mortel, se réfugia chez Admète, roi de Thessalie, qui lui confia le soin de ses troupeaux, ce qui le fit depuis adorer comme le dieu des bergers. Apollon, reconnaissant des bienfaits de ce prince lui fit obtenir la main d’Alceste (V. Alceste), et les Parques à sa prière prolongèrent les jours d’Admète. Pendant son séjour sur la terre, Mercure lui ayant soustrait son arc et ses flèches, il fut réduit pour vivre à se mettre au service de Laomédon, et releva avec Neptune les murailles de Troie. Laomédon lui ayant refusé le salaire convenu, Apollon se vengea de l’ingratitude et de la perfidie de ce prince en frappant son peuple d’une peste cruelle. (V. Laomédon.) C’est à ces mêmes temps qu’il faut rapporter la mort de Niobé, l’aventure de Midas et le supplice de Marsyas. (V. ces noms.) Apollon erra quelque temps encore sur la terre ; mais son exil et ses malheurs fléchirent enfin le courroux de Jupiter, qui le rappela dans le ciel, où il fut chargé de conduire le char du soleil. Apollon brûla souvent d’amour pour de simples mortelles ; il poursuivit Daphné ; mais cette nymphe, pour éviter ses poursuites, invoqua le fleuve Pénée, son père, qui la changea en laurier. Ce dieu fut encore épris des charmes de Leucothoé, fille d’Orchame, et séduisit cette princesse sous la forme d’Eurynome, sa mère. Ayant accordé à Cassandre le don de prophétie, à condition qu’elle condescendrait à ses désirs, et la voyant infidèle à ses promesses, il condamna ses oracles à n’inspirer jamais de confiance. On connaît encore ses amours avec Issa, Coronis, Clymène Cyrène, Chioné, Acacallis, Calliope et plusieurs autres nymphes, dont il eut un grand nombre d’enfans. Son attachement pour Cyparisse son favori, qu’il métamorphosa en cyprès, et pour Hyacinthe d’Amycles, n’est pas moins célèbre. Comme dieu des arts, Apollon présidait aux concerts des muses, et habitait avec elles les monts Parnasse, Hélicon, Piérius, les bords de la fontaine d’Hippocrène, et les rives du Permesse. Il prêtait encore en cette qualité un nouveau charme aux festins des dieux par les accords de sa lyre. — Le culte de ce dieu se répandit par toute la terre, mais plus particulièrement en Égypte, en Grèce et en Italie. Il avait des oracles dans un grand nombre de villes. Les plus renommés furent ceux de Délos, de Delphes, de Claros et de Patare, d’où il a souvent chez les poètes les noms de Delius, Clarius, etc. Son temple le plus célèbre était celui de Delphes, une des sept merveilles du monde. Ce dieu avait encore sur la montagne d’Actium ou de Leucas une statue qui dominait sur la mer, et qui servait aux navigateurs pour diriger leur course. Auguste, avant de combattre Antoine, pria cette statue de lui accorder la victoire, et lui bâtit un temple sur le mont Palatin après la défaite de son rival. Le colosse de Rhodes, qui passait pour une des sept merveilles du monde, représentait encore Apollon. Comme dieu des arts, on lui donnait les traits d’un jeune homme, tenant un arc et quelquefois une lyre, avec une tête rayonnante de lumière, et ornée d’une chevelure longue et flottante. C’est à son imitation que les jeunes Romains laissaient croître leurs cheveux. Enfin, considéré comme répandant sur la terre les maladies et la peste, on le représentait entouré de nuages. Ce dieu portait trois noms principaux, Phæbus (φοῖβος, brillant), parce qu’il conduisait le char du soleil, Liber et Apollon. On lui donnait encore une foule de surnoms pris des lieux où son culte était le plus en honneur ou devenus célèbres par quelques-unes de ses actions.

Selon Cicéron il y eut quatre personnages du nom d’Apollon. Le premier, fils de Vulcain, était le dieu tutélaire des Athéniens. Le second, fils de Carybas, naquit en Crète, et disputa à Jupiter la possession de cette île. Le troisième, né en Arcadie, se nommait Nomion (νόμος, loi), parce qu’il donna des lois à cette contrée. Le quatrième enfin, fils de Jupiter et de Latone, vint des régions hyperborées s’établir à Delphes. Apollon, fils de Vulcain, et le plus ancien de tous, est le même que l’Horus des Égyptiens ; il paraît même qu’il est le seul, et que son culte fut apporté en Grèce par Orphée, et qu’il se répandit à différentes époques dans diverses contrées, ce qui a donné lieu à distinguer plusieurs chez les dieux. On explique aussi par l’opposition qu’éprouva l’introduction de son culte à Delphes (anciennement Python) son combat avec le serpent de ce nom ; et son exil n’est sans doute que le temps pendant lequel il ne put vaincre cette opposition. On donne différentes étymologies du nom d’Apollon ; les uns le font dériver de privatif, et πόλλος pour πολυς, plusieurs, parce que le soleil est un astre unique ; les autres d’ἄπελλω, -λιζω, rassembler, parce qu’il présidait aux assemblées. V. Soleil. Ov., Met., I, f. 9 et 10 ; l. 4, 3. — Théb., 1, v. 760. — Tibul., 2, El. 3. — Paus., 2, c. 7 ; l. 5, c.7 ; l. 7, c. 20 ; l. 9, c. 30. — Plut., Am.En., 2, 3 ; Georg., 4, v. 323. — Hor., 1, Od. 10. Lucien, — Prop.Apollod.

1. Apollon, -llo, géog., temple d’Apollon sur le mont Leucas, dans l’île de Leucade, que l’on apercevait de fort loin en mer, et qui servait de guide aux navigateurs. En., 3, v. 275.

2. — (bois, bourg d’). V. Apollonis.