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Dictionnaire historique et critique/11e éd., 1820/Discours préliminaire

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DISCOURS PRÉLIMINAIRE
DE LA ONZIÈME ÉDITION
DU
DICTIONNAIRE DE BAYLE

Bayle, décrié par un certain nombre d’écrivains plus ou moins obscurs, a obtenu aussi quelques suffrages illustres. Le roi de Prusse disait que le Dictionnaire historique et critique « est le Bréviaire du bon sens, et que c’est la lecture la plus utile que les personnes de tout rang et de tout état puissent faire. »

Voltaire, qui lui a donné place dans son Catalogue des écrivains du siècle de Louis XIV, lui rend hommage dans plusieurs de ses écrits, soit en vers, soit en prose. Dans ses Lettres à S. A. monseigneur le prince de ** (Brunswick), il le proclame « le premier des dialecticiens et des philosophes sceptiques. » « Ses plus grands ennemis, ajoute-t-il, sont forcés d’avouer qu’il n’y a pas une seule ligne dans ses ouvrages qui soit un blasphème évident contre la religion chrétienne ; mais ses plus grands défenseurs avouent que, dans les articles de controverse, il n’y a pas une seule page qui ne conduise le lecteur au doute et souvent à l’incrédulité. »

Ailleurs Voltaire s’écrie :

Qu’a servi contre Bayle une infâme cabale ?
Par le fougueux Jurieu, Bayle persécuté
Sera des bons esprits à jamais respecté.

Le Dictionnaire historique et critique se compose de deux parties : le texte et les remarques. Ce sont ces remarques qui ont valu à l’auteur des éloges même de ses antagonistes.

« Les titres de son Dictionnaire, sont, dit Crousaz, un tissu alphabétique de crochets, où il suspend ce qu’il trouve à propos. »

Il avait, dans ses digressions ou remarques, l’art de rappeler, dit Jean Leclerc, ce qu’il voulait et qui valait souvent mieux ou qui était plus curieux ou plus singulier que la matière principale. »

Malgré le mérite reconnu du philosophe de Rotterdam, aucune couronne académique n’a cependant, jusqu’à présent, été décernée à un Eloge de Bayle. Mais, il faut le dire, lorsqu’en 1772, l’académie de Toulouse proposa pour sujet de prix de 1773 l’éloge de Bayle, une lettre de cachet fit défense de le traiter, et l’académie substitua au nom d’un proscrit pour cause de religion, le nom d’un canonisé, saint Exupère, évêque de Toulouse au IVe. siècle.

Les Toulousains n’avaient, au reste, pas attendu jusques-là pour honorer « un des plus grands hommes que la France ait produits. Le parlement de Toulouse, dit encore Voltaire[1], lui avait fait un honneur unique, en fesant valoir son testament qui devait être annulé comme celui d’un réfugié, selon la rigueur de la loi, et qu’il déclara valide comme le testament d’un homme qui avait éclairé le monde, et honoré sa patrie. L’arrêt fut rendu sur le rapport de M. de Seneaux, conseiller. » À ceux qui arguaient de la mort civile prononcée contre tous les réfugiés, Seneaux répliquait : C’est pendant le cours même de cette mort civile que son nom a obtenu le plus grand éclat dans toute l’Europe.

Bayle était mort le 28 septembre 1706. Un siècle après, il fut question de lui élever un monument. On ne recevait pas de souscription à moins de dix francs[2]. Le moment n’était pas favorable, et le projet n’eut pas de suite. Le gouvernement d’alors n’eut pas besoin d’arrêter un zèle qui n’existait pas ; Bayle, trop peu lu, ne pouvait exciter l’intérêt que d’un très-petit nombre de personnes.

Il paraît qu’Antoine Bret, connu par son édition de Molière, avait eu vers 1760 le projet de donner une nouvelle édition du Dictionnaire de Bayle[3] ; mais Bret est mort en 1792, sans avoir donné suite à ce projet.

Feu M. Desoer, qui en 1817 donna un grand élan à la librairie française par la publication de son prospectus des Œuvres de Voltaire, eut presqu’en même temps l’idée de réimprimer Bayle. Lorsqu’il m’en parla, je venais de m’engager à donner des soins à une édition des Œuvres de Voltaire[4] ; et nous ajournâmes le Bayle à trois ou quatre ans. Le prospectus n’en fut donc publié qu’en août 1820 ; et le premier volume parut en octobre de la même année.

C’était la onzième édition du Dictionnaire de Bayle. Mais, avant de parler des travaux que j’ai faits pour cette édition, j’ai à jeter un coup d’œil sur celles qui l’ont précédée.

Je n’ai toutefois fait entrer en ligne de compte, ni le Projet et fragments d’un Dictionnaire critique, Rotterdam, chez Reinier Leers, 1692, in-8o.[5], ni l’Extrait du dictionnaire historique et critique, 1767 ou 1780. 2 volumes in-8, avec un Avant-propos qu’on sait être du roi de Prusse.

1697. Première édition.

La première édition est celle de Rotterdam, 1697, deux volumes en quatre parties in-folio. Chaque volume a sa pagination. L’impression n’en était pas achevée que le libraire en avait vendu tous les exemplaires. Il augmenta le tirage des feuilles qui n’étaient pas encore imprimées, et réimprima tout ce qui précédait, c’est-à-dire, depuis la lettre A jusqu’à environ la lettre P[6]. Cette seconde composition, faite rapidement et sans que l’auteur en revît les épreuves, fourmille de fautes. Bayle la désavoua et signala quelques-unes des erreurs grossières qui la déparent[7]. Il n’est donc point indifférent pour ceux qui recherchent l’édition de 1697 d’examiner de quel tirage sont les feuilles des exemplaires. Mais comme on n’a ni de signe de reconnaissance pour chaque feuille, ni la certitude que l’assembleur ou brocheur n’ait pas mêlé les feuilles des deux tirages, on ne peut guère s’en rapporter à cette édition pour le 1er. volume et la 1re. partie du second. Cependant quelques personnes tiennent encore à cette première édition, que recommande en effet un journal qui s’imprimait en Hollande.

« Quelques simples curieux, plus satisfaits de quelques plaisanteries un peu vives que de quelque bonne et judicieuse remarque de littérature et de critique, la recherchent avec grand soin, parce que ces plaisanteries ne se trouvent plus dans les articles Diogène, Hipparchia, Laïs, Malherbe, Mariana et Le Païs des éditions suivantes. Voilà ce qu’on lit dans la Bigarrure, tome XIX, page 84.

Reste à savoir jusqu’à quel point ces remarques sont exactes ; c’est ce que je vais examiner.

1o. L’article Diogène ne m’a présenté aucune différence ; et il suffit de lire la remarque L, telle qu’on la voit dans toutes les éditions, pour se convaincre qu’on n’a fait dans cet article aucun retranchement.

2o. Sur l’article Hipparchia, il y a quelques observations à faire : 1o. dans la remarque A on lisait, en 1697 : inférer de ce qu’il dit ; depuis, l’auteur a mis : inférer de ses paroles. 2o. Dans la même remarque A on lisait, en 1697 : ce poëme a pour titre ; depuis, l’auteur a mis : ce poëme est intitulé. Jusqu’ici, je n’ai aperçu aucune plaisanterie un peu vive. 3o. Dans la remarque D on ne trouvait pas, en 1697, la phrase sur les Mosyniens. Les éditions postérieures sont donc augmentées et non diminuées. Cependant, dans cette même remarque D, après ce qui est dit de la pratique des Lydiens (voyez VIII, 144), on lisait les phrases que voici, et les citations indiquées par des lettrines qui s’y rapportent.

« Ces misérables destinaient une heure en plein jour à cette mollesse[a]. Je ne sais point si c’était à la cynique devant tout le monde, comme le prétend Orasius Tubero, c’est-à-dire La Mothe-le-Vayer dans la page 144 du Banquet sceptique. En ce cas-là, ils ont mérité une infâme distinction ; autrement, si on les eût distingués, on aurait donné à connaître que les anciens peuples n’étaient pas si généralement corrompus que l’ont été les siècles suivans, où toutes heures ont été bonnes pour cette brutalité, et où presque aucune nation n’a eu rien à reprocher aux autres. Toute chair a corrompu sa voie ; c’est le pis aller[b] continuel des jeunes gens. Les confesseurs en sauraient que dire ; voyez la 7°. satire de Juvénal[c]. Le ministre Pierre Cayet[d] fut déposé parce qu’on le crut auteur d’un livre où l’on exhortait les magistrats à tolérer les bordels, afin d’éviter le péché de mollesse qui régnait partout, et qui état, selon lui, le péché que Dieu défend dans le Décalogue ; au reste, etc. »[8].

  1. Érasme explique le proverbe Λυδὸς ἐ μεσημϐαίρ. Lydus in meridie in hominem insatiatæ aut etiam intempestivæ libidinis. Et il ajoute : Narrant Lydos adeò libidine perditos fuisse, ut non tantùm noctu vacarent voluptati venereæ, verùm etiam ipso meridie lascivirent, manibus fœdum opus peragentes. Chil.-2, centur. 6, n°. 94.
  2. L’âne ne pouvait pas se subvenir à soi-même, comme font beaucoup... de personnes, lesquelles dans ces fâcheuses contraintes ont recours aux armes naturelles,

    et quod restat in rebus egenis
    Sæpé manu liquido distendant nectare collas.

    Orasius Tubero, Dialog. sur les ânes, page 299.

  3. ..... Non est leve tot puerorum
    Observare manus oculosque in fine trementes.
    Juven. Sat. 7, v. 240.

  4. Voyez son article, remarque B.

3o. L’article Laïs contient, dans les dernières éditions, plusieurs additions, et entre autres trois remarques entières (D. M. O), qui ne sont pas dans 1697. Dans le texte, Bayle avait mis d’abord : quelque charmante qu’elle fût ; depuis il a corrigé, et on lit aujourd’hui : de quelque charme qu’elle fût pourvue. Bayle avait, en 1697, imprimé trois fois, dans cet article Laïs, un mot grossier que Pourceaugnac emploie quand il veut qualifier les mères des petits enfans qui le poursuivent en l’appelant papa ; un mot que Ver-vert apprit des bateliers de Loire, et qu’il répéta à la sœur Saint-Augustin, lorsque

Le très-cher frère, indocile et mutin,
Vous la rima très-richement en tain.


À ce mot Bayle a substitué non une périphrase, mais un synonyme.

Au reste, ce mot que Bayle a supprimé ici, il l’a conservé ailleurs dans l’article Cardan, IV, 439, (remarque B), et dans l’article Poitiers, XII, 198, (remarque Q). On peut voir ce que Bayle lui-même dit de ce mot dans son Éclaircissement sur les obscénités, tome XV, p. 346.

4o. Dans l’article Malherbe, remarque B, Bayle a remplacé une citation par une autre ; ce n’est pas un retranchement, mais une substitution. Pour ne rien laisser à regretter aux curieux, je rapporterai encore ici ce qu’on lisait dans la première édition.

« Il ne sentait que trop sa faiblesse et il s’en plaignait bien tristement, Du côté des bergeries, disait-il[a], en parlant de lui, son cas va le mieux du monde ; pour ce qui est des bergères, il ne saurait aller pis. Cette affaire veut une sorte de soin dont sa nonchalance n’est pas capable. S’il attaque une place, il y va d’une façon qui fait croire que s’il l’avait prise, il en serait bien empêché ; et s’il la prend, il la garde si peu qu’il faut croire qu’une femme a été bien surprise quand elle a rompu son jûne pour un si misérable morceau. Joignez à ce passage celui qui est rapporté dans la Suite de la[b] Critique générale, et considérez cette réplique : Malherbe dit un jour à M. de Bellegarde, etc. »

  1. Malherbe, lettre à Balzac.
  2. Nouvelles lettres de l’auteur de la Critique de Maimbourg, lettre 21, n°. 8, page 665. [Ce passage, auquel il renvoyait alors, est précisément celui qu’on lit à présent sous les numéros 8 et 9 dans la remarque B.]

5o. Quant à Mariana, j’ai aperçu beaucoup d’additions, pas la moindre suppression, et une seule correction. Dans une phrase de la remarque H, Bayle nomme Henri IV, le monarque qu’en 1697 il appelait Henri-le-Grand. Ce changement n’a peut-être été fait que pour éviter le contraste que cette expression pourrait avoir l’air de faire avec l’épithète de prince fort impudique que l’auteur donne au même monarque dans la remarque C, à l’occasion du P. Coton son confesseur. Il ne faut pas conclure de ce changement que Bayle ait refusé de rendre justice à Henri IV. Dans le long article qu’il lui a consacré, il n’hésite pas à le proclamer l’un des plus grands princes dont l’histoire des derniers siècles fasse mention.

6o. Enfin, l’article Le Païs avait en 1697, à la fin de la remarque D, une petite phrase et une citation de plus qu’il n’a dans les éditions subséquentes ; l’une et l’autre sont relatives aux Hollandaises. Serait-ce par égard pour les habitans du pays où il avait obtenu un asile que Bayle a supprimé la citation ? Cela peut être ; mais je croirais plutôt que c’est parce qu’il a trouvé lui-même ridicule la phrase qui amenait la citation. Pour que le lecteur puisse prononcer, les deux versions sont conservées tome XI, page 332. Si je n’ai pas pris le même parti pour les articles Laïs et Malherbe, c’est qu’il m’était impossible de disposer clairement ces deux morceaux à cause des notes qu’ils ont.

1702. Seconde édition.

La seconde édition, donnée à Amsterdam, est en trois volumes in-folio en une seule pagination. Quelques passages de la première avaient attiré à l’auteur des désagrémens dont Desmaizeaux parle avec détail dans sa Vie de Bayle. L’auteur promit de faire quelques suppressions. On a vu en quoi ces suppressions consistaient pour les articles Laïs, Malherbe et Le Païs. De plus importantes eurent lieu dans l’article David. De la manière dont j’ai imprimé cet article (tome V, pages 400 et 408), on aperçoit d’un coup d’œil quels étaient les passages qui avaient blessé le consistoire de Rotterdam.

Une autre suppression fut faite par Bayle sans qu’il y eût aucune plainte, et sur la seule représentation de quelques amis qui trouvèrent déplacé l’éloge que Bayle faisait de Ch. Drelincourt dans un préambule de l’article Achille. Bayle supprima ce préambule ; mais tout en le supprimant il y renvoie (Voyez XI, 11). De pareils oublis n’arrivent que trop souvent à ceux qui corrigent un ouvrage ; ils ôtent certaines choses en un lieu et laissent ailleurs la citation de ces mêmes choses, dit quelque part Bayle[9] lui-même. Mais ce qui est plus étonnant, c’est qu’aucun autre que l’éditeur allemand de 1802 n’ait songé à rectifier, ou tout au moins à signaler cette faute.

Dans l’édition de 1702, les additions dans le texte sont précédées d’un gland, signe typographique inusité aujourd’hui ; et les remarques, après leur lettre de renvoi, portaient un delta.

1715. Troisième édition.

Entre la première et la seconde éditions, il ne s’était écoulé que cinq ans. Bayle était mort en 1706, laissant des augmentations pour une nouvelle édition. En attendant qu’elle parût, des libraires de Genève en publièrent une qu’ils intitulèrent, Troisième édition à laquelle on a ajouté la vie de l’auteur et mis les additions et corrections à leur place. Cette édition de 1715 est en trois volumes in-folio, dont chacun a sa pagination. À la suite des préfaces des éditions de 1697 et 1702, on y a ajouté en treize pages une Histoire de M. Bayle et de ses ouvrages.

Deux articles ont été ajoutés dans le corps du Dictionnaire, Lefort, compatriote des éditeurs, et Villars. Ce dernier n’avait encore été réimprimé que dans l’édition de 1734. Je l’ai conservé dans l’édition in-8o. Quoique n’ayant pu trouver les motifs qui ont engagé les éditeurs de 1734 à ne pas comprendre l’article Lefort, dans leur réimpression, j’ai fait comme eux ; et peut-être ai-je eu tort. Du moins, je donnerai ici ce morceau avec ses notes qui seront désignées par des lettrines.

LEFORT (François)[a], général et amiral sous Pierre Alexiowitz, czar et grand-duc de Moscovie, était de Genève, d’une famille patricienne. Il naquit le 2 janvier 1656, et fit paraître dès son bas âge une si forte inclination pour les armes, qu’à quatorze ans il les porta en France, dans les Suisses. Peu de temps après, il passa en Hollande et se trouva[b] aux siéges de Grave et d’Oudenarde sous le prince de Courlande, qui perdit tout son régiment à ces deux siéges. Lefort, embarrassé de sa personne après cette déroute et la perte de son équipage, accepta, sans beaucoup hésiter, une lieutenance dans le régiment de Werstein, au service de sa majesté czarienne, et s’embarqua [c] pour Archangel, d’où il alla ensuite à Moscou. Comme il était bien fait de sa personne, qu’il avait la physionomie heureuse, qu’il était hardi et entreprenant, généreux et désintéressé, parlant d’ailleurs assez bien quatre ou cinq langues différentes, il ne fut pas long-temps dans cette capitale sans s’y faire connaître à plusieurs officiers et autres personnes de distinction. Il gagna en particulier l’affection de M. Horn, résident de Danemarck, et celle de divers princes et boyars. Peu après[d] il obtint une compagnie d’infanterie, et, songeant à se fixer en ce pays-là, il se maria en 1678, avec la fille du colonel Souhay. En 1683, il fut fait major, ensuite lieutenant colonel. Sa majesté czarienne reconnaissant en Lefort plusieurs belles qualités, et surtout un parfait attachement à son service, lui confia en 1685 le commandement des troupes et de l’artillerie pour une expédition [e] considérable. En 1696, il eut la conduite du siége d’Azoph[f] ; et dans cette occasion il donna des preuves si éclatantes de son habileté dans l’art militaire, que sa majesté czarienne dès lors l’estima beaucoup, le choisit pour son favori, lui remit la direction des affaires les plus importantes, et l’éleva enfin à un si haut faîte de grandeur et de gloire, qu’il lui donna le commandement général de toutes ses troupes, tant sur mer que sur terre, l’honora de la vice-royauté de Nowogorod, et le fit son premier ministre d’état, avec la qualité d’ambassadeur et plénipotentiaire dans toutes les cours étrangères[g]. Jamais fortune n’a été plus rapide que celle de ce général. Il a joui de tous ses titres et honneurs jusqu’à sa mort, qui arriva à Moscou le 12 de mars 1699. Le czar, pénétré de la perte de ce fidèle et zélé ministre, donna une preuve bien authentique de l’estime qu’il en faisait en ordonnant lui-même ses obsèques, et les honorant de sa présence. Elles se célébrèrent le 21 du même mois, avec tous les honneurs imaginables[h]. Henri Lefort son fils, capitaine de la première compagnie des gardes du czar, aurait sans doute marché glorieusement sur les traces de son père, si la mort ne l’eût enlevé fort jeune[i], peu après la prise de Nottbourg. Pierre Lefort, neveu du général, et fils d’Ami Lefort, qui possède les premières charges de la république de Genève, est actuellement [j] au service du czar, qui l’a fait brigadier de ses armées. Il a épousé en 1713 la fille du général Weide.

  1. Mémoire manuscrit communiqué au libraire à cette troisième édition [1715].
  2. En 1674 et 1675.
  3. Le 25 juillet 1675.
  4. Au commencement de 1677.
  5. Pour s’opposer aux irruptions que les Tartares faisaient dans le pays.
  6. Le siége commença le 2 juin et finit le 20 juillet de la même année, que la place se rendit après une défense des plus vigoureuses. Le czar Pierre Alexiowitz se trouva en personne à ce siége, et y donna des marques d’une intrépidité tout héroïque.
  7. Il y avait à la tête de cette célèbre ambassade de Moscovie, dans les principales cours de l’Europe, en 1697 et 1698, trois ambassadeurs. Le général Lefort était le premier ; Théodore Alexiowitz Golowin, commissaire général des guerres et vice-roi de Sibérie, allait après ; et le troisième était Procope Bogdonowitz Wotznicin, chancelier du conseil privé, vice-roi de Bolchou. Ils partirent de Moscou avec une suite de près de trois cents personnes au mois de mars 1697, et furent de retour à Moscou vers la mi-septembre 1698.
  8. On en voit une relation très-curieuse dans le Mercure historique du mois de mai 1699.
  9. Il mourut à Moscou après s’être trouvé au siége de Nottbourg, en 1703, âgé d’environ vingt ans.
  10. On écrit ceci en 1714.

Les éditeurs de Genève crurent sans doute que ces deux articles sur Lefort et sur Villars donneraient un grand prix à leur édition. Les augmentations qu’ils peuvent avoir faites dans le courant de l’ouvrage n’étant pas du chef de Bayle, j’ai dû les laisser de côté. Je n’en ai pas, au reste, aperçu beaucoup. Comme mon intention était de les passer entièrement sous silence, je n’en ai pas pris note ; je ne m’en rappelle même qu’une seule qu’on trouve à la fin de la remarque F de l’article Budé[10]. Après le mot excedere, on lit dans 1715 :

« Jean Sleidan, contemporain de Guillaume Budé, confirme comme il fut un des principaux restaurateurs des belles-lettres et le Mécénas de la France : et il nous dit en même temps l’année de sa mort, et sa modestie au sujet de ses funérailles : Au mois d’août, à Paris, l’an 1540, dit-il [a], mourut Guillaume Budé, maître des requêtes, homme de grande érudition, et digne d’être loué au temps à venir... Il fut cause que le roi François fit un acte singulier ; c’est qu’il ordonna honnêtes gages à Paris pour les professeurs des sciences et arts. On ne saurait croire les grosses rivières qui sont issues de cette fontaine, et se sont répandues tant par la France que par les autres pays. Budé voulut être inhumé sans pompe. »

Une note marginale apprend que cette addition vient d’un Mémoire manuscrit de M. de Lange, donné à cette 3e. édition.

  1. Les œuvres de Jean Sleidan, livre 13, pag. 204.

Dans la liste alphabétique des articles qui est à la suite de l’Histoire M. de Bayle en 1715, on a marqué d’une étoile ceux qui ont été ajoutés à cette nouvelle édition ; et les articles marqués d’une étoile sont très-nombreux ; c’est que l’on a conservé ce signe aux articles qui l’avaient dans la liste de l’édition de 1702. On l’a mise aux articles Lefort et Villars, les seuls qui avaient été ajoutés en 1715, et qui ainsi ne se trouvent en rien distingués des articles qui existaient depuis 1702. Je dois remarquer que l’édition de 1715 ne contient qu’une version de l’article David, mais du moins c’est la complète, la première, celle de 1697.

Les mêmes libraires de Genève publièrent plus tard un Supplément dont je ne parlerai qu’après l’édition de 1720.

1720. Quatrième édition.

Bayle avait légué les articles qu’il avait composés pour le Supplément de son dictionnaire, au libraire Leers, qui avait publié les deux premières éditions de ce livre. Leurs ayant vendu son fonds à MM. Fritsch et Bohm, ils publièrent, en 1714, un prospectus d’une nouvelle édition ; ce prospectus était intitulé : Projet de la nouvelle édition du dictionnaire historique et critique de M. Bayle[11]. À peine ce projet fut-il connu, que les éditeurs de Genève cherchèrent à discréditer l’entreprise[12]. Les libraires de Rotterdam confèrent à Prosper Marchand le soin de diriger leur nouvelle édition, qui, commencée en juillet 1714, ne fut achevée qu’en 1720. C’est de cette dernière année qu’elle porte la date ; elle est en quatre volumes, dont la pagination est continuée de 1 à 3132, non compris les titres, préliminaires et tables[13]. Les deux versions de l’article David sont à la suite l’une de l’autre.

On trouve à la fin du quatrième volume I, des Articles obmis pendant le cours de cette troisième édition ; II, des Articles communiqués à l’auteur, (ces articles sont au nombre de huit) ; III, des Remarques critiques sur quelques endroits de ce dictionnaire communiquées par diverses personnes.

Cette disposition n’est pas sans inconvénient. Pour s’assurer de l’existence d’un article et de ce qui le concerne, il faut consulter l’ouvrage en quatre endroits.

Les articles obmis se composent, en général, d’articles dans lesquels les citations ne sont pas remplies. Bayle, en composant ses articles, ne s’amusait pas à transcrire le texte des auteurs qu’il citait ; il se contentait d’en copier les premiers mots qu’il faisait suivre de points, et de cette phrase à l’imprimé jusqu’à (tel mot) inclusivement ( ou exclusivement ). Lors de l’impression, il fesait remplir les lacunes en communiquant les livres de sa bibliothéque, ou en fournissant copie des passages[14] ; mais la bibliothéque de Bayle n’existait plus lorsque Prosper Marchand s’occupa de la réimpression du Dictionnaire. Il eut beau faire, il ne put se procurer tous les ouvrages cités par Bayle. Dans l’espoir de les avoir avec le temps, il prit le parti de garder, pour la fin de l’ouvrage, les articles qu’il se trouvait hors d’état de compléter. Malgré ses soins, il ne parvint à se procurer qu’un très-petit nombre des volumes qui lui étaient nécessaires ; c’est ce qui explique pourquoi, dans l’édition de 1720, quelques-uns seulement des articles obmis sont sans lacune, et pourquoi tous les autres en ont.

C’est sur le texte des auteurs qu’il rapporte, que Bayle appuie ses raisonnemens, ses argumens. On sent toute l’importance du rétablissement des passages qu’il indique ; aussi les éditeurs de 1730 ont-ils fait, ainsi que ceux de 1740, quelques recherches pour remplir ces lacunes. Je n’ai pu, à mon grand regret, faire tout ce qu’ils m’avaient laissé à faire.

Il est à croire que quelques-unes des remarques critiques, ajoutées en 1720, sont de Prosper Marchand ; mais il est certain qu’une partie est de Leduchat. Dans une des remarques critiques imprimées en 1720, on proposait, à l’article Gournay (Voyez tome VII, page 186), on proposait de lire prière au lieu de briève. Mais dans le Ducatiana, parmi les nouvelles Remarques sur le Dictionnaire de Bayle (tome I, pages 145-217), on lit, page 212 : Au lieu de prière que j’avais substitué à briève, lisez brigue. L’expression n’est pas équivoque. D’après ce qu’on lit dans le Ducatiana, pages 211, 215 et 217, on peut encore regarder Leduchat comme l’auteur des Remarques critiques sur les articles Drusius, VI, 31, Louis XI (Voyez ma note, IX, 425), et Tirésias, XIV, 221. J’irai plus loin : comme Leduchat a beaucoup travaillé sur Rabelais, je lui attribue toutes celles des Remarques critiques où le curé de Meudon est cité ; et il l’est souvent.

L’édition de 1720 du Dictionnaire de Bayle fut dédiée au duc d’Orléans, régent. Le portrait de ce prince devait être mis en tête de la dédicace ; mais on imagina de graver sur le même cuivre, au bas du portrait, dix-neuf vers de Limiers. Les louanges n’étaient pas ménagées au prince tout-puissant ; on le louait surtout de ses opérations financières, etc. Il paraît que le tirage du portrait n’était qu’à peine commencé lorsque intervint l’édit du 21 mai 1720, portant réduction de la valeur des actions de la compagnie des Indes et des billets de banque. Les éloges donnés quelques jours auparavant au système de Law se trouvaient être devenus une ironie ; cela arrive quelquefois. Il fallut en faire le sacrifice : on rogna de la planche de cuivre la portion qui contenait les vers, et l’on reprit et continua le tirage. Les vers ne se trouvent ainsi que dans un très-petit nombre d’exemplaires ; et ce sont les exemplaires où ils se trouvent qui doivent être recherchés à cause de cette particularité.

Ces vers, que mes prédécesseurs avaient omis, me semblent appartenir à l’histoire littéraire, et je n’ai pas manqué de les reproduire[15].

Les libraires de Rotterdam se proposaient d’abord d’imprimer séparément les additions, afin que les possesseurs de l’édition de 1702 pussent ainsi compléter leurs exemplaires, c’était l’intention formelle de l’auteur[16] ; mais l’incident arrivé à Genève (c’est ainsi qu’il appelle l’édition faite en cette ville) décida Bohm à en user autrement ; il craignait, s’il eût donné un supplément, qu’on ne le réimprimât[17]. Malgré cette précaution, les libraires de Genève publièrent, en 1722, un Supplément au Dictionnaire historique de M. Bayle, pour les éditions de 1702 et de 1715, un volume in-folio. On voit, par l’intitulé même de ce supplément, qu’il ne s’adapte pas à l’édition de 1697 ; en l’y réunissant, on se trouve privé des additions faites en 1702. Les éditeurs de Genève prétendaient que ce que les éditeurs de Rotterdam annonçaient, en 1714 et 1716, pour des éditions de Bayle, n’était point de ce grand homme, et voici comme ils ont distribué leur supplément. I. Articles nouveaux ou communiqués ; II. Additions aux articles ; III. Remarques critiques. Disposition incommode, puisqu’elle met le lecteur dans la nécessité de consulter quatre alphabets. Enfin, à la tête du volume de 1722 est reproduite l’histoire de M. Bayle et de ses ouvrages (déja mise en tête du premier volume de 1715), revue, corrigée et augmentée sur de nouveaux mémoires, et formant ainsi quarante-sept pages in-folio.

1730. Cinquième édition.

Cette édition en quatre volumes in-folio, dont chacun a sa pagination, est intitulée quatrième, par la même raison qui avait fait appeler troisième celle de 1720[18]. On y a mis à leur ordre alphabétique les articles obmis, les articles communiqués, et même les remarques critiques. On ne s’est pas contenté de mettre en tête du premier volume une vie très-étendue de M. Bayle par Desmaizeaux, on a rempli une grande partie des lacunes qu’on avait laissées en 1720[19].

On a vu que les éditions de 1702 et 1720 n’avaient qu’une seule pagination pour tous leurs volumes. Le volume le plus gros de 1730 ne dépasse pas 916 pages ; et cependant dans la table, au mot Bodin, on renvoie à la page 1902 ; au mot Cotin on renvoie à la page 1771. On a oublié dans ces deux endroits de changer les chiffres, chose très-désagréable pour le lecteur, mais très-pardonnable dans un travail aussi fastidieux, et dont je ne parlerais pas si ces deux fautes ne se trouvaient dans l’édition de 1740, où elles sont inexcusables.

1734. Sixième édition.

Ce fut à Trévoux (alors principauté de Dombes) que se fit, pour le compte de libraires de Paris, une édition en cinq volumes in-folio. C’est une réimpression de 1730. Cette édition de 1734 est très-décriée : de ce qu’elle a été faite à Trévoux, où s’imprimait le Journal des Jésuites[20], on a conclu que les révérends pères y avaient mis la main, et qu’ils avaient mutilé l’ouvrage ; cependant je n’y ai aperçu aucun retranchement. L’article David y est double et sans aucune suppression ; c’est dans le corps de l’ouvrage qu’on a mis la première version ; l’inverse avait été fait en 1702 et 1730. Les éditeurs de 1734 ont admis dans leur édition l’article Villars ajouté en 1715[21].

Dans la table ils ont aperçu les deux fautes que j’ai signalées dans 1730, et ils ne les ont ni conservées ni corrigées ; ils ont (qu’on me pardonne l’expression ; je viens de parler des jésuites), ils ont escobardé, et se sont permis de mettre des chiffres au nombre de trois, mais à tout hasard, et qui se trouvent de faux renvois.

Du reste les éditeurs de 1734 n’ont rempli aucune des lacunes qui existaient avant eux.

C’est à tort toutefois, ce me semble, que leur édition est tombée dans le discrédit. Imprimée en plus gros caractères que les autres, elle fatigue moins la vue : c’est déjà quelque chose. Mais un avantage très-grand de cette édition ce sont les remarques critiques (de l’abbé L.-J. Leclerc) sur divers articles, placées à la fin de chaque volume. Ces remarques sentent trop souvent la robe que portait leur auteur ; mais elles ne sont point à dédaigner, et suffisent, selon moi, pour faire préférer cette édition de 1734 à toutes les autres du même format.

1738. Septième édition.

C’est à Bâle que parut cette édition en 4 volumes in-folio ; elle porte du moins le nom de cette ville et ne m’a fourni le sujet d’aucune remarque particulière.

1740. Huitième édition.

Cette édition faite à Rotterdam, en 4 volumes in-folio, est intitulée cinquième, parce qu’on n’a pas fait entrer en ligne de compte les éditions exécutées hors de la Hollande. Elle est très-vantée, et peut-être l’est-elle trop ; car ce n’est qu’une copie de l’édition de 1730, sur laquelle elle a été faite le plus souvent jour par jour et sans aucun travail préparatoire ; c’est du moins ce que semble indiquer la répétition des mêmes fautes : ainsi dans l’édition de 1730 on trouvait aux pages 914 et 915 des remarques critiques sur divers articles qu’on avait oublié de mettre à leur place ; ces omissions sont, dans 1740, réparées de la même manière et au même endroit. Les deux fautes de la table dont j’ai parlé[22] y existent et sont très-graves. Les éditeurs n’ont consulté ni l’édition de 1715, ni celle de 1734.

Mais en jugeant sévèrement le travail de ces éditeurs, je dois ajouter qu’ils ont rempli quelques-unes des lacunes laissées en 1720[23] ; je ne compte pas pour une faute la suppression totale qu’ils firent de la remarque F de la vie de Bayle par Desmaiseaux, ils donnaient pour raison que la pièce contenue en cette remarque était écrite en flamand ( V. tome XVI, p. 761). Je crois les justifier en transcrivant ici cette remarque.

[(F) Les états de Frise le nommèrent pour être professeur en philosophie dans l’académie de Franeker. ] Voici les termes de leur résolution.

Extract uit een register der resolutie van de Edele mogende heeren Gede put eerden staten van Friesland.

Dominus Baylius geeligeert tot professor philosophiæ tot Franeker op een tractement van seven honderd wyfrig Caroli Guldens buyten hondert wyfrig Caroli Guldens weyens immuniteyt. Resolutie 29 maart 1684.

Accordeert met hot voorrz register gemaakt en berustende onder my ondergeschreve.

C. de Hertoghe. »

Les éditeurs de 1740 n’auront peut-être supprimé cette remarque insignifiante, que parce qu’ils avaient à ajouter un peu plus loin une remarque qui porte le signe F (Voyez t. XVI, p. 83), trouvant dans cette suppression le moyen de faire l’addition sans changer les lettres des remarques suivantes.

1541. Neuvième édition.

Cette édition, qui porte l’adresse de Basle, est en 4 volumes in-folio. Elle est mal exécutée.

1801. Dixième édition.

Cette édition se publiait à Leipzig, chez P. Phil. Wolf, dans le format in-8o. ; il n’en a paru que huit parties, de 1801 à 1804. La huitième finit avec l’article Hoornbeck.

Les éditeurs ont fait un très-grand travail, ils ont relevé minutieusement les moindres variantes ; ils ont indiqué les additions successives ; ils ont eu (les premiers, je crois,) l’idée dont j’ai profité, et le soin de noter les faux renvois de Bayle, c’est-à-dire les articles auxquels il renvoyait, et qu’il n’a pas donnés. Cette dernière partie de leur travail était très-difficile, et laisse quelque chose à désirer ; ils ont ajouté de temps à autre quelques notes dont on peut contester la justesse ; ainsi dans leur tome IV, page 155, sur ce que Bayle avait dit septante mille, ils ont mis en note : Il faut soixante-dix. Il y avait dans les Œuvres diverses de Bayle[24], le premier chapitre et le commencement du second d’un Discours historique sur la vie de Gustave-Adolphe, roi de Suède. Les éditeurs de Leipsig ont imaginé de mettre dans leur édition, au mot Adolphe, ce fragment, qui ne vient que jusqu’en 1620. Il remplit plus de 50 pages et fait disparate avec les autres articles, non-seulement à cause de son étendue, mais à cause de sa forme ; il est dépourvu de remarques et de citations. Or on sait que, dans la remarque B de son article Carion, Bayle dit que ne pas citer les auteurs d’où l’on a tiré les choses est un défaut capital dans un ouvrage de cette nature et dans presque tous les livres.

Du reste, cette édition de Leipzig était mal exécutée ; le papier est très-vilain, l’impression n’est rien moins qu’élégante ; et, dans les volumes publiés, P. Phil. Wolf, ancien jésuite, qui paraît avoir été en même temps le libraire et l’éditeur, a laissé, même d’après son plan, quelque chose à faire. Ainsi il n’avait point signalé comme faux les renvois qui sont aux articles Aiguillon, Allatius, Amphiaraus, Antoine, Apelles, Bedell.

À l’article Ferri, remarque G, note 19, en renvoyant à l’article Ancillon, il a laissé « page 220 », indication qui est dans 1730, mais qui est fausse pour 1801.

À l’article P. V. Cayet la remarque critique est entièrement oubliée.

L’éditeur de Leipzig a fait aux articles Fernel et Henri IV des additions que je n’ai pu me décider à admettre, mais dont j’ai fait mention à leur place, tome VI, p. 429, et tome VIII, p. 55.

Je reconnais avec plaisir que je lui dois l’addition à l’article Abrabanel, tome I, page 83 ; et l’idée de celle à l’article Arnauld, tome II, page 398.

Dans l’Avertissement en tête du 1er. volume, Wolf promettait, après l’impression de tout l’ouvrage, un Discours préliminaire qui eût contenu les recherches et les réflexions des éditeurs. Je regrette beaucoup, pour mon compte, que cette édition n’ait pas été achevée ; il n’est pas à croire qu’après vingt ans d’interruption elle soit reprise[25].

1820. Onzième édition.

Le Dictionnaire historique et critique de Bayle avait eu, comme on a vu, neuf éditions en quarante-quatre ans (de 1697 à 1741). Entre la neuvième et la dixième il y a eu un intervalle de 60 ans ; mais cette dixième édition, n’ayant pas été finie, peut rigoureusement ne pas être comptée ; et dès lors c’est à une distance de près de 80 ans de la précédente qu’aura paru l’édition de 1820.

C’est la première édition faite en France, car en 1734, lorsqu’on imprima cet ouvrage à Trévoux, cette ville fesait partie de la principauté de Dombes, qui était une enclave[26]. Une chose digne de remarque, c’est que l’auteur ayant été, à cause même de son livre, honoré par un parlement[27], son ouvrage ait éprouvé si long-temps une espèce de proscription [28].

Le Dictionnaire historique et critique est formé de deux parties. « J’ai, dit Bayle, divisé ma composition en deux parties : l’une est purement historique, un narré succinct des faits ; l’autre est un grand commentaire, un mélange de preuves et de discussions, où je fais entrer la censure de plusieurs fautes, et quelquefois même une tirade de réflexions philosophiques ; en un mot assez de variété pour pouvoir croire que, par un endroit ou par un autre, chaque espèce de lecteurs trouvera ce qui l’accommode. »

Cette division indique la manière dont Bayle doit être lu pour l’être avec fruit ; il faut d’abord lire tout le texte d’un article, puis après l’avoir achevé passer aux remarques qui le concernent.

D’après les divisions ou distinctions établies par l’auteur lui-même, il était donc naturel d’imprimer d’abord tout le texte d’un article, puis toutes ses remarques, en mettant toutefois au bas des pages de l’un ou des autres les notes qui s’y rapportent. C’est ce qui a été fait.

Par ce que j’ai dit des dix premières éditions, on a pu juger que je les avais examinées avec quelque attention. C’était le seul moyen d’éviter leurs fautes et de profiter de leurs améliorations. J’ai signalé les unes et les autres. En relevant les fautes, j’ai voulu prouver les peines que j’ai prises, et non faire des reproches à mes devanciers[29]. Si j’étais sans indulgence pour eux, on aurait raison de me refuser celle dont j’ai besoin.

À l’occasion des premières éditions, j’ai déjà dit quelques mots de mon travail ; j’ai encore beaucoup de choses à en dire.

I. Les éditions de 1720, 1730, 1734, etc., contiennent en tête du 1er. volume la Dédicace au duc d’Orléans. J’ai déplacé cette pièce. Bayle ayant refusé de dédier son Dictionnaire [30], on devait être choqué de voir une dédicace à l’ouvrage. C’est seulement l’édition de 1720 qui a été dédiée au duc d’Orléans, régent. Dès lors cette dédicace, ouvrage de Lamotte, qui la rédigea pour le libraire Bohm, ne devait être placée qu’à son ordre chronologique parmi les préliminaires.

Ces préliminaires très-amples, puisqu’ils comprennent non-seulement les préfaces des éditions précédentes, mais encore la vie de Bayle par Desmaizeaux, ont été rejetés dans le XVIe. volume où ils occupent trois cents pages. Leur admission ou conservation dans le premier volume aurait retardé l’entreprise, et aurait dérangé la coupure des volumes qui est telle que trois volumes entiers (les IX, X et XIII) sont composés chacun d’une seule lettre.

II. Les quatre volumes de l’édition donnée par Prosper Marchand, quoique l’édition eût été commencée en 1714, sont datés de 1720, année où l’impression fut achevée. L’inverse a été fait pour l’édition centénaire ; tous les volumes portent la date de 1820. Cette uniformité peut être critiquée. À la page 392 du tome XI (daté de 1820), il est fait mention de l’édition projetée en 1821, et abandonnée depuis, des Œuvres chirurgicales d’Ambroise Paré. Dans le tome XII (publié avec la date de 1820) j’ai cité la Dissertation de M. Beffara, qui est de 1821. Je conviens que ce sont là des inconvéniens, mais ils ne m’ont pas paru très-grands ; et, en définitive, il a mieux valu, ce me semble, sacrifier la régularité à l’uniformité, que l’uniformité à la régularité[31]. C’était, au reste, quelquefois l’usage de M. Desoer, qui a daté de 1817 ses douze volumes des Œuvres de Voltaire, quoique les derniers n’aient été imprimés qu’en 1818.

III. J’ai rempli quelques-unes des lacunes qui existaient encore dans l’édition de 1740[32] ; mais, malgré toutes mes recherches, il est trois articles où il m’a fallu laisser à faire à mes successeurs[33].

IV. Les doctrines de Bayle ont été souvent et très-longuement attaquées. Comme il entrait dans mon plan de ne donner que des éclaircissemens ou rectifications historiques ou littéraires, et non une réfutation, j’ai écarté toutes les critiques qui ne portaient que sur les doctrines. J’avais à présenter le résumé des observations contenues dans les écrits de Chaufepié, Guib, Joly, Lamonnoye, J. Leclerc, L. J. Leclerc, Leduchat, dans la Bibliothéque française, etc.

La BIBLIOTHÉQUE FRANÇAISE, dont il s’agit ici, n’est point l’ouvrage de l’abbé Goujet, Paris, 1740-1756, dix-huit volumes in-12 ; mais le journal publié à Amsterdam sous le titre de Bibliothèque française, ou histoire littéraire de France, 1724-1746, quarante-deux volumes in-12. Un anonyme fit imprimer dans le tome XXIX, page 185-202, et dans le tome XXX, pages 1-25, des Observations critiques sur le Dictionnaire historique et critique de M. Bayle.

Un partisan du philosophe de Rotterdam prit sa défense par un article inséré dans le tome XXXIII, pages 327-351. Une réponse de l’auteur des Observations est insérée au tome XXXVIII, pages 195-214, sous le titre de Lettre de Monsieur **. J’avais cru pendant un temps que l’auteur des Observations était l’abbé Joly, de qui je reparlerai bientôt. Je fondais ma conjecture sur la ressemblance que je trouvais entre des phrases de ces Observations et quelques-unes des Remarques de l’abbé Joly. Je présumais[34] que l’auteur seul d’un article pouvait le copier sans le citer ; j’étais dans l’erreur. Joly ne fait pas tant de façons ; au moyen d’une mention faite dans sa Préface, il s’est cru permis de passer sous silence, le plus souvent, les auteurs véritables des observations qu’il reproduit dans ses deux volumes. Or comme son livre n’est guère lu de suite, mais seulement consulté, il est d’autant plus naturel de faire honneur à Joly de tout ce qu’il n’indique pas comme étant d’autrui, que quelquefois il lui arrive de citer la Bibliothéque française et les autres critiques ses devanciers.

CHAUFEPIÉ. Cet auteur est surtout connu par son Nouveau Dictionnaire historique et critique pour servir de supplément ou de continuation au Dictionnaire historique de 'P. Bayle, 1750-56, quatre volumes in-folio. C’est une traduction (avec corrections et additions) d’articles ajoutés par les traducteurs anglais du Dictionnaire de Bayle. Sur près de quatorze cents articles que contient l’ouvrage de Chaufepié, cinq cents environ sont entièrement de lui. Chaufepié, ministre et prédicateur calviniste, respecte les caractères dont il est revêtu, chose très-louable sans contredit ; mais n’ayant pas l’indépendance de Bayle, son style n’en a pas le piquant. La seule édition qui ait été faite du Dictionnaire de Chaufepié n’est pas encore épuisée. Ce serait une témérité que de le réimprimer. C’eût été une grande maladresse que de refondre son ouvrage dans celui de Bayle. Rédigés dans la même forme, les deux livres diffèrent tout-à-fait dans le fonds, et très-souvent sont complétement disparates.

GUIB (Jean-Frédéric), docteur en droit à Orange, au commencement du XVIIIe. siècle, a fait insérer dans les Nouvelles littéraires du 29 mai 1717, tome V, pages 348-351, des Remarques critiques sur quelques endroits du Dictionnaire de Bayle (elles portent sur les articles, Ant. Arnauld, Auberi, Bion, Espagne, Mariana). C’est sur d’autres articles (Apollinaris, Mestrezat, Le Païs et Thorius) que portent les remarques du même Guib, imprimées dans le Mercure de novembre 1722, tome II, pages 23-29. Joly n’a probablement pas eu connaissance de cet auteur ; car il ne l’a ni cité, ni dépouillé.

JOLY (Philippe-Louis), chanoine à Dijon, et dont il a déjà été question, fit imprimer, en 1748, des Remarques critiques sur le Dictionnaire de Bayle, en deux parties formant un volume in-folio. En tête de l’ouvrage il y a quelques pages consacrées à des corrections et additions. Joly n’a guère fait que copier ses devanciers, et il ne l’a pas toujours dit. Il a fallu un travail comme celui dont je me suis chargé, pour faire cette découverte. J’ai noté sur mon exemplaire de Joly tout ce qui est pris à Leclerc, Leduchat et autres, et les marges sont toutes noires. Je n’hésite pas à regarder Joly comme l’un des plus grands et des plus effrontés plagiaires. Ce qui m’autorise à le traiter si sévèrement, c’est le soin qu’il a eu tantôt de transposer des phrases de ses devanciers, tantôt de les retourner ou d’y faire tel autre changement pour dénaturer le travail d’autrui. Ainsi dans l’article Fl. de Remond, Leclerc disait : il y a mille endroits, etc. ; Joly a mis (tome II, page 675) : il y a deux cents endroits, etc. Leclerc, dans une remarque sur Nestorius, ayant écrit : comme personne n’en doute, Joly a mis : comme aucun chrétien n’en doute. Sur la remarque H de l’article Politien, Leclerc s’exprime ainsi : J’ai sous les yeux les Lettres de Politien avec les commentaires de Sylvius et de Badius, imprimées in-4°. par le même Badius, en 1520. Joly se contente de dire : Badius imprima l’an 1520, in-4°., les Lettres de Politien avec ses commentaires et ceux de Sylvius.

On ne doit donc pas être étonné de voir Joly cité rarement ; j’ai presque toujours indiqué l’auteur primitif de la critique. Si j’ai un reproche à me faire, c’est peut-être d’avoir, par ignorance ou inadvertance, laissé le nom de Joly à quelques notes qui ne sont pas de lui.

JOURNAL DE TRÉVOUX. On désigne ordinairement sous ce titre les Mémoires pour servir à l’histoire des sciences et des beaux-arts, rédigés par des jésuites, et imprimés d’abord à Trévoux, puis continués à Paris. Ils contiennent quelques articles sur Bayle, et entre autres ceux du P. Merlin, en décembre 1735, juillet 1736, avril, mai, août et novembre 1738.

JUGEMENS SUR QUELQUES OUVRAGES NOUVEAUX, par l’abbé Desfontaines, de Mirault, Fréron et autres. Cet ouvrage a onze volumes qui ont paru en 1745 et 1746.

LAMONNOIE. Les remarques de cet auteur sur Bayle se trouvent dans trois ouvrages : 1°. le Menagiana, 1715, 4 volumes in-12, et ses réimpressions ; 2° les Jugemens des Savans, par Baillet, édition de 1722, 8 volumes in-4o., ou 1725, dix-sept parties in-12 ; 3°. la réimpression donnée en 1772, par Rigoley de Juvigny, des Bibliothéques françaises de Lacroix du Maine et Duverdier. J’ai indiqué chaque fois dans lequel de ces trois ouvrages se trouvent les observations de Lamonnoie que j’ai citées.

LECLERC (Laurent-Josse) n’est pas l’auteur de la Bibliothéque universelle, de la Bibliothéque choisie, de la Bibliothéque ancienne et moderne. Ce dernier s’appelait Jean ; il était contemporain de Bayle, à qui il a survécu, et l’a plusieurs fois attaqué dans ses Bibliothéques. Jean Leclerc est cité quelquefois ; mais l’attention que j’ai eue de faire toujours précéder son nom de l’initiative de son prénom préviendra toute confusion.

Laurent-Josse Leclerc, que le plus souvent je n’ai appelé que Leclerc, donna en 1732 une Lettre critique sur le Dictionnaire de Bayle, un volume in-12. Ses observations sont lourdes, diffuses, présentées sans aucun ordre, et ne portent que sur un très-petit nombre d’articles ; mais il a, depuis, revu, corrigé, augmenté son travail ; il a rangé ses notes par ordre alphabétique, et elles ont ainsi été réimprimées, comme je l’ai dit, à la suite de chacun des cinq volumes de l’édition faite en 1734, à Trévoux (sous le titre d’Amsterdam), du Dictionnaire de Bayle. L’auteur s’y montre ultramontain, ce qui ne fait pas grand’chose ici ; la nouvelle forme qu’il a donnée à ses notes en a fait un ouvrage curieux et instructif. Aussi est-ce Leclerc qui a fourni au plagiaire Joly la plus grande partie de ses Remarques.

L. J. Leclerc renvoie quelquefois à la Bibliothèque de Richelet. Cette Bibliothéque, etc., ou liste des auteurs cités dans le Dictionnaire de la langue française de Richelet, se trouve dans le premier volume de l’édition de ce livre faite à Lyon en 1727, en trois volumes in-folio[35].

LEDUCHAT. Ses Remarques sur le Dictionnaire de Bayle sont aux pages 145-217 du tome 1er. du Ducatiana, 1738, 2 volumes in-12. Leduchat est, comme je l’ai fait voir[36], l’auteur d’une partie des Remarques critiques ajoutées en 1720.

MARCHAND (Prosper), qui n’a consigné qu’un très-petit nombre de critiques de Bayle dans son Dictionnaire historique, qui fut publié en 1758, par Allamand, deux parties in-folio, formant un volume assez mince, aura probablement fourni quelques-unes des Remarques critiques de 1720 ; mais rien ne m’a indiqué celles qui peuvent lui appartenir.

REM. CRIT. Les notes à la fin desquelles on trouvera ces abréviations sont celles qui furent ajoutées dans l’édition de 1720.

V. Comme dans les dernières éditions, les lettrines ont été employées pour les notes du texte, les chiffres arabes pour les notes des remarques. Les notes qui, dans les éditions antérieures, avaient des étoiles, des croix ou autres signes aujourd’hui inusités, ont des étoiles entre parenthèses, avec des chiffres supérieurs lorsqu’il y en a plusieurs dans la même colonne.

C’est par des étoiles sans parenthèses et avec des chiffres supérieurs, au besoin, que j’ai indiqué les notes nouvelles. Lorsque les notes ajoutées portent elles-mêmes sur des notes, elles sont tout simplement ajoutées au milieu ou à la suite, mais entre deux crochets.

Mes notes ne sont guère que le dépouillement des critiques dont j’ai fait l’énumération. Je me suis borné le plus souvent à de courtes indications.

Quelquefois j’ai trouvé les critiques amers de Bayle en défaut. C’était une bonne fortune dont je n’ai pas manqué de profiter.

Tout pénétré que j’étais de l’obligation de faire mes notes très-courtes, j’ai cédé à la tentation d’en étendre quelques-unes ; je signalerai seulement celles des articles François Ier., Launoi, Longus, Louis XII, Menage, Poquelin (Molière), et les deux du tome XV, page 439 et 446. J’avoue n’avoir mis ces deux dernières que comme remplissage, et pour que la dernière page du volume ne fût pas blanche.

Dans ma note ajoutée à l’article François Ier. (tome VI, p. 561) j’ai rapporté de ce monarque une lettre citée par M. Dulaure[37] d’après la Chronique manuscrite de Nicaise Ladam et les registres manuscrits du Parlement.

Cette lettre est une des deux que donne M. Delort dans Mes voyages aux environs de Paris[38]. Son texte, un peu différent de celui qu’on lit dans l’ouvrage de M. Dulaure, mérite d’être rapporté ; le voici :

« Pour vous faire asscavoir Madame come se porte la reste de mon infortune de toutes choses non mest demuré que lhonn et la vie qui est sayne et pour ce que an vostre adversité ceste novelle vous sera quelqs peu de reconfort, ay prie que lon me leyssast vous escripre ceste letre ce que lon ma aisement acorde vous supliant ne vouloir prendre lestremite de vous mesmes, en usant de vostre acostumée prudance. Car je ay espérance que a la fin Dieu no me abadonera point, vous recomandant vostres petits enfans et les miens. An vous supliant feres donner leur passage pour aller et revenir an Espagne au presant porteur, car il va devers lanpereur pour scavoir comad il voudra que je sois traitté. Et sur ce me voys recomder humblement à vostre bone grace.

» Vostre tres humble et tres
» obeisant fylz
Francois. »

D’après le texte de cette lettre, j’ai rangé dans les mots bien trouvés, mais qui ne sont pas vrais, le fameux Tout est perdu fors l’honneur, qu’on attribue à ce pudibond monarque. Un critique[39] croit qu’à moins d’être un docteur bien subtil tout homme de bonne foi ne trouvera aucune différence essentielle entre la phrase devenue proverbiale et les expressions de la lettre. Le critique pense que, pour le sens et le noble sentiment qu’ils expriment, les mots des deux versions présentent à l’esprit la même chose. Cela peut être tout au plus pour le sens, mais non pour le sentiment, ou pour le caractère.

VI. Ce n’est pas seulement le préambule de l’article Achille que j’ai rétabli[40] ; j’ai rétabli aussi le commencement d’une remarque de l’article Spinosa (tome XIII, page 432).

Les nombreux lecteurs de Voltaire auront sans doute remarqué le passage de sa lettre à Cideville (en tête du Temple du goût), où il fait dire à un M. de*** « qu’en cherchant (dans Bayle) l’article César, il n’avait rencontré que celui de Césarius, professeur à Cologne. » La manière dont Bayle a écrit ces deux noms les lui a fait placer à quelque distance l’un de l’autre ; c’est ce que n’a pas aperçu Voltaire. Cæsarius est le premier article de la lettre C ; César est le soixante-douzième ; et le Napoléon romain a un article assez étendu, puisqu’il remplit 82 pages in-8o. La remarque de Voltaire m’a donné l’idée de mettre avant l’article Cæsarius, un renvoi ainsi conçu : Cæsar, voyez César. J’ai aussi, dans le tome XV, ajouté le renvoi : Zéa voyez Zia.

Plus scrupuleux que le président Chasseneux, Bayle n’avait, dans la remarque B de son article Hélène, cité que les sept premiers vers sur les trente beautés d’une femme. Je sais très-bien que le lecteur français veut étre respecté ; mais comme les vers sont en latin, je n’ai vu nul inconvénient à allonger la citation que faisait Bayle ; et je ne me suis pas permis cela deux fois.

VII. C’est à regret que j’ai laissé employer, dans les imparfaits et autres mots, les a au lieu des o ; non que je blâme l’orthographe aujourd’hui généralement reçue, grâce à Voltaire ; mais parce que Bayle loue avec raison[41] et conséquemment recommande l’exactitude à suivre ponctuellement toute l’orthographe des auteurs qu’on reproduit.

La composition du premier volume était très-avancée quand on m’apporta les premières épreuves. Afin d’éviter les embarras, les frais, les retards, il me fallut consentir à ce qui était fait.

Pour une justification qui n’est pas la mienne, j’ajouterai qu’en fait d’orthographe les plus rigoristes ne se conforment pas toujours, pour les auteurs du XVIIe. siècle, à celle qu’ils devraient suivre d’après leur principe. Ainsi dans les éditions de Corneille et Racine, on n’imprime plus moy, loy, roy, luy, icy, etc., tels qu’ils ont écrit et imprimé, mais moi, loi, roi, lui, ici, etc.

J’ai du reste respecté ce que Bayle appelle l’orthographe d’érudition[42].

VIII. L’impression du premier volume faite (aux a près) aussi fidèlement que possible sur l’édition de 1740, a donné lieu à quelques observations. Des savans se sont plaints de l’incorrection des passages grecs cités par Bayle. Pour être à l’avenir à l’abri de semblables reproches, je ne pouvais guère mieux m’adresser qu’au moderne traducteur d’Homère [43]. Le plus âgé de nous deux n’a pas dix lustres, et notre amitié date de huit. C’est par pure amitié que M. Dugas-Monthel a non-seulement vérifié les citations, mais encore suppléé aux indications des citations qui étaient anonymes ou vagues. C’est de lui que sont entièrement les notes nouvelles qu’on lit aux pages 279, 327, 335 du tome II, et autres de la même famille qui sont répandues dans les volumes suivans.

Malheureusement cet ami ne reste pas toujours à Paris. Pendant son absence on l’a remplacé comme on a pu. Dans les cas difficiles, j’ai eu recours au membre de l’Institut que la France peut opposer à ce que l’Allemagne et l’Angleterre possèdent de plus profond dans la littérature grecque. Mais la crainte d’être indiscret m’a empêché d’employer habituellement les lumières de M. Boissonade, comme celles de mon ami Dugas. Si c’est à eux que l’on est redevable de la correction des citations grecques, quand on en rencontrera de fautives, on doit hardiment conclure qu’elles n’ont point passé sous leurs yeux. X. M. Desoer revoyait lui-même les épreuves avec beaucoup de soin. Il vérifiait les renvois et a corrigé plus d’une erreur. Ce libraire, qu’on a surnommé l’Elzevier français, quoiqu’il ne fût pas imprimeur, s’était chargé spécialement de la table de l’édition. M. Desoer est mort le 16 avril 1823 à la fleur de son âge[44] ? et c’est une perte pour la librairie française. Il est impossible de pousser plus loin que lui l’amour de son état. Aussi les amateurs ont-ils bien accueilli plusieurs de ses éditions. Son travail sur la table était à peine commencé quand il se sentit frappé de la maladie qui l’a enlevé. Peu de temps avant sa mort il prit le parti de la confier à un homme de lettres qui, après en avoir fait le quart, y a renoncé. C’est à partir de la lettre D inclusivement, que M. Champagnac a pris une tâche dont il s’est très-bien acquitté. Mais par la mort de M. Desoer et par cela même que le travail n’était pas de la même main, c’est sur moi qu’est retombé le fardeau de revoir le tout et de faire les additions.

La liste alphabétique des articles, imprimée séparément dans les éditions précédentes, a été refondue dans la table des matières. Les mots qui sont le sujet d’articles dans le Dictionnaire sont imprimés en petites capitales. L’astérisque indique ceux qui contiennent des notes nouvelles.

Il ne faut pas croire que le travail de la table se soit borné à changer les chiffres indicatifs des volumes et des pages, et à faire quelques additions. Très-souvent les renvois étaient faux et ce n’est pas sans peine qu’on les a redressés. Les plus difficiles étaient mon lot. Aux deux exemples que j’ai cités[45], je puis en ajouter un. Dans les éditions de 1730, 1738 et 1740, on lisait dans la table : « Saurin (Élie). Il est mort le jour de Pâques, 8 d’avril. I. 703. » Ce qui renvoie au tome Ier., page 703. Les éditeurs de 1734, ici encore ont escobardé ; ils ont supprimé les mots Il est mort etc. Je croyais faire mieux qu’eux en mettant, de mon chef, (au lieu de I. 703) 1703, année de la mort de Saurin. Je ne fesais que rétablir le texte de 1720, où la phrase dont il s’agit se trouve pour la première fois.

Deux phrases cependant ont résisté à toutes mes recherches, dans les articles Ouvrages et Pandectes. Au lieu de les supprimer, j’ai préféré laisser en blanc un peu d’espace que rempliront les lecteurs qui trouveront ces articles.

Au mot Bibliothéque universelle, l’auteur de la table, après avoir indiqué un seul endroit du Dictionnaire, où le journal de J. Leclerc est cité, avait ajouté et passim alibi. J’ai supprimé ces trois mots latins qui ne servent à rien puisqu’ils ne donnent aucune indication. Mais, repentant de cette suppression, j’ai laissé ces mêmes mots dans les autres endroits où je les ai trouvés.

XI. Mon intention était d’avoir des collaborateurs : je croyais ne pouvoir soutenir seul le fardeau. C’est donc uniquement par méfiance de moi-même, et non pas pour tromper les souscripteurs, que j’ai, dans le prospectus, parlé d’une société de gens de lettres. J’avais besoin de donner cette explication.

XII. Un ouvrage d’aussi longue haleine ne pouvait s’imprimer sans faute.

..............Optimus ille est
Qui minimis urgetur.

Quelques personnes croient bien agir en taisant les leurs ; mais un éditeur de Bayle doit se rappeler les éloges que son auteur donne à la bonne foi de Sébastien Gryphius pour ses errata. Cet habile imprimeur les mettait à la plus belle place où on ne manque jamais de jeter les yeux. C’est donc immédiatement après mon Discours préliminaire que je dois placer l’errata dans lequel je comprends toutes les fautes que j’ai aperçues jusqu’à ce jour, sans prétendre avoir relevé toutes celles qui existent.

À Paris, ce Ier. mai 1824, anniversaire du jour où, en 1682, Bayle commença sa Critique générale de l’Histoire du calvinisme
BEUCHOT.

  1. Notes du troisième Discours sur l’homme.
  2. Voyez Journal de Paris du 19 février 1806.
  3. Lettre de Voltaire à Bret du 10 octobre 1761.
  4. Je n’ai point fini cette édition entreprise par madame Perroneau et compagnie ; les premiers volumes avaient été très-bien accueillis, et l’on augurait si bien de cette édition, que M. Brunet la recommande dans la troisième édition de son Manuel du libraire, tom. III, pag. 576. Je n’avais encore publié que vingt-neuf volumes sur cinquante qu’elle devait avoir, et je n’en ai en tout donné que trente et un (savoir les tomes I à XXIII, et XXV à XXXII). Les entrepreneurs ayant, sans raison plausible, rompu notre traité, et chargé un autre homme de lettres de finir l’édition, furent condamnés à me payer des dommages-intérêts. Je ne puis dire si le continuateur choisi par madame Perroneau a fait mieux ou pire que je n’aurais fait : mais je puis assurer que j’aurais fait autrement que lui. Je n’aurais pas supprimé le conte du Crocheteur borgne qui est dans l’édition de Kehl ; j’aurais rétabli plus de vingt pages dans le volume des Élémens de la philosophie de Newton ; je n’aurais pas oublié de donner dans les derniers volumes les pièces promises par des notes des premiers, etc., etc. J’aurais eu l’attention de mettre les différens morceaux dans les volumes où j’avais promis de les donner. Sans doute j’aurais commis quelques fautes ; mais il m’eût été impossible, je le reconnais, d’y être aussi plaisant que mon continuateur, qui, page 97 de son 40e. volume, cite des vers de Voltaire (mort comme chacun sait en 1778) sur la mort de mademoiselle Clairon, qui n’est morte que vingt-cinq ans après le poëte. Je ne sais si j’aurais mérité les éloges, en partie anticipés, que fait de mon travail le Manuel du libraire ; mais ces éloges mêmes me fesaient un devoir de donner l’explication qu’on vient de lire.
  5. Voyez ce qui est dit de ce Projet dans la Vie de Bayle par Desmaizeaux, que j’ai placée dans le tome XVI.
  6. Œuvres diverses de P. Bayle, IV. 752. On y lit : « avertissement au lecteur. Puisqu’il me reste un peu de papier, je me sers de cette occasion pour avertir le public que les feuilles de mon Dictionnaire, depuis la lettre A jusques environ la lettre P, ayant été réimprimées, sans que j’en aie vu les épreuves, il y est demeuré beaucoup de fautes dont quelques-unes me font dire des absurdités. Par exemple, à la page 846 du Ier, volume, ligne 10 de la remarque C, on a mis Charles VII, au lieu de Charles VI, ce qui rend la suite un galimatias ridicule. À la page 135 du IIe. volume, ligne 1re. de la première colonne, on a mis curieux au lieu de sérieux. Cela renverse le raisonnement et me jette dans la fausseté ; car il s’agit là d’un livre qui n’a rien que de commun. Cette faute, et plusieurs autres, ne se trouvent qu’aux exemplaires réimprimés. »

    Les deux fautes signalées dans cet avertissement ont été corrigées dans les éditions de 1702, etc. Voyez dans l’édition in-8o., tome V, pag. 123, colonne 2, ligne 9 ; et tome VIII, page 278, ligne 27 de la remarque G.

  7. Voyez tome XVI, pages 20 et 191.
  8. Bayle, non-seulement n’a pas distingué pour l’ordre alphabétique de ses articles, les V des U, il a considéré l’Y comme un I, et les articles appartenans aux lettres I, J, Y, sont rangés comme s’ils s’écrivaient par un I. Ainsi l’article Yse se trouve au tome VIII, page 421, et précède Islebiens ; Ayrault vient avant Aitzema ; Amyot, Amyrault, Amyrutzes, Cayet, etc., sont placés comme s’ils étaient écrits Amiot, Amirault, Amirutze, Caiet. Bayle lui-même avertit brièvement les lecteurs de cette disposition. Voyez à la fin de son Avertissement de la première édition, tome XVI, page 17.
  9. Remarque A de l’article Taboué, XIV, 2.
  10. La remarque F, dans les éditions de 1697, 1702, 1715, est devenue la remarque H par les additions posthumes, en 1720, de ce qui forme aujourd’hui les remarques B et F.
  11. Ce Projet était in-folio. Je n’ai pu m’en procurer un exemplaire. Il est à regretter que les amateurs de livres ne conservent pas en tête de leurs livres les prospectus. Au reste, les regrets ici doivent se réduire à bien peu de chose. Le Projet de la nouvelle édition, etc., a été réimprimé avec quelques additions dans le Journal littéraire, juillet et août 1714, tom. IV, seconde partie, page 364-386.
  12. Voyez l’Histoire critique de la République des lettres, VI, 251. Ce morceau est daté du 20 avril 1714. Un article très-étendu, sous le titre de, Avis important au public sur l’édition fausse et tronquée du Dictionnaire de M. Bayle, qui se fait à Rotterdam, fut imprimé, pag. 225-256 du tom. X de l’Histoire critique de la République des lettres. (Il a été reproduit dans l’Histoire de M. Bayle et de ses ouvrages, pages 536-576, où il est intitulé : Factum des amis de M. Bayle, ou Avis important, etc.) Prosper Marchand y répondit par la Défense de la nouvelle édition du Dictionnaire de M. Bayle, qui se fait à Rotterdam. Cette Défense est imprimée dans le Journal littéraire, tome VIII, pages 90-115. La réimpression, qui parut peu après, de l’Histoire de M. Bayle et de ses ouvrages, par M. de la Monnoie (lisez par l’abbé du Revest), décida P. Marchand à écrire une nouvelle Lettre aux auteurs de ce journal, suivie d’une Déclaration authentique touchant les manuscrits laissés par feu M. Bayle. Le Livre et la Déclaration sont dans le Journal littéraire tome VIII, pages 134-153. Jean Leclerc, à propos de cette Déclaration authentique, dit dans sa Bibliothéque ancienne et moderne, tome VI, page 233, qu’on a attaqué Prosper Marchand avec trop de passion. Bernard, dans ses Nouvelles de la République des lettres, septembre et octobre 1716, page 631, parle de la fausseté de l’accusation qu’on avait formée contre lui. Les adversaires de Marchand écrivirent alors une Lettre à messieurs Leclerc et Bernard contenant des éclaircissemens sur quelques endroits de leurs derniers journaux, où il est parlé du Factum des amis de M. Bayle, contre la nouvelle édition de son Dictionnaire, qui s’imprime à Rotterdam. Cette lettre a été imprimée dans les Mémoires de littérature, par M. de S*** (Sallengre), tome II, seconde partie, pages 233-293. J’ai indiqué les principales pièces de cette polémique. Je crains qu’une nomenclature plus étendue ne soit fastidieuse. Malgré les déclamations acharnées des éditeurs de Genève contre l’édition de 1720, c’est elle qui a servi de base ou de copie pour celle de 1730, sur laquelle ont ensuite été faites les autres réimpressions.
  13. Michel Bohm, dont le nom seul se voit soit sur les frontispices, soit au bas de l’épître dédicatoire, ne comptant pour rien la réimpression de Genève, intitula la sienne, troisième édition.
  14. Voici un accident qui est résulté de cette disposition. Bayle, dans la remarque E de son article Gombauld, ayant dit que Despréaux ne fait aucun cas des sonnets de ce poëte, cite les vers de l’Art poëtique : mais depuis 1683 l’Art poëtique porte

    À peine dans Gombauld, Maynard et Malleville
    En peut-on admirer deux ou trois entre mille.

    Boileau avait d’abord mis : en peut-on supporter, etc. ; et c’est ce texte, comme je l’ai remarqué (tome VII, page 120), que Bayle dut avoir présent à la pensée quand il écrivait son article Gombauld.

  15. Tome XVI, pag. 29.
  16. Voyez tome XVI, pag. 18 et 19.
  17. Voyez tome XVI, pag. 27.
  18. Voyez ci-dessus la note 13.
  19. Les articles dans lesquels les lacunes sont remplies sont ceux de Bouchin, Braunbom ( dans les additions et corrections qui sont à la suite de la Lettre de Desmaizeaux à Lamotte, après l’Avertissement, tome Ier.), Guignard, Lasicius, Mutius, Pacard, Parts (des), Sanderus, J. Savonarole, Schuttingius, Schutze, Stifelius ; sur vingt-cinq articles qui présentaient des lacunes, l’éditeur de 1730 en a donc complété douze ; je fais ici sa part, à cause de la témérité que j’ai eue de dire dans la Bibliographie de la France, 1822, pag. 209, qu’à cet égard j’avais pu faire « plus que tous mes devanciers réunis ». Cela est faux, comme on le verra.
  20. Ce journal, cité communément sous le titre de Journal de Trévoux, était intitulé : Mémoires pour servir à l’histoire des sciences et des beaux-arts.
  21. Voyez ci-dessus, page viij.
  22. Voyez ci dessus, page xv.
  23. Les articles dans lesquels les lacunes ont été remplies en 1740 sont : Carbon, Chalvet, Hardenberg, J. Horstius, Rattaler, Torrelli ; celle de l’article Loyer n’est remplie qu’en partie.
  24. Puisque j’ai occasion de parler des Œuvres diverses de Bayle, j’en profiterai pour remarquer que l’édition de 1727 est préférée à la réimpression de 1737 ; je ne sais si cette préférence est bien raisonnée : je n’ai point lu cette dernière, et il peut se faire qu’elle soit moins correcte que la première ; mais cela n’est que douteux jusqu’à vérification ; ce qui est certain, c’est qu’elle contient, de plus que 1727, cent cinquante lettres. Il paraît que ces cent cinquante lettres nouvelles n’ont été découvertes qu’après l’impression ; car, au lieu d’être placées, chacune à sa place, elles forment un cahier de cent douze pages in-folio, destiné à grossir le premier volume. L’édition de 1737 a dû être faite en France (à Trévoux). La préface de ces cent cinquante lettres est d’un catholique ; aussi quelques mots ont été changés dans la réimpression qui en fut faite en Hollande par des protestans, 1739, 2 vol. in-12.
  25. Telles sont toutes les éditions que je connais du Dictionnaire de Bayle ; et je pourrais presque assurer qu’il n’en existe pas d’autres.

    Cependant un professeur au collége de France, membre de l’Institut, et qui a été le premier président du conseil des Cinq Cents, homme non moins recommandable par son caractère que par son savoir, m’a donné note d’une édition de 1748, en cinq volumes in-folio. Je n’ai pu me la procurer malgré toutes mes recherches ; mais une indication de M. Daunou est à mes yeux d’un tel poids, que je n’ose affirmer que cette édition de 1748 n’existe pas ; et l’on pardonnera à un éditeur du grand sceptique de rester ici dans le doute.

    Chaufepié, dans son Dictionnaire, tome III, page 108 de la lettre L, et ailleurs, cite à la marge une édition de Paris, 1733. Ce qu’il rapporte fait partie d’une remarque de L. J. Leclerc. Or, comme l’édition de 1734 est la seule qui contienne ces remarques, il me paraît évident que c’est cette édition qu’il a voulu citer. S’il lui donne la date de Paris, c’est parce que ce furent, comme je l’ai dit, des libraires de Paris qui la firent faire à Trévoux. D’ailleurs, Chaufepié, habitant la Hollande, où les premières éditions avaient été faites, a mis ici Paris pour la France, quoique Trévoux n’en fût alors qu’une enclave.

    Enfin, dans la Bibliotheca latina de Fabricius, édition in-4o., tome II, pag. 20, à l’occasion de C. Sulpitius Appolinaire, on lit : « De hoc Bælius in Lexico, T. 5. » L’édition de la Bibl. Latina in-4o. est de 1728, et à cette époque il n’existait pas d’édition de Bayle en plus de quatre volumes. D’ailleurs, c’est à la lettre A que Bayle a mis l’article de C. Sulpitius Appolinaire. Quelle pourrait au reste être l’édition de Bayle dont la lettre A se prolongerait jusque dans le cinquième volume ? il est donc tout naturel de penser que ce n’est qu’une faute d’impression, et qu’au lieu de « T. 5. » (tome 5), il faut lire « T. I. » ( tome Ier. ). Les gens de lettres ne moulent pas toujours leurs chiffres, et leur mauvaise écriture est souvent la cause des fautes d’impression.

    Scimus et hanc veniam petimus.

  26. Cette principauté n’a été réunie à la France qu’en 1762.
  27. Voyez ci-dessus pag. ij.
  28. On ne permettait pas (Voyez tom. XVI, 182, 183) de le réimprimer en France ; mais on l’y laissait circuler. Au lieu de l’acheter des étrangers, il était bien simple et bien facile de le leur vendre.
  29. Dans un Avant-propos (provisoire) distribué avec le Ier. volume, j’ai accusé les éditeurs de 1730 d’avoir omis quelques morceaux de l’édition de 1720. Cependant ils avaient réparé ces omissions par un second erratum à la fin de la Lettre de M. Desmaizeaux à M. de Lamotte, qu’ils ont imprimé au tome Ier., après leur Avertissement sur cette quatrième édition. Cet Avant-propos (provisoire) devant être enlevé, j’en ai conservé ou répété les choses essentielles dans mon Discours préliminaire qui doit le remplacer. Je me suis bien gardé de reproduire un reproche injuste, et dont je ne parle ici que pour faire réparation.
  30. Voyez tome XVI, pag. 177.
  31. Le premier volume de Bayle a paru en octobre 1820, le IIe. en janvier 1821, le IIIe. en mars, le IVe. en juin, le Ve. en juillet, le VIe. en septembre, le VIIe. en décembre 1821, le VIIIe. en février 1822, le IXe. en mai, le Xe. en juillet, le XIe. en septembre, le XIIe. en novembre, le XIIIe. en décembre 1822, le XIVe. en mars 1823, le XVe. en juin 1823, le XVIe. sera distribué dans le mois de mai 1824.
  32. Les articles que j’ai remplis sont ceux de Francus, IV, 587 ; G. Horstius, VIII, 210-211 ; Windeck, XIV, 579. J’ai complété une citation de l’article Loyer que les éditeurs de 1740 n’avaient point achevée.
  33. J’ai laissé en blanc des citations dans les articles Berault, III, 329 ; J. des Caurres, IV, 606 ; et Saint-Cyran, XIII, 41 ; faute d’avoir pu me procurer : 1°. Briève et claire défense de la vocation des ministres de l’Évangile contre la réplique de messire Jacques Davy, évêque d’Evreux, faite article par article sur la même réplique, Montauban, 1598, in-8o., de 498 pages ; 2°. Œuvres morales et diversifiées de Jean des Caurres, Paris, G. Chaudière, 1575, in-8o. ; l’édition de 1584 contient une autre dédicace que celle dont il fallait rapporter un passage ; 3°. Le Port Royal et Genève d’intelligence contre le très-Saint Sacrement de l’autel, par le père Meynier.
  34. Voyez ma note dans la Biographie universelle, tome XXI, pag. 605. Il est évident que Joly n’est pas l’auteur des Observations insérées dans la Bibliothéque française. Dans la Bibliothéque française, à l’occasion de Bachovius, on lit qu’il flottait entre le protestantisme et le papisme. Joly, trouvant sans doute ce dernier mot irrévérencieux, a mis à la place les mots de religion catholique. On trouve d’autres changemens d’expression dans les articles Claude, Guise, Macédoine, Pergame, Suétone. Joly va même dans l’article Tillet jusqu’à réfuter l’écrivain de la Bibliothéque française.
  35. La Bibliothéque de Richelet, par Leclerc, a été le sujet d’une violente critique de dom Lecerf, qui fit insérer, en 1731, dans la Bibliothéque française, tome XVI, pages 86-107, sa Lettre d’un religieux bénédictin, etc.
  36. Pag. xiij.
  37. Histoire physique, civile et morale de Paris, Guillaume, Ire. édition, tome III, pages 4 et 5 ; seconde édition, tome IV, pages 86 et 87.
  38. 1821, deux volumes in-8o., tome II, pages 177 à 179.
  39. Gazette de France du 16 décembre 1823.
  40. Voyez ci-dessus pages vij et viij.
  41. Dans les articles Espagnet et Ossat.
  42. Voyez tome XVI, page 17, et ci-dessus page v.
  43. L’Iliade d’Homère, 1815, deux volumes in-8o. : l’Odyssée, suivie de la Batrachomyomachie, des Hymnes, de Divers poëmes et fragmens attribués à Homère, 1818, deux volumes in-8o.
  44. Jean-Théodore-Auguste Desoer était né à Liège en 1788 ou 1789.
  45. Page xv.