Discussion:Cher cœur humain !
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Critiques, résumés…[modifier]
- Le Jardin des lettres : revue mensuelle de tous les livres… 1er novembre 1932 [1]
Mme Colette Yver excelle dans l’analyse des âmes féminines et son originalité est de porter dans tous les milieux sociaux sa perspicace attention. Avec le remarquable recueil de contes qu’elle publie aujourd’hui et dont le titre générique, Cher Cœur humain, dit assez l’unité, elle nous fait tour à tour pénétrer dans les milieux de journalisme et de lettres, dans les ruines de la vieille aristocratie française, puis brusquement dans les coulisses des Folies-Bergères aux déconcertants imprévus. La fantaisie de Mme Colette Yver, son infinie souplesse, son universelle compréhension se manifestent une fois de plus dans ce livre varié, spirituel, baigné d’une telle indulgence en face des soubresauts et des misères du pauvre cœur humain.
- Ric et Rac : grand hebdomadaire pour tous, 12 novembre 1932 [2]
La sérénité dont Mme Colette Yver entoure une connaissance sans illusions du coeur des hommes est l'un des attraits de son oeuvre. On chercherait en vain, en effet, dans ses livres la moindre trace d'aigreur, encore qu'elle voie le monde tel qu'il est, et qu'elle ne craigne pas de montrer les dessous risibles ou mesquins qui se dissimulent souvent derrière une vie de belle apparence.
Quand donc elle intitule « Cher coeur humain ! »[1] son tout dernier recueil de nouvelles, ce n'est point béate admiration. Ce coeur humain, dont elle décrit quelques mesquineries, quelques contradictions, quelques secrètes faiblesses, il ne lui donne pas matière à misanthropie non plus. Tout simplement elle le chérit encore, comme beaucoup d'entre nous ne se défendent pas d'une secrète tendresse pour ces enfants faibles, espiègles, qui rachètent leurs défauts par de la générosité et de la gentillesse. En un mot ces sept nouvelles sont bien à base d'ironie, mais d'une ironie qui n'exclut ni la sympathie, ni même l'émotion.
Voici tout d'abord un romancier de grand, talent, fêté dans sa jeunesse, mais que les jeunes générations ignorent. Alors, pour se persuader qu'il est toujours égal à lui-même, il prie sa dactylographe de signer son dernier roman: Et l’œuvre camouflée obtient un succès éclatant. La critique s'enthousiasme, mais non sans recommander à la pseudo-débutante de se corriger de ses défauts de jeunesse.
Le véritable auteur sera-t-il donc désormais contraint d'écrire toujours pour le compte du nouveau prodige ? Que non, parce que, à force d'être loué, celui-ci se croit presque l'auteur du volume, ou, du moins, capable de faire sa carrière tout seul... cher coeur humain !
La nouvelle suivante nous invite à méditer que les plus grands parmi les hommes ont encore leurs petitesses. Le savant dont un secrétaire pleure la mort était pingre ; il n'avait pas reconnu l'enfant qu'il avait eu hors du mariage. L'un des secrétaires, au nom de la" Vérité, voudrait que cet envers du grand homme fût divagué. Mais l'autre lui conseille le silence, car il sait bien que, mieux informée, l'opinion publique deviendra injuste et oubliera les immenses services intellectuels du grand homme. Plus loin nous voyons une vedette des Folies-Bergère édifier une bonne sœur et toute une conférence de Saint-Vincent de Paul par ses dons généreux aux pauvres. Jouait-elle la comédie ? Non, sans doute ! Mais il y avait quelque ridicule à la prendre pour une sainte... Ces nouvelles,, d'une inspiration variée, sont construites avec un métier très sûr. En outre elles font penser.
B. V.
- Romans recommandés pour les lecteurs d'âge convenable ou sagement, formés … Revue des lectures [3]
- ↑ Calmann-Lévy.