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Dorothea Zeglin. Der homo ligius und die französische Ministerialität (Ganshof)

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Dorothea Zeglin. Der homo ligius und die französische Ministerialität (Ganshof)
Revue belge de philologie et d’histoireTome 1 (p. 134-135).
Dorothea Zeglin. Der homo ligius und die französische Ministerialität, Leipzig, 1915, in-8o. (Leipziger Historische Abhandlungen, XXXIX)


L’étude de Mlle Zeglin a été suscitée par celle de M. Pirenne sur les origines de la vassalité lige. (Qu’est-ce qu’un homme lige ? Bulletins de l’Académie Royale de Belgique, classe des lettres, 1909.) M. Pirenne faisait procéder la vassalité lige de la ministérialité. Mlle Zeglin s’est proposé de rechercher si pareille hypothèse était fondée.

Les recherches de l’auteur sont très étendues et conduites avec une méthode qu’il faut louer. La documentation est abondante ; on n’y rencontre pas le défaut de tant d’érudits allemands contemporains qui ignorent systématiquement ce qui se publie hors de chez eux.

Le travail de Mlle Zeglin apporte à la science des données intéressantes au sujet des diverses acceptions dans lesquelles est pris le mot ligius, comme en ce qui regarde les rapports entre le vassal lige et son seigneur. Tout ce que l’auteur dit notamment des divers aspects sous lesquels se manifeste la fidélité particulière impliquée par la ligesse, est excellent.

Nous ne pouvons en dire autant de ce qui concerne la ministérialité, où l’auteur se laisse trop dominer par l’esprit de système. Si elle admet très justement l’existence d’une ministérialité en Lotharingie, elle conteste l’existence d’une ministérialité en France : les chevaliers serfs et les fonctionnaires non libres que l’on y rencontre au XIe siècle ne s’y sont pas groupés en classe sociale ; il ne peut donc, assure-t-elle, être question de ministérialité.

C’est là, pensons-nous, une erreur : il est vrai que les chevaliers serfs ne se sont pas groupés en France en une classe sociale fermée et héréditaire comme en Allemagne. Mais du moment que l’on reconnaît l’existence en France de ces chevaliers serfs — qualifiés ministeriales par la terminologie historique allemande — il est légitime de parler de ministérialité en France.

Mlle Zeglin n’admet pas la thèse de M. Pirenne d’après laquelle la ligesse procéderait de la ministérialité. Elle estime même que le lien féodal lige était précisément destiné en France à suppléer à l’absence de ministérialité ; comme celle-ci, la ligesse devait, en effet, assurer une subordination et une fidélité plus entières que l’on ne pourrait en attendre de la part d’un vassal ordinaire.

L’auteur n’a pu, cependant, pensons-nous, établir le malfondé de l’hypothèse de M. Pirenne. Elle a même été obligée de convenir (p. 41 et 51) qu’en Hainaut, le liget — redevance à cause de mort, consistant dans l’abandon du cheval d’armes du vassal lige au seigneur — n’était pas la même chose que le relief consistant en un cheval quelconque, que l’on rencontre en divers endroits. La possibilité d’y voir une survivance du meilleur catel demeure donc entière, nous paraît-il.

Signalons enfin une erreur qui se reproduit par deux fois : Galbert de Bruges est appelé Galbert von Brüssel (p. 39 et 42).


François L. Ganshof.