Fondation des Écoles gratuites de la paroisse de Saint Hilaire de Reims

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FONDATION

DES ÉCOLES GRATUITES

DE LA PAROISSE

DE SAINT HILAIRE

DE REIMS.


LA Fondation des Écoles gratuites sur la Paroisse de Saint Hilaire de Reims est le fruit de la piété & de la libéralité de Messire Jean Godinot, Prêtre, Docteur en Théologie de l’Université de Reims, Chanoine de l’Église Métropolitaine de ladite Ville, & Grand Vicaire de l’Abéïe de Saint Nicaise.

Ce vertueux Ecclésiastique, après avoir passé sa vie dans l’exercice des bonnes œuvres, en a emploïé les dernieres années à faire des choses presqu’incroïables ; il a commencé par donner à ses héritiers présomptifs, dix ou douze ans avant sa mort, une portion de ses biens, qui excédoit ce qu’il avoit eu de Succession ; il a donné ensuite à l’Hôpital de Saint Marcoul une somme considérable pour y retirer & soulager des Pauvres attaqués de la maladie du Cancer ; il a contribué à la dépense nécessaire pour la supression des Égouts de l’Arquebuse, & de la rue de Longueau ; pour bâtir le Portail de l’Hôtel-Dieu, qui donne sur la rue du Trésor ; pour réparer les Maisons du Chapitre : il a changé tout l’intérieur de l’Église Métropolitaine, fait faire à ses dépens les Grilles magnifiques qui ferment le Sanctuaire & le Chœur, & contribué pour une somme considérable au grand Autel de la même Église : il a procuré aux pauvres Enfans des Paroisses de Saint Hilaire, de Saint Symphorien, & de la Paroisse de Saint André, l’instruction convenable par la Fondation des Écoles gratuites : enfin, il a emploïé le reste de ses biens à faire venir dans Reims les Eaux de la Riviere Neuve, Ouvrage désiré depuis des siecles entiers, projetté plusieurs fois, & toujours abandonné.

La Fondation des Écoles gratuites est du 3 Mai 1738 : quatre Fermes sont le fonds de cette Fondation.

La premiere, située aux Terroirs du Tour & Recouvrance, achetée le 3 Août 1739, par Adjudication au Baillage Roïal de Reims, moïennant 5433 livres 11 sols.

La seconde, située aux Terroirs de Trugni, & autres, achetée le 31 Décembre 1739, par Contrat passé pardevant De Sain & Nouvelet, Notaires Roïaux à Reims, moïennant 2200 livres.

La troisiéme, aux Terroirs de Banongne, & circonvoisins, achetée le 9 Février 1740, par Contrat passé pardevant Mercier, Notaire Roïal à Reims, moïennant 5872 livres 10 sols.

La quatriéme, située au Terroir de Mar-sous-Bourque, achetée le 6 Avril 1740, par Contrat passé pardevant Laubréau, Notaire Roïal à Reims, moïennant 2874 livres.

Toutes ces acquisitions ont coutés y compris les frais de Contrats, Droits d’amortissemens, & indemnités, 18244 liv. sols 6 deniers, déboursés par Monsieur Godinot, qui y a ajouté une somme de 1755 livres 18 sols 6 deniers, qui depuis a été emploïée en constitution de rente ; le tout revenant à 20000 livres : outre ce, il a réparé presque à neuf, & meublé la Maison où se fait l’instruction gratuite.

La Demoiselle Marie Fransquin, Fille majeure, demeurante à Reims a donné plusieurs Principaux de rente pour fortifier & augmenter la même Fondation des Écoles gratuites.

Les Freres des Écoles Chrétiennes de cette Ville ont été choisis pour donner l’instruction gratuite aux Pauvres, moïennant 600 livres de rétribution par chacun an ; mais ce choix n’est point perpétuel, & il dépend des Paroissiens de Saint Hilaire de les renvoïer quand ils voudront, & d’en choisir d’autres aprouvés.

Quoique les pauvres Enfans des Paroisses de Saint Symphorien & de Saint André aient droit à l’instruction gratuite établie par Monsieur Godinot, cependant les Paroissiens de ces deux Paroisses n’ont aucun droit à la direction des Écoles, ni au choix des Maîtres.

Voici l’Acte d’établissement de la Fondation.

ACTE

D’ÉTABLISSEMENT

DES ÉCOLES GRATUITES.


PArdevant les Notaires du Roi, demeurans à Reims, soussignés, furent présens le Sieur Jean Clicquot, ancien Conseiller-Échevin de la Ville de Reims, ancien Juge des Marchands de ladite Ville, & Receveur de la Fabrique de Saint Hilaire dudit Reims ; Me Jean Baptiste Blavier, Avocat en Parlement ; & le Sieur Nicolas Lepoivre, Seigneur de Muire en partie, tous deux Marguilliers de la Paroisse de Saint Hilaire dudit Reims, y demeurant, autorisés à l’éfet du présent Acte, par Conclusion de ladite Paroisse, en date du 27 Avril 1738, contrôlée à Reims ce jourd’hui, d’une part : le Sieur Charles Robin, Marchand Épicier, & Damoiselle Marie Gonnel, son épouse, de lui licenciée & autorisée ; Thérese-Jacqueline Gonnel, Fille majeure ; & Damoiselle Louise Gonnel, aussi Fille majeure, tant en son nom que comme fondée de procuration du Sieur Jean-Baptiste Gonnel, Dragon au Régiment d’Harcourt, tous demeurant à Reims, représentant le Sieur Thiéri Gonnel, leur Ancêtre, d’autre part ; lesquelles Parties ont dit, sçavoir, lesdits Sieurs & Damoiselles Robin & Gonnel, que ledit Sieur Thiéri Gonnel a donné anciennement à la Fabrique de Saint Hilaire une Maison située en cette Ville au Marché à la Laine, tenante d’une part à la Veuve Eustache Calmé, & d’autre à à condition de faire faire en l’Église de Saint Hilaire, fin des Vêpres de chacun Dimanche, de grands Catéchismes, & de faire prononcer cinq Sermons par chacun an aux cinq Fêtes de la Sainte Vierge ; qu’ils sont instruits que ces Catéchismes ne se font plus depuis quelque tems, qu’il n’y a plus de Sermons, & qu’intéressés à faire subsister une Fondation faite par leur Ancêtre, ils étoient sur le point d’agir contre la Fabrique, pour en procurer l’exécution ; mais que lesdits Sieurs Marguilliers de ladite Paroisse leur ont représenté que les Catéchismes & les Sermons n’avoient été discontinués que parce que l’honoraire fixé à cinquante livres pour le tout ; sçavoir, à quarante-cinq livres pour les Catéchismes & à cinq livres pour les Sermons, étant trop modique on n’avoit trouvé personne qui eût voulu s’en charger ; que depuis quelque tems des personnes pieuses de cette Ville, considérant qu’il se trouvoit sur la Paroisse de Saint Hilaire, sur celle de Saint Symphorien, & sur celle de Saint André du Faubourg de Cérès de cette Ville, beaucoup de pauvres gens qui n’étoient pas en état de faire la dépense pour procurer les instructions convenables à leurs enfans, avoient paru souhaiter avec ardeur qu’on établît des Écoles gratuites, pour donner les instructions convenables aux enfans de ces trois Paroisses, & avoient même annoncé qu’elles contribueroient à la dépense nécessaire pour cet Établissement ; raisons pour lesquelles les Paroissiens de Saint Hilaire avoient conçu le dessein de faire bâtir des Écoles dans la Maison donnée à leur Fabrique par ledit Sieur Gonnel, pour y établir ensuite des Maîtres, qui instruiront les pauvres enfans ; que ce seroit de leur part répondre aux intentions dudit Sr Thiéri Gonnel, puisqu’ils procuroient l’instruction à de jeunes gens qui en avoient extrêmement besoin ; mais qu’ils ne pouvoient exécuter ce projet, qu’autant que d’une part lesdits Sieurs & Demoiselles Robin & Gonnel y donneroient les mains ; & que de l’autre, la charité des Fideles les mettra en état de faire réparer à neuf ladite Maison, qui périt de vétusté d’y faire les changemens convenables pour y pratiquer des Écoles ; d’avoir des fonds pour l’entretien des Bâtimens, & pour salarier les personnes qui seroient choisies pour l’instruction de la Jeunesse : en conséquence desquelles représentations, les Parties sont convenues de ce qui suit.

1°. Qu’à l’avenir la Fabrique de Saint Hilaire demeurera déchargée de l’obligation qu’elle avoit contractée de faire faire de grands Catéchismes chaque Dimanche de l’année, & de faire prononcer cinq Sermons par année, aux cinq Fêtes de la Sainte Vierge.

2°. Que le tout ou partie de la Maison ci-devant désignée, sera convertie en Écoles le plûtôt que faire se poura.

3°. Que les Paroissiens de Saint Hilaire auront seuls le droit de choisir telles personnes qu’ils aviseront, aprouvées de ceux qui ont le droit de les aprouver, pour faire dans ces Écoles les instructions convenables ; c’est-à-dire, aprendre aux enfans la Religion Catholique, Apostolique & Romaine, & à lire, & à écrire ; que le choix de ces personnes se fera au nom des Paroissiens par le Sieur Curé de la Paroisse, le Receveur & les Marguilliers en exercice, à la pluralité des voix, avec pouvoir de changer toutes les fois qu’il sera par eux jugé nécessaire, & qu’ils en auront obtenu l’agrément par une Conclusion en regle.

4°. Que tous les pauvres enfans de la Paroisse de Saint Hilaire, de celle de Saint Symphorien, & de celle de Saint André du Faubourg de Cérès de cette Ville, seront admis indistinctement dans ces Écoles, pour y être instruits gratuitement, attendu que telle est l’intention des personnes pieuses qui sont dans la résolution de contribuer à l’érection de ces Écoles gratuites, sans cependant que cette admission puisse attribuer directement ni indirectement aux Sieurs Curés, Marguilliers & Paroissiens de Saint Symphorien & de Saint André du Faubourg, aucun droit, soit pour la nomination ou changement des Maîtres, soit pour la direction des Écoles, & de toutes choses qui pouroient y avoir raport.

5°. Que sur les sommes qui seront données pour cet Établissement, par qui que ce puisse être, il sera prélevé les frais du présent Acte, & suite d’icelui, en quoi ils puissent consister, les dommages & intérêts que la Fabrique pouroit être obligée de payer au Locataire de ladite Maison pour la résolution de son Bail, toute la dépense qu’il faudra faire pour rétablir ladite Maison en entier, & y pratiquer des Écoles aussi commodes que la place poura le permettre ; lesquelles dépenses seront payées par le Sieur Receveur, en la maniere accoutumée, sur les deniers qu’il recevra à cet éfet, & lui seront allouées dans son compte.

6°. Qu’indépendamment de ces dépenses la Fabrique prélevera, soit sur les loïers de la partie de cette Maison qui ne sera point nécessaire pour les Écoles, si aucune y a, soit sur un fond qui sera fait à cet éfet, tout ce qui sera nécessaire pour l’entretien de toute la Maison indistinctement ; & outre ce, la somme de vingt livres par chacun an, pour l’indemnité dûe à ladite Fabrique, résultante de l’abandon qu’elle fait de cette Maison, qui, sur les cent vingt livres de loïer qu’elle lui produisoit n’étoit chargée que de cinquante livres de rétribution, comme il a été dit ci-dessus.

7°. Que la Fabrique de Saint Hilaire commencera le rétablissement de la Maison dont est question, & y fera pratiquer des Écoles, aussitôt que la piété des Fideles lui procurera des deniers pour ce faire, & à proportion de ce qu’elle recevra ; mais qu’elle ne sera tenue d’y faire commencer l’instruction gratuite, que lorsqu’elle aura en caisse des fonds suffisans pour toutes les dépenses ci-devant détaillées, & pour la subsistance des personnes qui seront emploïées à instruire ; & que jusqu’à ce tems les Bâtimens réparés continueront d’être loués à la requête des Marguilliers, pour être sur le produit de la location pris la dépense nécessaire pour l’entretien de tous les Bâtimens, & les vingt livres d’indemnité par chacun an seulement, & le restant, si aucun y a, conservé & mis en caisse, pour aider à faire le fond suffisant pour la subsistance des Maîtres, promettant, obligeant. Fait & passé audit Reims, ès Études, après midi, le troisiéme Mai mil sept cens trente-huit, & ont lesdits Sieurs & Demoiselles comparans signé avec nous, après lecture faite, en la Minute des Présentes, qui est contrôlée à Reims le même jour par le Sieur De la Croix, qui a reçu cinq livres huit sols, & icelle demeurée à Nouvelet, l’un desdits Notaires. De Sain. Nouvelet.

Permis d’imprimer, ensemble l’Acte de Fondation. A Reims, ce 15 Mars 1751. Bergeat.









De l’Imprimerie de R. Florentain.