Grands Concerts/Concerts du Conservatoire/19 mars 1937

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LES GRANDS CONCERTS


Société des Concerts du Conservatoire

C’est M. Gustave Cloez, cette fois, qui a eu les honneurs de la baguette. Son geste si classique, large et ferme à la fois, a été particulièrement apprécié.

Le grand attrait a été la Première Suite de M. Jacques Ibert, tiré de sa prestigieuse Diane de Poitiers. Sans doute, l’œuvre manque un peu de la scène, le spectacle, tel que l’avait conçu Mme Ida Rubinstein, lui formant un cadre charmant ; mais elle vit musicalement, par elle-même, avec une telle richesse, une telle beauté d’idées que le concert en fait un régal de choix. Nous attendons maintenant, ici, la Seconde Suite, comme elle a été exécutée ailleurs. Cette première débute avec la majestueuse fanfare des cuivres qui annonce l’entrée de Diane ; elle poursuit avec les épisodes variés où passent et repassent les thèmes anciens, les danses de cour, et toute la vivacité brillante de la fête. M. Jacques Ibert n’a jamais rien écrit de plus avenant.

D’autres images, plus recherchées, plus étranges, ont été évoquées par les Six chœurs de M. Florent Schmitt : quatuor de voix féminines (Mmes S. Blin, R. Scotti, A. Bague, A. Lebon) qui ont bien du mérite, car leurs parties dans l’ensemble orchestral ne sont pas commodes à tenir. Ce sont, d’ailleurs, comme des instruments ajoutés, car il est presque impossible de saisir ce qu’elles peuvent bien dire : ce sont leurs sonorités seules qui importent et achèvent l’impression suggérée.

À l’orchestre encore était réservée la Symphonie de César Franck, magistralement rendue, et la grande Fantaisie en ut de Schubert, avec l’orchestration de Liszt. Ce n’est certes pas le talent de Mlle Odette Gartenlaub, virtuose légère et vigoureuse, et qui sait chanter d’une si exquise façon, qui m’empêchera de déclarer que j’aimerais mieux entendre l’œuvre originale au piano, telle que Schubert l’a conçue.

Henri de Curzon.