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Le Bouddhisme Japonais/5

La bibliothèque libre.
Paris, Maisonneuve et Ch. Leclerc (p. 46-58).

CHAPITRE CINQUIÈME
San-ron-shû. — Secte des trois Çâstras, c’est-à-dire école Madhyamika.
I. Histoire de la secte

Il y a trois livres principaux dans cette secte, à savoir :

1o Le Madhyamaka-Çâstra (Livre du Milieu ; Thû-ron).

2o Le Çata-Çâstra (Cent livres ; Hyakou-ron).

3o Le Dvâdaça-nikâya (Livre des Douze Portes[1] ; Ju-ni-mon-ron) (ou Mukha)-Çâstra.

D’où le nom du San-ron-shû. Ces Çastras exposent entièrement les enseignements de toute la vie du Bouddha. Pour cette raison la secte est appelée aussi « Secte des enseignements de toute la vie du Bouddha » (Ithi-daï-kyô-shû). En conséquence, elle diffère beaucoup de toutes les autres qui ont été fondées plus tard sur tel ou tel des Sûtras ou des autres livres sacrés. Ceux qui choisissent un Sûtra sont forcément restreints dans leur opinion, obligés d’en exalter l’excellence comparative par rapport aux autres doctrines du Mahâyâna ; ainsi certaine secte regarde l’Avataṃsaka-sûtra (Ké-gon-guyô) comme le Sûtra principal et considère tous les autres comme ses branches, tandis qu’une autre révère d’une façon aussi exclusive le Saddharma-puṇḍarîkasûtra (Hôkké-kyô).

L’exclusivisme de ces sectes vient de ce qu’elles ignorent la pensée originelle du Bouddha qui tenait à rendre la vérité intelligible à tous. Des esprits différents exigent des systèmes d’enseignement différents. Mais les doctrines du Mahâyâna ont toutes un même objet sans aucune différence ; il est donc nécessaire de trouver un chemin milieu. Il faut prêcher à chaque genre d’auditeurs le Sûtra de doctrine qui lui convient. Un médecin donne à ses malades, pour les guérir, des médicaments différents selon la maladie, sans que personne discute sur l’excellence comparative des médicaments. Les doctrines du Mahâyâna ne sont rien que les enseignements principaux de Çâkyamuni entièrement exposés dans les Çâstras de cette secte.

Il y a deux lignes de transmission de la doctrine de cette secte, à savoir : La ligne de Ka-jô et celle de Gen-jû. Le premier patriarche dans l’Inde fut le Bodhisattva Nâgârjuna (Ryu-jû), l’auteur du Madhyamaka-Çâstra et de Dvâdaça-nikâya-Çâstra, deux des trois Çâstras. Il transmit la doctrine à Bodhisattva Deva (Daï-ba), l’auteur du Çata-Çâstra. Il eut pour successeur Râhula (Ra-gô-ra), dont le successeur fut Nîlanetra (Chô-mokou). Après eux, il y eut un prince nommé Sûryasoma du pays de Kharachar[2] (Ki-ji), qui était très versé dans les trois Çâstras et qui transmit la doctrine à Kumârajîva (Ra-ju). À l’âge de soixante-trois ans, ce dernier vint en Chine ; et quand il arriva à Chang-An, il avait quatre-vingt-un ans. Il y traduisit les trois Çâstras en chinois et devint fondateur de cette secte en Chine. Ses disciples étaient au nombre de trois mille ; les quatre plus grands (Shitétsou) furent Dô-shô, Sô-jô, Do-yû et Sô-éaï. La doctrine fut transmise successivement de Dô-shô à Don-saï, Dô-rô, Sô-sen, Hô-rô et Kithi-zô du monastère de Ka-jô-ji. Ce dernier parfit la doctrine de cette secte.

Son disciple E-kwan vint de Corée au Japon en 625, et fut nommé à la direction du monastère de Gan-gô. Il fit avec succès une conférence sur la manière de lire les trois Çâstras comme prière pour obtenir la pluie, et il fut nommé Sô-jô (Évêque). Il est considéré comme le premier patriarche de la secte au Japon. Il transmit la doctrine à Foukou-ryô, qui vint de Go[3] au Japon. Foukou-ryô la transmit à son fils Thi-zô, qui alla en Chine et y devint disciple de Kithi-zô, connu sous le nom de Ka-jô Daï-shi. Après lui, Dô-ji, Zen-gui, Gon-sô, An-thiô, etc. ; se transmirent successivement cette doctrine et la firent fleurir dans notre pays.

L’autre ligne est celle de Nîlanetra (Chô-moku), Bhavaviveka (Chô-bên), Jñânaprabha (Thi-ko) et Divâkara (Nitti-chô), qui étaient tous Indiens. Divâkara transmit la doctrine à Hô-zô connu par son titre posthume de Gen-ju Daï-shi, qui mourut en 712. Après Hô-zô, personne ne recueillit sa succession en Chine.

De ces deux lignes, l’école de Ka-jô est considérée comme la doctrine orthodoxe.

II. Doctrine de la secte

Pendant toute sa vie, Bouddha prêcha la vérité sous deux formes relatives (Ni-taï) pour enlever les idées confuses des Âstikas, c’est-à-dire de ceux qui croyaient à l’existence de toute chose, et des Nâstikas, c’est-à-dire de ceux qui croyaient au néant de toute chose. Par la faute de ces idées, les uns et les autres souffraient éternellement de la transmigration ; aussi les désigne-t-on comme la « confusion originelle » (Hon-mai). L’une de ces deux formes relatives de la vérité est appelée la vérité banale (Zo-ku-taï), et l’autre, la vérité supérieure (Shin-taï). Elles ne sont pas les objets sur lesquels Bouddha médita, mais seulement les différences de langage de sa prédication. Il est exposé dans le Madhyamaka-Çâstra, que « les Bouddhas prêchèrent la loi aux êtres vivants, d’après les deux formes relatives de la vérité. » Mais après l’entrée du Bouddha dans le Nirvâṇa, les hommes suivirent mal l’enseignement de ses paroles ; ils redevinrent Âstikas ou Nâstikas. Ces erreurs sont appelées la « confusion dernière » (Matsou-mai). Les trois Çâstras de la secte Madhyamika furent composés par les Bodhisattvas Nâgârjuna et Deva, dans le but de détruire cette confusion.

Le titre complet du Thû-ron (Madhyamaka-çâstra) est Thû-kwan-ron (Livre sur la Méditation moyenne). Le mot Thû signifie le chemin milieu de « non-acquisition » (Mou-toku). Contempler ce chemin milieu, c’est la méditation juste. Le livre contient les paroles produites par cette juste méditation, les paroles elles-mêmes sont les deux formes relatives de la vérité. La vérité banale qui est inhérente au néant est exposée pour les Nâstikas qui croient qu’il n’y a rien. La vérité supérieure qui est inhérente à l’existence est exposée pour les Âstikas, qui croient à l’existence de toute chose. Cependant elles sont également propres à faire comprendre le Chemin-Milieu. Il y a vingt-sept chapitres dans le Madhyamaka-çâstra. Les vingt-cinq premiers réfutent les idées confuses des savants des doctrines du Mahâyâna ; et les deux autres, celles des partisans du Hinayâna.

Il y a dans cette secte huit antithèses qu’on appelle les huit confusions. Ce sont : la « naissance » et la « dissolution » ; les « allées » et les « venues » ; l’ « identité » et la « diversité » ; l’ « existence » et le « néant ». Pour chasser ces idées chimériques, on emploie les huit termes négatifs, c’est-à-dire, la « non-naissance » et la « non-dissolution » ; les « non-allées » et les « non-venues » ; la « non-identité » et la « non-diversité » ; la « non-existence » et le « non-néant ». Si on médite bien sur cette conception profonde des huit négatives, on échappe à la souffrance de la transmigration, au monde du bien ou du mal, à l’idée de l’être ou du néant. Les deux formes relatives de la vérité n’admettant pas l’idée de l’être ni celle du néant, on peut dire que l’être est inhérent au néant et le néant inhérent à l’être. En d’autres termes, l’être pur n’est pas entièrement distinct du néant et le néant pur n’est pas entièrement distinct de l’être. Si on se dégage de l’idée chimérique du néant et de l’être, on n’aura plus besoin des deux formes relatives de la vérité, qui s’emploient dans l’enseignement justement pour chasser cette idée chimérique.

Le Dvâdaça-nikâya-çâstra (Ju-ni-mon-ron) est divisé en douze parties et réfute la confusion des partisans du Mahâyâna. Si on se place au point de vue général, ce Çâstra comprend aussi l’exposé des deux formes relatives de la vérité par lesquelles est réfutée la dernière confusion.

Les deux Çâstras, Madhyamaka et Dvâdaça-nikâya sont les ouvrages de Nâgârjuna. Il n’est pas douteux que les Indiens croyaient à la doctrine continue de ses ouvrages ; les habitants des seize grandes provinces entre lesquelles les Indes étaient divisées, appelaient Nâgârjuna « Bouddha sans sa marque caractéristique » (Mousô-gô-Butson) et respectaient ses ouvrages comme s’ils étaient les Sûtras prononcés par Bouddha en personne. Ce respect a peut-être son origine dans les paroles prophétisées par le Bouddha dans les Lankâvatâra-Sûtra (Ryô-ga-kyô) ; voici ces paroles :

« Après le Nirvâṇa du Tathâgata ; il y aura dans l’avenir un homme !
Écoute-moi attentivement ;
Ô Mahâmati (Daï-é) ;
Un homme qui observera ma Loi ;
Dans le grand pays du sud,
il y aura un vénérable Bhikshu,
nommé le Bodhisattva-Nâgârjuna,
qui détruira les vues des Âstikas et des Nâstikas ;
qui prêchera aux hommes mon yâna (véhicule),
la plus haute loi du Mahâyâna,
et qui atteindra la Pramuditâ-bhûmi (état de joie),
et qui doit naître au pays de Sukhâvatî. »

Aujourd’hui encore, il y en a qui soutiennent que le Lankâvatâra est un des Mahâyâna-Sûtras et que ces Sûtras ne sont pas les paroles du Bouddha, mais qu’ils ont été composés à une époque postérieure. Le Bouddha entra au Nirvâṇa le quinze du deuxième mois, et deux mois après, le quinze du quatrième mois, Mahâkâçyapa recueillit le Tripitaka dans la caverne du Sapta-parna (sept feuilles). En dehors de cette collection, il n’y a aucun sûtra qui contienne les paroles du Bouddha. Nul des Mahâyâna-sûtras n’est authentique ; on dit même qu’ils ont été découverts les uns dans le Palais du Dragon au fond de l’océan ; les autres, dans la Tour de fer aux Indes, etc. ; et, par conséquent, ils ne sont pas dignes de créance.

Le scepticisme des uns, l’erreur des autres, nous allons maintenant les dissiper comme les vents violents chassent les nuages obscurs qui voilaient le ciel.

Il y avait jadis dans l’Inde quatre castes[4] qui sont la classe avec des limites fixées et infranchissables dans laquelle on doit être né pour lui appartenir. Trois de ces castes sont Ariennes, à savoir : Celle des Brâhmanas (Bara-mon), c’est-à-dire des savants ; celle des Râjanyas ou Kshatriyas (Sétsou-teï-ri), c’est-à-dire des princes et des guerriers ; et celle des Vaiçyas (Bi-sha), c’est-à-dire le commun, le peuple (Viç) et une, non arienne, à savoir : les Çudras (Shu-da), c’est-à-dire les indigènes qui servaient d’esclaves aux Ariens et principalement aux Brâhmaṇas. Il y avait aussi une famille produite par la confusion des castes, appelée Caṇḍâlas.

Les hommes des hautes classes regardaient comme les animaux ceux des castes inférieures. Afin de détruire cette déplorable coutume, Bouddha leur enseigna le chemin que chaque homme, quel qu’il soit, peut suivre pour arriver à posséder la même part de lumière, pour devenir Bouddha. Mais cette transformation si absolue des anciennes idées n’était pas achevée quand Bouddha entra dans le Nirvâṇa ; les hommes croyaient qu’ils ne pouvaient parvenir qu’à la dignité de Çrâvakas ou Pratyeka-buddhas, non à celle de Bouddha, qui leur semblait être réservée à un seul être (Çâkyamuni) ; aussi doutèrent-ils de la doctrine du Mahâyâna qui enseigne que tous les êtres peuvent devenir Bouddhas. Cette erreur ne fait-elle pas penser à ces Prêtas (Esprits de morts) pour qui tout est flamme, même l’eau pure ?

Après l’entrée du Bouddha dans le Nirvâṇa, trois Tripiṭakas furent formés ; le premier fait dans la caverne dite des Sept Feuilles, près de Râjagṛiha est désigné sous le nom de Tripiṭaka de l’École Sthavira (Jô-za-bu) ; le second fait en dehors de la caverne porte le nom de Tripiṭaka de l’École Mahâsaṃghika (Daï-shu-bu). Le troisième fut établi par Mañjuçri et Maitreya ; c’est le recueil des livres du Mahâyâna ; et quoique leur clarté soit aussi pure que celle du soleil du midi, les partisans du Hînayâna, au lieu d’être honteux de ne la point voir, profèrent contre ces livres des propos injurieux, comme les adeptes de la religion de Confucius traitent le Bouddhisme de loi barbare sans en avoir jamais lu la doctrine.

Cent seize ans après le Nirvâṇa du Bouddha, on ajouta au Tripiṭaka quelques Mahâyâna-sûtras ; si ces derniers n’avaient pas existé auparavant, d’où les aurait-on tirés ? En outre, deux siècles après Bouddha, on ajouta encore au Tripiṭaka les sûtras suivants : Avataṃsaka (Ké gon), Nirvâṇa (Né-han), Çrimâlâ-devî-sîṃhanâda (Chô-man), Vimalakîrtti-nirdeça (Yui-ma), Suvarṇaprabhâsa (Kon-kô-myô), Prajñâ-pâramitâ (Han-nya) et d’autres. À cette époque, Açvaghosha (Mé-myô) et Nâgârjuna (Ryû-ju) n’étaient pas encore nés. Qui peut donc affirmer sérieusement que l’Avataṃsaka-sûtra (Ké-gon-guyo) soit un ouvrage de Nâgârjuna ? À la même époque, c’est-à-dire deux siècles après Bouddha, l’existence de la doctrine du Mahâyâna, contestée par le Lokottaravâda (Shus-sé-bu) était admise par l’École Ekavyavahârika (Ithi-setsou-bu) ; peut-être cette seconde école renfermait-elle encore quelques vieillards ayant entendu les prédications du Bouddha. C’est dans ce temps que Shi-hé-é descendit du massif de l’Himalaya et que Mahâkâtyâyana (Daï-ka-sénnen) sortit du lac Anavatapta (Anucku-ta-thi), vieux disciples du Bouddha, tous deux Çramanas (cha-mon). Ils introduisirent dans le Hinayâna quelques-unes des idées du Mahâyâna et fondèrent les Écoles Bahuçrutika (Ta-mon) et Bahuçrutika-vibhajya (Ta-mon-foun-bétsou). Ces différents faits prouvent que tous les adeptes du Hinayâna n’attaquent pas le Mahâyâna. Cette remarque faite, nous allons trouver une preuve incontestable de la doctrine du Mahâyâna, dans le Mâyâ-sûtra, un des Hînayâna-sûtras qui peuvent être le moins récusés par les partisans de cette secte ; on y lit en effet : « La Loi juste du Tathâgata durera cinq siècles ; au premier siècle, Upagupta prêchera la loi et instruira les hommes ; au second, le Bhikshu Çîlananda fera de même ; au troisième, le Bhikshu Nîlapadmanetra (Chô-rén-gué-gan) fera de même ; au quatrième, le Bhikshu Gomukha (Go-ku) propagera la doctrine ; au cinquième, le Bhikshu Ratnadeva (Ho-ten) continuera cette œuvre et convertira les hommes au Bouddhisme. Puis la Loi juste retournera au néant, et pendant le siècle suivant, des doctrines hérétiques au nombre de quatre-vingt-seize, seront opposées à la Loi de Bouddha. Mais le Bhikshu Açvaghosha (Mé-myô) viendra, qui brisera ces hérétiques, et pendant le septième siècle, un Bhikshu nommé Nâgârjuna (Ryû-ju) achèvera de détruire la bannière des Infidèles et rallumera le flambeau de la Loi juste ». Ainsi dans le Hînayâna-sûtra même, Bouddha annonce clairement, à sept siècles de distance, l’action de Nâgârjuna. D’ailleurs, si tout homme a honte de falsifier les textes sacrés, comment soupçonner un grand homme comme Nâgârjuna d’une pareille contrefaçon ? Et quelle raison de prédire dans les sûtras des deux Yânas la venue d’un homme qui ferait une telle chose ? Que les hommes jaloux et injustes accordent confiance à quelque faux rapport, soit ; mais les véritables Bouddhistes sauront toujours reconnaître la vérité.

Nous allons maintenant examiner l’origine du Çata-Câstra (Hyaku-ron). Un jour le Bodhisattva Deva se dit : « Pour que les branches de l’arbre meurent, il faut arracher la racine ; pour que la vraie doctrine puisse être enseignée partout, il faut l’enseigner d’abord au roi et le convertir le premier ! » Il prit la lance, se fit garde du palais, devint rapidement chef, réorganisa l’armée, rétablit la discipline, simplifia et éclaircit tous les règlements ; les soldats se soumirent avec empressement à son autorité et le roi, pour lui prouver sa satisfaction, lui demanda ce qu’il désirait en récompense. Deva répondit : « J’ai étudié longtemps : ma science est profonde et étendue ; je voudrais discuter en présence de Votre Majesté avec les représentants de toutes les doctrines. » Le roi ayant acquiescé à sa demande, Deva fit dresser sur la place publique une tribune élevée et proposa le sujet suivant qu’il fit afficher sur les murs de la ville :

« Parmi tous les hommes saints, Bouddha est le plus grand.
Parmi toutes les lois, celle de Bouddha est la plus juste.
Parmi tous les sauveurs du monde, le Saṃgha (église bouddhiste est le plus sûr.
À celui qui réfutera ces vérités que j’affirme, j’offre ma tête. »

Un grand nombre de savants s’assemblèrent et prétèrent le serment de livrer leur tête s’ils étaient vaincus dans le débat ; mais Deva leur répondit : « Notre but est de faire régner la fraternité parmi les hommes ; nous ne voulons pas votre mort : mais si je l’emporte sur vous, vous raserez vos cheveux et deviendrez mes disciples. » Les conditions ainsi réglées, la discussion s’ouvrit ; tous furent vaincus ; les uns dès la première journée ; les autres, au bout de deux ou trois jours ; Deva triompha ; trois mois après, plus d’un million d’hommes se convertirent. Deva se retira alors dans la forêt et écrivit alors les discours qu’il avait tenus aux hérétiques dans cette discussion mémorable ; il composa ainsi le Çata-Çâstra, divisé en dix chapitres, où il réfuta les erreurs des hérétiques et aussi les fausses croyances de certains Bouddhistes.

Quant à la doctrine de cette secte qui n’est ni celle du Mahâyâna ni celle du Hînayâna, elle peut se résumer en ces quelques mots : « La vérité n’est rien que l’état d’esprit de ceux qui arrivent au point de la non-acquisition où l’idée du néant et de l’existence disparaît absolument. L’homme dont la juste méditation a atteint cette profondeur devient Bouddha. »


  1. D’après le chinois.
  2. Il est plus correctement Kiu-tchi en Chinois.
  3. C’est une ancienne province nommée Wu de la Chine méridionale ; maintenant elle appartient au Ki’ang-sou-sing.
  4. L’hymne du Rik où l’on voit les quatre castes sortir des quatre parties du corps de Purusha, est le fameux Purusha-sûkta.