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Le Bouddhisme au Tibet/Chapitre 17

La bibliothèque libre.
Traduction par Léon de Milloué.
Texte établi par Musée Guimet, Impr. Pitrat Ainé (p. 243-282).


CHAPITRE XVII

DESCRIPTION DE DIVERSES TABLES EMPLOYÉES EN ASTROLOGIE

Importance attribuée à l’astrologie. — I. Tables pour indiquer les périodes heureuses ou malheureuses : 1. Eléments et animaux cycliques ; 2. Esprits des saisons ; 3. Figures et oracles pour déterminer le caractère d’un jour donné. — II. Tables de direction dans les entreprises importantes : 1. La tortue carrée ; 2. La tortue circulaire. — III. Tables de destinées pour les cas de maladies ; 1. Figures humaines ; 2, Figures allégoriques et dés. — IV. Tables de mariages : 1. Tables avec nombres ; 2. Tables avec animaux cycliques. — V. Table de divination formée de nombreuses figures et de sentences.

IMPORTANCE ATTRIBUÉE À L’ASTROLOGIE

Comme tous les peuples primitifs, les Tibétains attribuent une influence considérable sur le bien-être de l’homme dans l’existence actuelle et dans celles qui suivront, à la position du soleil par rapport aux constellations et aux planètes, à l’intervention active et directe des dieux et des esprits, etc. Ils prêtent à leurs prêtres, les Lamas, le pouvoir de décider si les circonstances sont favorables ou mauvaises, de contrebalancer l’effet d’influences pernicieuses pour l’homme et d’obtenir l’assistance des esprits bienveillants. Ce résultat, ils cherchent à l’atteindre par certaines cérémonies et par diverses offrandes. Presque toutes les affaires individuelles sont précédées d’une cérémonie[1] qui, pour être efficace, n’exige pas l’assistance d’un lama particulier ; cependant les services d’un lama en grande réputation de sainteté sont réputés accroître les chances de réussite de la cérémonie. Mais quand il s’agit de la science de divination, dont le but est de déterminer le caractère particulier d’un jour, la résidence des dieux à un moment donné, etc., les lamas n’ont pas tous les mêmes pouvoirs. Dans tous les cas importants, tels que ceux qui intéressent la prospérité publique, ou dans les occasions solennelles, telles que le mariage ou la mort de personnes de qualité ou opulentes, ou s’adresse à ceux qui ont fait une étude approfondie de l’astrologie ; pour les cas secondaires tous les lamas sont suffisamment aptes à donner les indications demandées.

Chaque monastère possède au moins un lama « devin », qui est appelé l’« Astrologue » ; aux plus importants sont attachés les fameux astrologues Choichong[2].

Ceux-ci ont une école particulière au monastère de Garmakaya à Lhassa, tandis que les astrologues ordinaires sont initiés à la science par quelques vieux prêtres : la partie principale de leurs travaux préparatoires consiste en l’étude approfondie de nombreux ouvrages mystiques. Les prédictions de ces astrologues sont, suivant leur dire, le résultat de calculs mathématiques, combinés avec l’observation exacte des phénomènes qui peuvent exercer une influence sur le cas en question. Ces phénomènes varient considérablement, ainsi que leur importance. Il y a pourtant, pour leur interprétation, certaines règles dont le développement fait l’objet d’un grand nombre de livres astrologiques. La confiance accordée aux Lamas sur ce sujet, tient en grande partie au secret qu’ils savent garder sur les combinaisons qu’ils emploient et les cérémonies qu’ils accomplissent ; ils les cachent scrupuleusement aux Tibétains, aussi bien qu’aux Européens. Chibou-Lama lui-même, qui dans son commerce avec les Européens avait dépouillé maintes superstitions, se montra très réservé pour communiquer à mon frère Hermann la clef des dessins symboliques et autres objets du même genre ; cependant ni Chibou ni aucun autre lama ne montrèrent jamais la moindre hésitation à vendre ces objets, quand on ne leur demandait pas d’explications précises. La bibliothèque de Saint-Pétersbourg ne possède que peu d’ouvrages où ces règles d’interprétation soient expliquées.

Chaque province a ses principes particuliers de divination et ne connaît qu’à peine les opérations et les formules pratiquées chez ses voisins. Beaucoup de tables et de dessins symboliques, que nous décrirons plus loin, étaient entièrement nouveaux pour le lama Gombojew, quand je le priai de me transcrire en lettres capitales les formules qui, dans l’original, étaient écrites en petits caractères.

La manière vague dont s’expriment les naturels quand ils essayent quelque explication même sur des sujets moins mystiques que l’astrologie et la divination, augmente encore la difficulté d’obtenir des renseignements exacts. Ce sera mon excuse si les détails qui suivent ne sont pas aussi complets et aussi satisfaisants qu’on pourrait le désirer. En outre je n’ai guère osé les modifier, parce que tels qu’ils sont, ils font mieux connaître les notions des Tibétains sur les phénomènes naturels et les attributions de leurs dieux.

Voici la description des diverses tables et leurs usages :

1° Tables pour indiquer les époques heureuses ou malheureuses ;

2° Tables de direction pour déterminer vers quelle partie de l’horizon on doit se tourner en priant et quelle direction ou doit prendre quand on sort pour une entreprise importante ;

3° Tables de destinée, consultées dans les cas de maladies ;

4° Tables de mariage, employées pour connaître les chances de bonheur d’une union projetée ;

5° Tables de divination, avec un grand nombre de figures et de sentences.


I. TABLES POUR INDIQUER LES ÉPOQUES HEUREUSES OU MALHEUREUSES.
1. Éléments et animaux cycliques

Les règles qui se rapportent au calendrier, comme dans la table que nous décrivons ici, sont pour la plupart des combinaisons des figures employées dans la chronologie, c’est-à-dire les douze animaux cycliques et les cinq éléments. Le nom technique d’une table semblable est Gabtsis (voyez page 177). Dans l’exemple actuel, les combinaisons divinatoires composent un grand rouleau assez semblable aux livres de l’antiquité classique, sur lequel sont dessinées presque toutes les figures que nous allons décrire successivement. Cet exemplaire vient de Lhassa ; Hermann le trouva à Dardjiling et s’empressa de l’acheter. Le Gabtsis se compose de huit lignes.

MMMMMNi1. 30 éléments.
MMMMMNi2. Couleurs des éléments.
MMMMMM3. 60 animaux cycliques.
MMMMMM4.
MMMMMM5.
MMMMMM6.
Trois rangs de nombres.
MMMMMM7. Sentences actuellement effacées.
MMMMMM8. Têtes des animaux.
Longueur totale : 2 pieds 1 pouce anglais ; largeur, 4 pouces.
La première et la seconde ligne sont divisées chacune en trente compartiments ; la première contient les figures conventionnelles des éléments[3], la seconde leurs couleurs.

Voici la série de ces figures, de ces couleurs et des objets figurés :

Nos FIGURES DE LA PREMIÈRE LIGNE COULEURS
de
la deuxième ligne
ÉLÉMENTS
désignés

1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
29
30

Cône de sacrifice[4] 
Flammes. 
Arbre (symbole du principe vital)[5]
Un bassin, rempli de fruits[6]
Un cône de sacrifice. 
Flammes. 
Vagues. 
Ornements sur la base d’un Chorten. 
Une conque[7]
Un arbre. 
Une rivière dans un défilé. 
Un temple fortifié. 
Flammes. 
Un arbre. 
Une rivière dans un lit étroit. 
Des clous (le Pbourbou)[8]
Flammes sur un autel. 
Un arbre. 
Deux autels. 
Un cône de sacrifice et un bassin. 
Flammes. 
Une cascade. 
Le socle d’un Chorten. 
Deux epées croisées. 
Un arbre. 
Un plat avec des mets 
Coteaux avec des arbrisseaux[9]
Flammes 
Un arbre 
Une cascade. 

Blanc.
Rouge.
Vert.
Jaune.
Blanc.
Rouge.
Bleu.
Jaune.
Blanc.
Vert.
Bleu.
Jaune.
Rouge.
Vert.
Bleu.
Blanc.
Rouge.
Vert.
Jaune.
Blanc.
Rouge.
Bleu.
Jaune.
Blanc.
Vert.
Bleu.
Jaune.
Rouge.
Vert.
Bleu.

Fer.
Feu.
Bois.
Terre.
Fer.
Feu.
Eau.
Terre.
Fer.
Bois.
Eau.
Terre.
Feu.
Bois.
Eau.
Fer.
Feu.
Bois.
Terre.
Fer.
Feu.
Eau.
Terre.
Fer.
Bois.
Eau.
Terre.
Feu.
Bois.
Eau.


Annales du Musée Guimet
T. III, Pl. XLI

Table pour indiquer les époques heureuses ou malheureuses, ainsi que les chances d’une entreprise
Table pour indiquer les époques heureuses ou malheureuses, ainsi que les chances d’une entreprise
TABLE POUR INDIQUER LES ÉPOQUES HEUREUSES OU MALHEUREUSES, AINSI QUE LES CHANCES D’UNE ENTREPRISE.

Nous voyons par cette liste que quatre fois le même élément se représente après trois autres, et deux fois après six.

La troisième ligne nous montre les douze animaux cycliques sous la forme humaine, debout et revêtus d’habits religieux, mais avec la tête d’un animal.

Voici les couleurs de la tête, de la robe et de la ceinture :

Nos NOM DE L’ANIMAL COULEUR
de la tête
COULEUR
de l’habit
COULEUR
de la ceinture

11
12
13
14
15
16
17
18
19
10
11
12

Le rat. 
Le bœuf. 
Le tigre. 
Le lièvre. 
Le dragon. 
Le serpent. 
Le cheval. 
La brebis. 
Le singe. 
L’oiseau. 
Le chien. 
Le porc. 

Bleu.
Jaune.
Vert.
Vert.
Jaune.
Rouge.
Rouge.
Jaune.
Blanc.
Blanc.
Jaune.
Bleu.

Vert.
Vert.
Rouge.
Rouge.
Jaune.
Jaune.
Blanc.
Blanc.
Bleu.
Bleu.
Vert.
Vert.

Vert.
Bleu.
Vert.
Jaune.
Vert.
Bleu.
Blanc.
Rouge.
Vert.
Bleu.
Blanc.
Rouge.

La couleur de la tête est importante pour déterminer les jours heureux ou malheureux ; si elle s’accorde avec celle du jour de naissance du consultant, le jour est néfaste ; mais quelques offrandes au dieu tutélaire peuvent contrebalancer les chances de malheur.

Les quatrième, cinquième et sixième lignes sont composées de chiffres tibétains dans des cases teintées des couleurs respectives de ces nombres. Cent quatre-vingts nombres y sont inscrits ; soixante dans chaque série horizontale. Ils se suivent dans l’ordre ci-contre :

198765432198765432198765432198765432198765432198765432198765432
198765432198765432198765432198765432198765432198765432198765432
198765432198765432198765432198765432198765432198765432

Ces chiffres ont tous une couleur constante pour chacun d’eux, mais qui peut être la même pour plusieurs des neuf chiffres ; 1 est blanc : 9, rouge ; 8, blanc ; 7, rouge ; 6, blanc : 5, jaune ; 4, vert ; 3, bleu ; 2. noir. Ces chiffres ainsi colorés sont appelés les « neuf taches », en tibétain Mebagou, en mongol Mangga[10]. La succession des Mébas a une grande importance à plusieurs égards ; elle sert principalement à indiquer les années particulièrement dangereuses pour l’existence, et qui, selon les croyances tibétaines, se représentent tous les dix ans ; ce sont, disent-ils, les années où « la naissance-Méba doit se consolider ». La naissance Méba est le chiffre de la cinquième ligne (la seconde des séries reproduites ici), qui, par hasard, se trouve juste au-dessous de l’animal dans le signe duquel le consultant est né. Dans l’arrangement que nous avons décrit cette Méba reparaît tous les dix ans ; elle est aussi le centre de neuf compartiments dont les chiffres sont exactement conformes à ceux d’un groupe distant de dix ans, vingt ans, etc. Les dangers présagés par la coïncidence de ces années critiques avec les « consolidations de la naissance-Méba », peuvent être détournés par la cérémonie Ruibal Chenpoï dokjed, « détourner (les maux) au nom de la grande Tortue[11] », que les riches font célébrer, à leur profit, par les lamas, quand ces années se présentent.

Dans la septième ligne étaient écrites sept sentences, mais elles étaient déjà presque entièrement effacées quand mon frère Hermann se procura cet original.

Dans la huitième ligne sont reproduites les têtes des soixante animaux, par deux dans chaque compartiment pour indiquer les phases de la lune.

Une autre table, destinée au même usage, qu’Adolphe s’est procurée à Gnary Khorsoum, a la forme d’un carré ; au centre, autour d’une tortue, les douze animaux cycliques sont groupés par trois fois ; dans la première série chacun d’eux figure une fois ; ils sont répétés cinq fois dans les deux autres groupes pour former le nombre soixante. Nous remarquerons, comme une curieuse dérogation à la liste d’animaux ci-dessus indiquée, que nous y trouvons un éléphant à la place du bœuf. Entre les deux espaces que remplissent les animaux sont tracées cent quatre-vingts cases teintées à la couleur des Mébas et contenant les chiffres correspondants. Dans les autres divisions du carré se trouvent les symboles du soleil, de la lune et des planètes, Mars, Mercure, Jupiter, Vénus et Saturne (voyez page 188), qui alternent avec des carrés renfermant les neuf Mébas.

2. Esprits des saisons

Parmi les causes qui l’ont les jours fastes ou néfastes sont comprises les migrations périodiques des esprits qui habitent les régions supérieures à la terre. La croyance populaire veut que les esprits bons ou méchants changent de demeure, les uns chaque jour, les autres au moment des phases de la lune, au commencement des saisons, etc. Ils accomplissent leurs migrations plus ou moins rapidement ; aussi la combinaison des esprits varie-t-elle pour chaque jour. Il est très important, à ce que l’on croit, de savoir quels esprits sont arrivés le jour où on commence une entreprise ; si les bons esprits sont plus nombreux que les mauvais, le jour sera heureux, surtout si la divinité tutélaire de la personne se trouve parmi les bons esprits. Cette croyance offre naturellement un vaste champ d’intrigues aux lamas, qui seuls sont capables de connaître les mouvements des esprits. Il faut surtout prendre garde à la résidence de quatre démons, qui sont représentés dans les tables astrologiques sous la figure : 1° d’un chien noir ; 2° d’un monstre à corps humain avec une queue de dragon, qui représente un Mâhôraga, en tibétain Tophye Chenpo ; 3° d’un cavalier ; 4° enfin d’un oiseau fabuleux, le Garouda. Leurs images sont toujours entourées d’un double cadre carré ; le cadre intérieur est divisé en douze cases, dans chacune de celles-ci est écrit le nom d’un animal cyclique ; dans le cadre extérieur sont des Dharanis qui ont la propriété de neutraliser les tentatives malfaisantes des démons, (chacun de ces démons préside à une saison ; le chien noir régit le printemps ; le Mâhôraga, l’été ; le cavalier l’automne ; l’oiseau Garouda l’hiver.

Nous donnons ici un dessin de la disposition d’une de ces tables ; les carrés indiquent la position de chacun des quatre démons ; les nombres, placés alentour, donnent la succession des noms des douze animaux cycliques ; l’espace extérieur contient les Dharanis.

           
5 6 7 8
4 Chien noir
Démon
9
3 10  
2 1 12 11
           
           
5 6 7 8
4 Dragon
Démon
9
3 10  
2 1 12 11
           
           
5 6 7 8
4 Cavalier
Démon
9
3 10  
2 1 12 11
           
           
5 6 7 8
4 Oiseau
Démon
9
3 10  
2 1 12 11
           
3. Figures et oracles pour déterminer le caractère d’un jour donné

Un jour qui devrait être heureux, d’après son numéro dans la série des jours de l’année, peut devenir néfaste, pour une personne prise en particulier, par suite de circonstances provenant du moment de la naissance et autres époques importantes de l’existence. Il y a cependant des jours heureux en dépit de toutes les circonstances, tandis que d’autres sont fatalement néfastes. La stabilité ou l’inconstance du trentième jour de chaque mois est révélée par des tables divisées en trente compartiments principaux ; dans les cases se trouvent les figures symboliques de chaque jour, et au-dessous de chacune d’elles une sentence mystique révèle son caractère. Par ces tables on peut prédire si les chances de réussite d’une entreprise seront augmentées par le caractère du jour, ou s’il est nécessaire de s’adresser à un lama pour savoir de quel démon ou de quelle direction vient le danger qui menace, et indiquer les moyens de l’éviter. Le lama a recours, pour répondre à ces questions, aux computations les plus compliquées ; les animaux cycliques et les éléments de l’année, la résidence de la divinité tutélaire, la naissance-Méba et maintes autres choses encore doivent être prises en considération. Seuls les astrologues les plus experts possèdent les connaissances nécessaires à ces computations délicates ; par conséquent la rémunération qu’ils exigent pour leur assistance est très élevée, et les riches seuls peuvent se faire expliquer les causes qui rendent un jour heureux, un autre malheureux. Selon les dires de Chibou Lama, ces tables ne sont consultées que par les Râjas, et les exemplaires du livre où ces calculs sont détaillés sont très rares dans les pays bouddhiques ; il fut impossible de s’en procurer aucun exemplaire à Sikkim.

La table, que nous allons décrire, faisait aussi partie du grand rouleau acheté par Hermann pendant son voyage en 1855 ; il réussit à obtenir quelques éclaircissements sur le sens général des sentences. J’en continuai l’analyse, en faisant d’abord transcrire les sentences, qui dans l’original étaient écrites en petits caractères ; cela ne put se faire que très imparfaitement, parce que le frottement résultant du fréquent usage des ces tables avait rendu illisibles la moitié des carrés ; j’y trouvai aussi tant de mots inconnus dans la littérature tibétaine, que je ne pus en déchiffrer que très peu avec une certitude suffisante ; je les ajoute, entre parenthèses, aux explications verbales des naturels.

Voici la description de cette table :

En haut dans le coin gauche (place marquée n° i) Mandjousri[12] est représenté assis sur un trône ; dans le coin opposé (n° ii) est le glaive de sagesse, emblème de sa science supérieure ; chacune de ces deux figures occupe l’espace longitudinal de deux carrés et la largeur d’un. Le reste de la planche est rempli par les trente figures suivantes et leurs sentences correspondantes.

Bien que la disposition en soit très simple, le dessin combiné avec les numéros aidera le lecteur à se représenter la position des symboles ;

1 1 2 3 4 5 6 11
           
7 8 9 10 11 12 13 14
               
15 16 17 18 19 20 21 22
               
23 24 25 26 27 28 29 30
               

1° Un oiseau, bon ;

2° Un éléphant, médiocre ;

3° L’oiseau Garouda, bon ;

4° Une roue, symbole bouddhique qui figure l’enseignement des Bouddhas, ainsi que le cercle de l’existence et le pouvoir suprême du roi fabuleux Chakravartin[13]. Bon présage.

5° Un oiseau ; mauvais. (Mots écrits en-dessous ; neuf, oiseau, danger, démon, tigre ; dgu, bya, gnod, ’dre, stag.)

6° Une boîte avec un cadre ; médiocre ;

7° Pot à garder l’eau pour le culte ; bon.

(Treize, souris, bœuf, deux ; bchu, bsum, byi, g̣lang, gzhis.)

8° Les neuf Mébas arrangés dans un cercle semblable au centre de la tortue que l’on verra plus loin, médiocre.

9° Un léopard, bon ;

10° Un lion, bon ;

11° La trinité sainte, Bouddha, Dharma, Sangha[14], figurée par trois pierres précieuses dans une boîte d’or, bon ;

(Dix-sept, armure, bouclier, bon ; bâton, oiseau, singe, deux, de, perpétuel ; ḅchu ḅdum, go, Khrab, ḅjong, ber, bya, ṣprel, g̣rhis, nas ṛtag.)

12° Un daim, pas très bon ;

13° Neuf crânes humains, mauvais ;

14° Un instrument pour sonner pendant le culte, bon ;

15° Deux paons, médiocre ;

16° Un cheval, bon ;

17° Un autre oiseau, médiocre ;

18° Un serpent, médiocre ;

(Trois dordjes, un agneau, oiseau, serpent, deux, de, perpétuel ; g̣sum, ṛdorje, lu-gu, bya, ṣbrul, g̣nyis, nas ṛtag.)

19° L’arbre bleu, couleur de turquoise, bon ;

20° Un homme malade, endormi étendu sur une chaise, mauvais.

(Deux lièvres, dormant, rafraîchissement, motif, honneur, de, perpétuel ; g̣nyis, yos, nyal, du, sim, ṛgya, mi, nas ṛtag.

21° Un homme à trois têtes, mauvais. (Le vingt-neuvième, tête, trois, porc, lièvre, perpétuel ; uyer, ḍgu-pa, ṃgo, gsum, phyag, yos, ṛtag.)

22° Le Svastica, symbole bouddhiste que l’on voit fréquemment sur les images, bon.

23° Un temple dans le style de celui de Lhassa ; bon.

24° Un yak ; bon.

25° Un dordje ; bon.

26° Un dragon, bon (le quatrième des bons) ; brebis, deux, de, perpétuel ; bzhi-pa, bon, kyi, lug, g̣nyis, nas, ṛtag.

27° Un autre oiseau, mauvais. Le dix-neuvième, oiseau, souris, bœuf, deux, de, perpétuel ; ḅchu-ḍgu, pa, bya, byi, g̣lang, g̣nyis, nas, rtag.)

28° Un homme sans tête, le pire de tous. (Trente-trois, homme, cadavre, huit, du ventre, oiseau, singe, de, dessus, perpétuel ; nyer, g̣’sum, mi, ro, ḅrgyd, g̣rod-gyi, bya, spul, nas, yas, ṛtag.)

29° Le dordje, bon. (Vingt-sept, singe, perpétuel ; nyer, bdun, sprel, ṛtag.)

30° L’écaille de la tortue, bon. (Trente, fleur de lotus, feuille, huit, chien, tonnerre, deux, le premier, perpétuel ; sum-ḅchu, padma, ḅab, bṛgyad, gyi, brug, g̣nyis, yas, ṛtag.)

II. tables de direction dans les entreprises importantes

1. La Tortue carrée

La figure essentielle de ces tables est une tortue, dont les pieds ont souvent la forme de mains (voyez planches XXXIII, XXXIV, XXXV) ; son écaille forme de nombreux compartiments, dans chacun desquels est tracée quelque figure allégorique symbole d’une partie ou d’une direction de l’univers. Les boudhistes tibétains croient que la terre repose sur la tortue ; c’est pour rappeler cette croyance qu’on la représente ordinairement entourée d’eau, qui figure l’Océan qui baigne les rivages des divers continents. Voici la légende qui s’y rapporte et que Pallas a aussi trouvée dans les tribus mongoles[15] :

Toutes les fois que l’univers, après sa destruction, doit être reconstitué, le chaos, masse fluide et incohérente, est un peu séché par les vents et les ingrédients liquides se séparent des solides. À l’époque de la création de notre monde, Mandjousri fit émaner de lui-même une tortue gigantesque, qui flotta sur ce chaos. Considérant alors, comme dieu de sagesse, que les continents qui allaient se former avaient besoin d’une base solide, il s’élança dans l’atmosphère et lança une flèche d’or qui frappa la tortue dans le flanc droit ; par suite de cette blessure, la tortue renversée s’enfonça dans la masse chaotique perdant son sang par ses blessures, laissant derrière elle ses excréments, vomissant le feu et augmentant ainsi les molécules élémentaires dissoutes dans l’eau ; quand le monde se consolida, elle devint la base de l’univers, qui repose maintenant sur le côté plat de son écaille inférieure.

Cette surface est désignée positivement, dans toutes les représentations que j’ai vues, comme l’écaille de dessous et non le dos de la tortue. La tête est relevée pour montrer la face, et, ce qui est encore plus concluant, les mains humaines données à la tortue, ont distinctement une position du pouce qui en indique le dessous à l’observateur. Quand il s’agit d’astrologie, cette partie inférieure de l’écaille de la tortue est dessinée tantôt ronde, tantôt carrée, ce qui nécessite une disposition tout à fait différente des parties qui la composent.

L’esquisse ci-jointe indique la distribution des compartiments ; les nombres que j’y ai inscrits se rapportent aux figures qui seront expliquées par la suite.

Au centre est tracé un cercle avec huit Mébas dans cet ordre :

Figure de la Tortue carrée
Figure de la Tortue carrée

Ici le carré central est vide, mais dans d’autres dessins de la tortue, il contient un chiffre.

Un cadre carré entoure le cercle et forme la seconde division ; ses cases contiennent les douze animaux cycliques (leur position est indiquée sur l’esquisse par les chiffres de 1 à 12) ; il renferme aussi les signes symboliques des quatre principaux coins de l’univers : no 13, feu, flammes = Nord ; no 14, fer (deux angles figurant le Phourbou) = Est ; no 15, eau, vagues = Sud ; no 16, arbre (feuilles) = Ouest. Le reste de l’écaille est fractionné en huit principales divisions nos 17 à 24 de l’esquisse), qui sont séparées par un cadre à doubles lignes ; chacune d’elles est encore divisée en neuf compartiments. Au centre de chacun de ces groupes, se trouve un signe mystique, une des « huit formes symboliques », en tibétain Parkha Chakja Chad, figurant huit régions de l’univers, qui sont au nombre de dix[16]. En astrologie on leur donne des noms mystiques et on les symbolise ordinairement par les signes suivants :

Nord. Li, feu (n° 17).
Nord-est ; Khon, terre (18).
Est. Da, fer (19)
Sud-est. Khen, cieux (20)
Sud. Kham, eau (21)
Sud-ouest. Gin, montagne (22)
Ouest. Zin, arbre (23)
Nord-ouest. Zon. air (24)[17].

Toutefois ces signes ne sont pas exclusivement employés dans cette forme ; on peut quelquefois trouver d’autres termes plus utiles ou plus puissants contre l’influence des démons, et les astrologues en renom en inventent assez souvent de nouveaux ; un spécimen de ces variantes est représenté sur la planche XXXV ; voici ces signes :

Nord ; feu Nord ; feu   Sud ; eau Sud ; eau
Nord-est ; terre Nord-est ; terre   Sud-ouest ; montagne Sud-ouest ; montagne
Est ; fer Est ; fer   Ouest ; arbre Ouest ; arbre
Sud-est ; ciel Sud-est ; ciel   Nord-ouest ; air Nord-ouest ; air

Les huit autres figures des petits carrés sont les mêmes dans chaque groupe ; elles sont probablement des symboles des huit régions, et chacune possède en outre une signification mystique. Le trident est le nord ; le Phourbou, l’est ; cinq démons redoutés dont l’apparition cause la mort prématurée et d’autres malheurs, sont symbolisés par les cinq taches, cinq taches, symbole de 5 démons, ils indiquent le sud. Le Dordje représente l’ouest.

Parmi les autres figures il faut encore signaler des parties du corps humain, les unes mâles, les autres femelles. Leur position relative varie, et chaque combinaison indique la région voulue pour un but donné, tel que le point où il faut diriger les prières et le Phourbou afin d’éloigner les démons avec succès ; la direction qu’un fiancé ou un guerrier doivent prendre en quittant leur demeure, etc.

Il y a diverses circonstances à observer pour découvrir la région demandée ; de tous les nombreux livres qui traitent de ce sujet, ceux qui renferment la plus grande variété de règles sont : le Yangsal Doini (déjà cité p. 182 et 192), le Choungpa koundous tsis, et le Thang-skin-gi-thsis. Les astrologues font beaucoup de difficultés pour communiquer ces lois ; cela rendrait leur art trop populaire et le dépouillerait du caractère de science occulte et de mysticisme sublime dont ils l’ont décoré. Je ne puis dire que ceci : une quantité de chiffres, correspondants au nombre des années du questionneur, sont inscrits successivement dans les neuf compartiments d’un cercle ; ils suivent l’ordre dans lequel les noms symboliques des quartiers du monde sont énumérés dans les vers suivants :

« Le centre, les cieux, le fer, la montagne, et
Le feu, l’eau, la terre, l’arbre, l’air, tournant ».

Air
(Nord-Ouest)
Feu
(Nord)
Terre
(Nord-Est)
Arbre
(Ouest)
Centre Fer
(Est)
Montagne
(Sud-Ouest)
Eau
(Sud)
Cieux
(Sud-Est)

Le centre signifie le nadir, la dixième des régions de l’univers reconnues par les Tibétains (la neuvième, le zénith, est omise). La succession des nombres dépend de ceux qui prennent la place du nadir ; je ne sais pas quel nombre doit occuper le centre, on m’a seulement averti de faire attention au sexe, parce que le nombre central est tantôt mâle, tantôt femelle.

Quand on connaît le nombre central, on groupe les autres de telle sorte que le nombre le plus élevé soit écrit dans le compartiment des cieux, celui qui le suit par ordre de valeur dans la case du fer et ainsi de suite comme les vers l’indiquent. Si on arrive au nombre 9, ce n’est pas 10 qui doit suivre, mais on reprend les série par 1, 2 etc., jusqu’à ce que le nombre des chiffres inscrits égale celui des années du consultant. Le caractère essentiellement mystique des règles qui régissent la distribution des Mébas paraît clairement indiqué par celles qui règlent l’influence du sexe sur le calcul ; elles sont réunies en forme de vers, ainsi qu’il suit :

« Les années d’un homme doivent être comptées par le signe des cieux en se dirigeant vers le signe Bon ;

« Les années d’une femme se comptent comme la doctrine[18] (chhos). »

Pour faciliter la correction de l’inscription des nombres dans l’ordre voulu, les images de la tortue, outre le cercle central avec les neuf compartiments et les chiffres inscrits dans l’ordre réglementaire, sont pourvues d’un appendice de huit autres cercles, qui indique la succession des nombres dans le cas où le chiffre 9 ne se trouverait pas au centre. Ainsi notre grand rouleau contient, en caractères tibétains, les huit combinaisons suivantes, encadrées par des cercles :

1 6 8   3 8 1   8 4 6   6 2 4
9 2 4   2 4 6   7 9 2   5 7 9
5 7 3   7 9 5   3 5 1   1 3 8
9 5 7   5 1 3   7 3 5   2 7 9
8 1 3   4 6 8   6 8 1   1 3 5
4 6 2   9 2 7   2 4 9   6 8 4
2. La tortue circulaire
La tortue circulaire
La tortue circulaire

L’écaille de la tortue est souvent dessinée en forme de cercle ; on emploie principalement cette forme pour calculer, par la combinaison des planètes avec les constellations à l’instant de la naissance d’un individu, de sa naissance Méba et d’autres moments, à quelle divinité il devra s’adresser comme dieu tutélaire dans chaque année du cycle de soixante ans. Sa surface présente :

1er Compartiment. Un espace central circulaire, contenant les neuf Mébas, absolument semblable à la partie centrale de l’écaille de la tortue carrée décrite page 200.

Compartiments de 2 à 9. Ce sont huit circonférences concentriques, subdivisées chacune en huit parties par huit rayons. Les soixante-quatre cases ainsi formées renferment les nombres que j’indique ici dans leur ordre cyclique ; nous commençons par le point u sont placés les chiffres dans le précédent dessin, en parcourant la circonférence de gauche à droite :

2me 1 3 8 7 2 9 4 5
3me 2 4 9 8 3 1 5 6
4me 3 5 1 9 4 2 6 7
5me 4 6 2 1 5 3 7 8
6me 5 7 3 2 6 4 8 9
7me 6 8 4 3 7 5 9 1
8me 7 9 5 4 8 6 1 2
9me 8 1 6 5 9 7 2 3
Feu (Nord) Terre (Nord-Est) Fer (Est) Cieux
(Sud-Est)
Eau (Sud) Mont
(Sud-Ouest)
Arbre
(Ouest)
Air
(N.-Ouest)

Au bas de chaque colonne j’ai ajouté comme éclaircissement les noms élémentaires de chaque espace et leur position dans l’horizon ; si nous examinons ces couleurs élémentaires dans la succession de cieux, fer, montagne, feu, eau, terre, arbre, air, nous remarquons tout d’abord que la succession

Annales du Musée Guimet. t. III, pl. XXXVIII.


FORMULES DE DIVINATION
TIRÉES D’UNE TABLE À FIGURES DE LHASSA

I
POUR CALCULER LA DIRECTION FAVORABLE POUR UNE ENTREPRISE

1
དབུས་ནགན་གནམ་ལྕགས་རི་བོ་དང ། ། མེ་ཆུ་ས་ཤང་རྰུང་ལ་འཁར ། །

2
པོ་ལོ་བོན་བལོྐར་གནལ་གྷི་སྐོར ། ། མོ་ལོ་ནསམ་ཀྱི་ཅས་བསྐོ་བྱ ། །
II
pour prévoir l’issue d’une maladie

1
ཐད​​་ཤིང་དཔྲགས་སྔོན་པ་ཆགས་པ་དང་ཕྱི་མ་ཆགསསོ ། །

2
གཡུ་ཤི ་སངོག་མ་ཆགས་པ་དང་པྱི་མ་ཆགས་ཆགས་སོ ། །

3
དཔག་བསམི་ཤིང་ངུ་སྔོན་ཆགས་པ་པྱི་མ་ཆགསསོ ། །

4
་་་་་སྔོན་པ་ཏཔལ་ཥོས་ར་པྱི་མ་གྱུར་ཕྱེ་མ ། །

5
སྔོན་པ་ཤི་མིག་ཕྱི་མ་གསོད་སྙེག​ ། །


horizontale de ces nombres est exactement la même que dans les huit groupes de neuf divisions chacun, page 205, où la Méba la plus élevée est aussi inscrite dans l’ordre cieux, fer, etc.

10me Compartiment. Ce dernier cercle est divisé en soixante-quatre cases ; les noms des animaux cycliques (byi, glang, etc.) sont inscrits dans soixante de ces cases ; les quatre figures symboliques des quatre principaux points de la boussole occupent la même position que dans nos cartes géographiques ; Feu, ou nord, contre la tête de la tortue ; Phourbou ou est, à droite ; Eau ou sud, à la queue ; Feuilles, ou ouest, à la gauche.

III. table de destinée pour les cas de maladies

1. Figures humaines

Soixante figures humaines sont dessinées sur deux rangs ; on jette sur elles des grains ou de petits cailloux d’après la disposition desquels on prédit le développement et le résultat final de la maladie.

L’ordre de succession de ces figures et leurs accessoires, sont :


PREMIÈRE LIGNE   DEUXIÈME LIGNE
1. Une femme avec un crochet. MM 10. Un Lama tenant un vase.
2. Une femme avec une cuillère. MM
11. Un Lama tenant un livre dans sa main gauche.
3. Un homme avec un tison. MM 12. Une femme tenant un vase.
4. Un Lama avec un vase d’eau sur son dos.
MM
13. Une femme les mains levées comme pour prier.
5. Une femme succombant à la maladie.
MM
14. Une femme avec un vase à eau sur son dos.
6. Un homme les mains vides. MM
15. Une femme avec du fourrage dans la main.
7. Un Lama portant un chapeau garni de jaune.
MM 16. Un Lama avec un bâton sacré.
8. Une femme tenant un poignard. MM
9. Une femme tenant une cognée. MM

2. Figures allégoriques et dés
Nous trouvons ici une table de six pouces de long et de quatre de large, divisée en vingt-quatre parties.
1 2 3 4 5 6
7 8 9 10 11 12
13 14 15 16 17 18
19 20 21 22 23 24

Les carrés 1, 2, 3, 4, sont remplis par des figures des douze animaux cycliques par groupes disposés de telle sorte qu’un animal est monté par trois autres. Dans le cas actuel ce sont des figures préliminaires qui ont leur importance quand il s’agit de mariage, mais non quand il est question de maladies ; nous les expliquerons dans la section IV. Les carrés de 5 à 6 contiennent les objets et les sentences que l’on consulte pour les maladies, ce sont :

5. Deux arbres conifères.
6. Des édifices inondés.
7. Deux arbres conifères.
8. Un arbre.
9. Deux édifices sacrés.
10. Deux yeux.

Les sentences des cases dix à seize sont écrites en cursive avec abréviations, de sorte qu’il n’a pas été possible de reproduire le carré n° 12. Ces sentences suivent dans l’ordre donné par mon dessin[19] :

11. Le florissant (vert) arbre de vie sera brisé maintenant ou plus tard n° 1.
12. (L’arbre d’or sera brisé maintenant) ; cette sentence se trouve pourtant sous l’image des édifices inondés, où on ne saurait trouver aucune trace d’arbre.
13. L’arbre bleu couleur de turquoise sera brisé maintenant ou plus tard, n° 2.
14. L’arbre de Pag-bsam-shing sera brisé[20] maintenant ou plus tard, n° 3.
15. Les maisons et clôtures illustres seront détruites maintenant ou plus tard, n° 4.

16. Maintenant ou plus tard les yeux de la mort s’arrêteront sur vous[21], n° 5.

Les cases 19 à 24 représentent les six faces d’un dé. Les points des dés employés pour les prédictions sont par moitié noirs et blancs, et présentent la disposition suivante :


6 faces de dés
6 faces de dés

Les dés sont ou cubiques, comme ceux des Européens, ou des parallélépipèdes rectangulaires, quelquefois relativement très allongés. Dans ce cas deux de leurs côtés sont blancs.

IV. tables de mariages

1. Tables avec nombres

Une figure de ce genre nous présente une table de neuf carrés, redivisés chacun en neuf cases : celle du centre est rectangulaire, une courte sentence y est inscrite ; les huit cases environnantes contiennent chacun le nombre d’une Méba. Les numéros sont disposés connue dans la figure ci-dessous :


Figure de nombres de 1 à 9
Figure de nombres de 1 à 9

Les sentences placées dans les rectangles furent expliquées à Hermann ainsi qu’il suit :

I. Médecine du ciel, vraie.
II. Médecine du ciel, médiocre.
III. Médecine du ciel, en partie vraie.
IV. Imaginairement vraie, selon la science humaine.
V. De fortune moyenne, médiocre. (Le lama disait : Imaginairement vraie, mais douteuse.)
VI. Imaginairement vraie, et mauvaise par imagination.
VII. Foncièrement mauvaise.
VIII. Probablement mauvaise.
IX. Un peu meilleure que les mauvaises.

Les parents des jeunes fiancés consultent cette table en y jetant un grain sacré ; l’inscription du carré où le grain s’arrête donne le caractère général de la réponse au point de vue du bonheur du mariage projeté ; mais cette réponse permet une infinité d’interprétations, selon la naissance Méba des fiancés et la Méba du carré, s’il arrive que le grain s’arrête sur un nombre et non sur l’inscription ; il faut aussi tenir compte des éléments sous lesquels ils sont nés. À cet égard on admet généralement que si les éléments sous lesquels les deux fiancés sont nés ne s’accordent pas, c’est un présage de discordes et de querelles, à moins que l’élément le plus puissant ne soit neutralisé par des cérémonies, qui naturellement ne peuvent être efficaces que si elles sont célébrées par un lama. Dans les sentences suivantes sont détaillés les rapports des éléments ; leur texte tibétain se trouve planche XXXIX, 2.

« L’eau est mère du bois ; le feu est fils du bois.
Le fer est ennemi du bois ; la terre amie du bois.
Le fer est mère de l’eau ; le bois est fils de l’eau.
La terre est ennemie de l’eau ; l’eau est fille du fer.
Le feu est ennemi du fer ; l’eau est ami du fer.
Le feu est mère de la terre ; le fer est fils de la terre.
Le bois est ennemi de la terre ; le fer est ami de la terre. »

Évidemment ces notions sont fondées sur l’examen des conditions du développement et de la destruction des objets existants ; car le bois, les plantes

Annales du Musée Guimet. t. III, pl. XXXIX.


FORMULES DE DIVINATION
TIRÉES DE TABLES À FIGURES DE GNARI KHORSOUM

I
pour l’interprétation d’oracles
Les oracles auxquels se rapportent ces formules se trouvent planche XL
1 2
སཁར་གནས་ལོ་གྱིལ་པོ་ནས་རྕི་ས ། ། ཤིང་གེས་་་་མས་རྕིགས་སྟག་མས ། །
3 4 5
ཆྱ་སྟགནས་རྩས ། ། ས་སྟ་ག་ནས་རྩིས​ ། ། ལྕགས་སྟག་གཡོས་ནས་རྕི་ས ། །
6 7 8
མེ་གཡོས་ནས་རྩས ​། ། ཤང་གཡོས་ནཕ་རྩས ​། ། ཆུ་གཡོས་ནས་རྩས​ ། །
9 10 11
ཡར་ཀྱིས་གམསུ་ནས་རྩས ། ། མེསྟག་ནས་རྩས ། ། ཆུསྦྲེལ་ནས་རྩས ། །
12 13 14
ཡར་ཀྱིས་འྔ་ནས་རྩས ། ། མར་ཀྱིས་ལྔ་ནས་རྩས ། ། གནམ་ལོ་ནས་རྩས ། །


II
sentences versifiées traitant de l’influence bonne ou mauvaise
des éléments sur un mariage projeté

1 2
ཤིང་མ་ཆྱ་ལ་ཤིང་མེ ། ། ཤིང་དགྲ་ལྕགས་ལ་ཤིང་གྱགས་ས ། །
3 4
ཆུ་མ་ལྕགས་ལཆུ་བུ་ཤིང ། ། ཆུ་དགྲ་ས་ལ་ཆུ་གྲོགས་མེ ། །
5 6
ལྕགས་མ་ས་ལ་ལྕགས་བུ་ཆ ། ། ལྕགས་དགྲམེ་ལ་ལྕགས་གྲོགས་ཆུ ། །
7 8
ས་མ་མེ་ལ་ས་བུ་ལྕགས ། །

ས་དགྲ་ཤིང་ལ་ས་གྲོགས་ལྕགས ། །


croissent dans la terre et sont nourris par l’eau ; le bois fournit la matière du feu ; mais le bois ou les arbres sont coupés par le fer. Le fer[22] (sous forme de pelle) est indispensable pour les canaux d’irrigation, qui fournissent aux plantes (bois) l’eau nécessaire, dont une partie leur est enlevée par la terre, où elle s’enfonce et se perd[23]. Le feu permet l’usage de l’eau pour la cuisine et par là accroît son importance pour l’homme.
2. Tables avec animaux cycliques

Toutes les tribus de l’Asie centrale[24] admettent que l’affection et l’aversion sont produites par l’influence des divergences de nature des éléments qui composent le cycle de douze ans. Cependant les règles que les Tibétains ont établies à ce sujet sont fort arbitraires ; ils croient, par exemple, que l’oiseau cherchera querelle au cheval, etc. Ils ont six variétés de sentiments, soit, très grande affection, affection médiocre, indifférence, éloignement, haine, haine mortelle. La haine mortelle est incurable et sous de tels auspices les fiancés ne devraient raisonnablement pas se marier ; mais si les parties sont riches et libérales, on peut empêcher la haine de se déclarer. Toutes les autres influences des animaux peuvent se modifier ; on affaiblit ou on annule complètement celle qui est défavorable, on renforce et on accroît la bonne.

On voit fréquemment des figures dans les divisions desquelles ces animaux sont groupés ; les têtes de deux animaux sont dessinées dans une même division, ou bien leurs noms y sont inscrits. Quelquefois aussi un animal est monté par un monstre à forme humaine, portant la tête d’un ou même de plusieurs animaux cycliques. On détermine, en jetant les dés, si la haine ou l’éloignement seront funestes pour le jeune couple. Des tables de ce genre sont annexées au rouleau astrologique de Lhassa (voyez page 191).

Celle qui offre les combinaisons d’animaux par lesquelles on peut préjuger de la possibilité de sentiments d’aversion, est divisée en trente cases ; les douze carrés des deux premières colonnes montrent les têtes des animaux tournées dos à dos ; les autres contiennent leurs noms. Voici la série complète :


Tigre.
Singe.
Lièvre.
Oiseau.
Dragon.
Chien.
Serpent.
Brebis.
Cheval.
Rat.
Brebis.
Bœuf.
Lièvre.
Oiseau.
Tigre.
Singe.
Serpent.
Porc.
Dragon.
Chien.
Brebis.
Bœuf.
Cheval.
Rat.
Dragon.
Chien.
Bœuf.
Brebis.
Cheval.
Rat.
Lièvre.
Oiseau.
Singe.
Tigre.
Serpent.
Porc.
Serpent.
Porc.
Rat.
Cheval.
Bœuf.
Brebis.
Tigre.
Singe.
Oiseau.
Lièvre.
Dragon.
Chien.
Cheval.
Rat.
Porc.
Serpent.
Singe.
Tigre.
Bœuf.
Brebis.
Chien.
Dragon.
Lièvre.
Oiseau.
Brebis.
Bœuf.
Chien.
Dragon.
Oiseau.
Lièvre.
Rat.
Cheval.
Porc.
Serpent.
Tigre.
Singe.

Une autre combinaison présente les animaux qui peuvent être défavorables, sans l’être fatalement ; elle comprend quatre divisions, dans chacune desquelles est un animal monté par un monstre avec trois têtes d’animaux. Dans la première le porc est monté par l’oiseau, le serpent et le chien ; dans la seconde le singe sert de monture à la brebis, le rat et le tigre : dans la troisième le tigre porte le cheval, le bœuf et le singe ; dans la quatrième le dragon, le porc et le lièvre chevauchent sur le serpent. Ces figures sont celles des quatre premières cases de la table usitée dans les cas de maladies, décrite page 207.

V. table de divination formée de nombreuses figures et de sentences

Ce ne fut pas sans grande hésitation de la part des Lamas de Mangnang, Gnary Khórsoum qu’Adolphe et Robert purent se procurer cette table ; on leur assura à plusieurs reprises qu’il était impossible d’en avoir un autre exemplaire à moins de le faire venir de Lhassa, ce qui serait très long. Mes frères


Annales du Musée Guimet
T. III, Pl. XXXVII
Table de divination
Table de divination
TABLE DE DIVINATION.

n’ayant pas réussi à obtenir chez les Lamas de Mangnang des renseignements sur l’application de cette table, je m’adressai à M. Schiefner pour avoir des détails sur des objets analogues ; mais, bien qu’il mit beaucoup d’obligeance à rechercher ces matières, j’ai dû me borner à la traduction des inscriptions et interpréter les figures par l’analogie de leurs formes avec celles d’autres tables.

L’original a 21 pouces de long et 12 pouces de large ; sa partie principale est divisée en soixante-dix-huit rectangles qui contiennent chacun une figure ou une sentence, ou toutes les deux réunies ; quelques-uns pourtant sont vides. Sur les côtés deux bandes verticales sont ménagées pour recevoir des indications explicatives pour l’emploi de la table : une d’elles est vide pourtant. Pour faciliter l’explication je donne comme d’ordinaire le tracé des compartiments : là où on ne verra pas de chiffre, la case est vide dans l’original.


B A B
1 2 3 4 5 6 1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
7 8 9 10 11 12
13 14 15 16 17 18
19 20 21 22 23 24
25 26 27 28 29 30
31 32 33 34 35 36
37 38 39 40 41 42
43 44 45 46 47 48
49 50 51 52 53 54
56 57 28 59 60
61 62 63 64 65 66
68 69 70 71 72
75 76 77 78
 

Dans la traduction ci-jointe les sentences sont placées entre guillemets, pour les distinguer de l’explication des figures.

A. Table centrale avec ses figures et ses sentences

Les chiffres placés au commencement de la ligne se rapportent à ceux de la partie A du dessin ci-contre ; ceux qui se trouvent à la fin des sentences renvoient à la planche XL, où elles sont imprimées en caractères tibétains.

1. « La chaire céleste ; elle est vide ou ne l’est pas ». No 1.

2. Un lion.

3. « Le piège tressé glissera-t il à travers (sous l’objet), ou non[25] ? » N° 2, une corde tressée.

4. La peau d’un homme.

5. Les murs d’un édifice religieux.

6. « Toute trace de la résidence du roi de l’éloquence sera-t-elle perdue, ou non[26] ? » Un Lama.

7. « Le paon sous le trône des lions[27], sera-t-il victorieux ou non ? » (no 4).

8. Le paon sur un lion ; c’est le symbole du trône des lions.

9. « La résidence couleur de turquoise sera-t-elle détruite, ou non ? » La figure représente un autel surmonté d’un cône de sacrifice (Zhalzaï)[28].

10. Un chapelet de grains, symbolisant des crânes humains.

11. Le vase Namgyal boumpa[29], avec des fleurs dans le goulot.

12. « Le Dordje d’or s’ouvrira-t-il comme une fleur (apparaître) dans le ciel ? » N° 6. Un Dordje symbole de puissance[30].

13. « Le mauvais discours des infidèles[31], sortira-t-il, ou non ? » N° 7.

14. Un infidèle.

15. « La natte se fondra-t-elle (détruire) par le feu, ou non ? » N° 8. Une figure qui ressemble à un échiquier.

16. Le Phourbou, symbole de puissance sur les démons.

17. Un cercle de divination.

18. Des cordes tressées figurant le piège (comparez fig. 3).

19. Le céleste…… et le…… tressé seront-ils coupés, ou non[32] ? » No 9.

20. Les figures de « Byang-bu et de Thal » ; la première est une tige avec des feuilles vertes ; la seconde un parallélogramme attaché à un bâton.

21. Le piège (comparez fig. 8). Je n’ai trouvé aucun sens à la sentence qui s’y rapporte.

22. Une flèche avec des rubans.

23. Deux instruments astrologiques.

24. Le trident, symbole de pouvoir sur les démons.

25. « La résidence du magistrat sera-t-elle vide, ou non ? » No 10.

26. Un pont dont on voit trois arches.

27. « La verge magique se rompra-t-elle, ou non ? » No 11. Deux bâtons l’un dressé, l’autre incliné parle haut.

28. Les murs d’un édifice religieux (Comparez fig. 5).

29. Un Lama.

30. Un Lama.

31. « L’enclos du foyer des fidèles de la religion Bon, sera-t-il vide, ou non ? » No 12.

32. Un prêtre Bon tenant un glaive et un bouclier.

33. « L’excellent cheval[33] et l’homme partiront-ils dans des directions différentes ? » No 13. Un homme à cheval.

34. Un glaive.

35. Un arc dans un étui et un carquois avec quatre flèches.

36. Une flèche sans rubans.

37. « Les souliers seront-ils emportés par l’eau, ou non ? » No 14.

38. Deux souliers sur le penchant d’une colline.

39. « La divine astrologie sera-t-elle connue, ou non ? » N° 15. Deux astrologues en habit religieux.

40. Un arc et une cloche.

41. Deux poissons nageant dans l’eau.

42. Un oiseau posé sur une fleur.

43. Eau (comparez fig. 49).

44. « Les vêtements et l’ombrelle au manche de turquoise tomberont-ils (sur la terre), ou non ? » N° 16. Le manche de turquoise.

45. « Les logis seront-ils détruits par le domestique, ou non ? » N° 17. Desmurs.

46. Un Lama portant le miroir magique.

47. Un piège pendant à une corde (comparez fig. 3).

48. Plusieurs pièges pendus à une corde.

49. « La source de l’univers sera-t-elle desséchée, ou non ? » (n° 18) ; ceci doit se rapporter à la fig. 43.

50. « La maison paternelle deviendra-t-elle la proie des ennemis, ou non ? » (n° 19.) Des murs.

51. « Le miroir magique apparaîtra-t-il, ou non ? » (n° 20.) Le miroir.

52. Trois Lamas.

53. Une fleur épanouie.

54. Cinq flèches et un arc.

56. « Les piliers (de la foi bouddhique) et les mille offrandes seront-ils dispersés au loin, ou non ? » (n° 21.) Trois vases à offrandes sur une table.

57. Trois Lamas ; le premier est habillé de rouge et de vert, ses deux compagnons ne sont pas coloriés.

58. Un Lama avec le miroir magique.

59. Un Lama habillé de rouge sortant de la maison.

60. La partie supérieure de cette case est remplie par la pointe de la flèche et l’arc (comp. fig. 54) : la fleur du carré du dessous atteint sa partie inférieure.

61. « Le génie blanc de l’excellente terre se soumettra-t-il, ou non ? » (n° 22.)

62. Sentence dont je n’ai pu trouver le sens.

63. Une conque, avec laquelle les Lamas sont appelés à la prière.

64. Le miroir magique.

65. Une feuille.

66. Une fleur ouverte ; sa partie supérieure est formée du miroir magique.

68. Un porc.

69. Un pilier (supportant un monastère, ou le bouddhisme en général).

70. Un autel avec un vase à offrandes surmonté d’une flamme.

71. Des murs.

72. Une maison.

75. Le céleste chien noir[34].

76. Un yak.

77. Un tigre.

78. Un lièvre.

Annales du Musée Guimet t. III, pl. XL

QUESTIONS ET RÉPONSES
TIRÉES D’UNE TABLE DE DIVINATION DE GNARY-KHORSOUM

1
12
ལྷ་ཁྲེ་སྟོང་གདན་ས་སྟོང་སོ་ས་མ་མི་སྟོང ། །
བོན་པོའི་ཐབ་ར་སྟོང་སོ་སམ་མ་སྟོང ། །
2
13
ཞགས་ཆེང་སུལ་ལོག་ཏུ་ཤོར་རམ་མ་ཤོར ། །
་་་གྱི་ལིར་རྡ་རབ་མི་དང་བྲལ་སོ་སམ་མི་བྲལ ། །
3
14
རྗེས་པ་ངག་རྒྱལ་པོ་ཐྱགས་དའི་གདན་ས་སྟོང་སོ་སམ་མེ་སྟོང ། །
ཟ་འོག་ལྟམ་ཆུང་ཆུའ་ཁྱེརར་ལ་ལ་ཁྱེར ། །
4
15
སེང་ཁྲསྟོང་ནས་རྣ་བྱ་རྒྱལཔ་རྒྱལ ། །
ལྷ་བྲལ་རྕ་ས་ས་སྟོང་སོ་སམ་མ་སྟོང ། །
5
16
གཡའི་གདན་ཞིག་སོ་སམ་མ་ཞག ། །
གོས་གྱི་ལང་གཡུ་ལོ་ལག་ནས་ཤོར་སོ་སམ་མ་ཤོར ། །
6
17
གསེར་གྱིས་རྡོ་རྗེ་གནམ་དུ་བརར་སོ་སམ་མ་འབར ། །
མི་བྲད་ཁར་སྤྱི་ཞག་སེ་སམ་མ་ནག ། །
7
18
མྱ་སྟེགས་ངན་རག་འབྱུང་སོ་སམ་མ་འབྱུང ། །
སྲིད་ལའི་ཆུ་མིག་སྐམ་སོ་སམ་མ་སྐམ ། །
8
19
ཞུགས་ལྡན་སྟན་སོལྐ་སོ་སམ་མ་སྐོལ ། །
པ་ཁྱིམ་་་རོག་ལཤོར་མ་ཤོར ། །
9
20
ནམ་མ་བའ་བྱང་བུ་འདྲ་ལ་ཐལ་ཆོད་སོ་སམ་མ་ཆོད ། །
སྦྲལ་གྱི་མི་ལོང་ངོ་ལ་ཞོམ་སོ་སམ་མ་ཞོལ ། །
10
21
བློན་པོའ་གདན་ས་སྟོང་སམ་མ་སྟོང ། །
ཀི་སྟོང་གྱི་སྟར་ཟད་ལྷུག་སོ་སམ་མ་ལྷུག ། །
11
22
སྤྲུལ་གྱི་བིར་ཀ་ཕྱག་སོ་སམ་མ་ཕྱག ། །
རབ་ཞིང་ག་གྱལ་དུ་ལྷ་་་དཀར་པོ་གཙགས་སོ་སམ་མི་གཙུགས ། །


B. Règles pour trouver la réponse convenable

Les chiffres placés en dehors sont ceux de la colonne B du dessin (page 213) ; ceux qui suivent les sentences renvoient au texte tibétain dans la planche XXXIX, 1.

1. « Commencer à compter la forteresse terrestre à partir du roi céleste ». (Mandjousri) (n° 1.)

2. (Les mots lisibles ne sont pas assez nombreux pour faire deviner le sens) N° 2.

3. « Compter l’eau depuis le tigre ». (N° 3.)

4. « Compter la terre depuis le tigre ». (N° 4.)

5. « Compter le fer depuis le tigre et le lièvre ». (N° 5.)

6. « Compter le feu depuis le lièvre ». (N° 6.)

7. « Compter le bois depuis le lièvre ». (N°7.)

8. « Compter l’eau depuis le lièvre, » (N° 8.)

9. « Compter le précédent (lièvre) depuis ces trois (éléments). » (N° 9.)

10. « Compter le feu depuis le tigre. » (N° 10.)

11. « Compter l’eau depuis le singe. » (N° 11.)

12. « Compter les précédents (singe et tigre) depuis les cinq (éléments). » N° 12.)

13. « Compter le suivant depuis les cinq. » (N° 13.)

14. « Compter depuis l’ami des cieux. » (N° 14.)

Arrivé à la conclusion de la partie descriptive de cet ouvrage, je me permets d’ajouter encore quelques remarques d’une portée générale sur les éléments que les recherches sur le bouddhisme ont fournis à l’étude de vestiges de monuments en Europe et surtout en Norvège, ainsi qu’à l’interprétation de termes mythologiques anciens. Le professeur Holmboe, de Stockholm, en comparant les tumuli et les longs murs qui se voient dans mainte partie de la Norvège, avec les Tôpes de l’Inde et de l’Afghanistan et les Chortens et les Manis du Tibet, a trouvé tant d’anologies surprenantes, qu’il a déclaré que, d’après son opinion, il était fort probable que les apôtres du bouddhisme avaient dû s’avancer jusqu’en Scandinavie, après avoir traversé les vastes provinces russes[35]. Chose encore plus extraordinaire, on a découvert que le bouddhisme a eu des prosélytes au Mexique jusqu’au treizième siècle ; l’évidence de ce fait découle des détails et des descriptions d’un auteur chinois qui vivait au quinzième siècle de notre ère, et qui parle « du pays éloigné dans lequel des hommes pieux, poussés par de violents orages, ont transporté les doctrines sacrées[36]. »


  1. Nous avons décrit, chap. XV, quelques-unes des cérémonies les plus efficaces et par conséquent les plus fréquemment célébrées.
  2. Voyez page 99.
  3. Les mêmes figures servent à symboliser les noms des soixante années adoptées selon la méthode indienne. Le livre d’astronomie Yangsal-Doni (voyez page 182) contient une explication détaillée de ces signes.
  4. Représente un Satsa (page 124) ou un Zhalsaï (page 147).
  5. On retrouvera cet arbre dans la table décrite n° IV, 2, où nous donnons quelques détails.
  6. Ce bassin représente le patra ou coupe à aumônes, que les Bouddhas et les prêtres portent dans les images. (Voyez page 135.)
  7. La conque sert à appeler les Lamas à la prière.
  8. Au sujet du Pbourbou, voyez page 166.
  9. C’est le premier plan habituel dans les paysages où l’ou représente des dieux. (Voyez page 136, note 1.)
  10. ṣMeba, « une tache, une pustule » ; « ḍgu, « neuf ». Comp. Pallas, Mongol. Völker, vol. II, p. 229.
  11. Rus-ṣbal, « tortue » ; chenpo’i, « de la grande » ; ḅzlog, « retourner » ; byed, « faire ». On trouvera des détails sur les croyances tibétaines au sujet de la grande Tortue, no II, 1.
  12. Voyez page 42 (note).
  13. Voyez page 80.
  14. Voyez page 118.
  15. Comparez Pallas, Mongol Völker Schaften, vol. II, p. 21. Les Lamas disent que le récit le plus complet se trouve dans le livre tibétain Shecha rabsal, « histoire de la science ».
  16. Voyez pages 80-167.
  17. Pallas, Mongol Völker, vol. II, p. 229, a également donné les noms allégoriques des huit coins de l’univers ; ces noms sont les mêmes, mais ils ne représentent pas les mêmes régions. Dans les pages suivantes je prouverai, par la place qu’ils occupent sur la boussole, que son explication est erronée.
  18. Voyez le texte tibétain planche XXXVIII n° 1. Les dictionnaires traduisent Bon, adhérent de la religion Bon, voyez page 47. Le livre ḅstan-ṛtsis, dod ṣbin-g̣ter-bum-zhes-bya-va-g̣zhugs, « accomplissement du désir de connaître l’astrologie, vase du trésor caché », qu’Hermann se procura à Sikkim, offre page 25, plusieurs lugs ou méthodes de computation dessinées au trait.
  19. Le n° 12 dont la traduction exacte était impossible est entre parenthèses. Dans les autres sentences des chiffres que suit le signe n° se rapportent au texte tibétain, planche XXXVIII, 2.
  20. C’est l’arbre fabuleux qui accomplit tous les souhaits. Schmidt, Tibet, Lexicon.
  21. Beaucoup d’oracles de ce genre sont réunis dans le livre Jed-tho-yangi-zamalog, Manuel d’oracles.
  22. Comp. Pallas, loc. cit., page 236.
  23. La sécheresse habituelle du climat du Tibet, rend l’irrigation plus importante pour la culture que dans n’importe quelle autre partie habitée du globe.
  24. Comp. Pallas, loc. cit. pp. 236-263.
  25. Le piège, en tibétain zhag-pa, est un symbole de puissance ; voyez p. 139. On le retrouvera aux numéros 18, 21, 48. Les mots entre parenthèses sont des paraphrases du texte tibétain.
  26. Mandjousri, le dieu de l’éloquence et de la sagesse. (Voyez p. 42.)
  27. Voyez p. 136.
  28. Voyez p. 147.
  29. Voyez p. 160.
  30. Voyez p. 139.
  31. En sanscrit Tirthika, voyez page 17.
  32. Les deux mots tibétains que je n’ai pas pu traduire sont : Byang-bu et thal. Les dictionnaires traduisent byang-bu « titre, adresse » ; pour thal, ils donnent « poussière, cendre » ; pour tgal-mo « paume de la main ».
  33. Le Loungta, ou cheval aérien, est indiqué ici, ainsi que son pouvoir d’éloigner les dangers qui peuvent naître de l’opposition des animaux cycliques, des éléments et des planètes. Voyez planche XXVI et page 163.
  34. Voyez p. 195.
  35. Pour les détails, voyez Holmboe, Traces du bouddhisme en Norvège, p. 79. Holmboe dit que même le nom d’Odin ou Wodan, le dieu suprême de la mythologie allemande, peut se rapporter aux expressions bouddhiques et au mot sanscrit Budh et ses dérivés Bouddha, Bodhin, Bodhan, Bodhan. Déjà dans le sanscrit le B, se change en V, et l’élision du V serait très fréquente dans l’ancienne langue norvégienne dans les mots où il est suivi de O ou de U. Un court résumé, avec remarques critiques, de l’ouvrage de Holmboe, par Rajendralal Mitra, est donné dans Journ, As. Soc. Beng., vol. XXVII, p. 46.
  36. Voyez Neumann, cité par Lassen dans Indische Alterthums Künde, vol. IV, p. 749. Dans les États-Unis d’Amérique on a trouvé aussi des buttes artificielles si curieusement semblables aux tumuli de Norvège que les antiquaires américains ont suggéré qu’un peuple venant de Norvège aurait découvert l’Amérique vers l’an 1000 de notre ère. Rafn, cité par Holmboe, p. 23.