Le Parnasse contemporain/1876/La Femme pure

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Le Parnasse contemporainAlphonse Lemerre [Slatkine Reprints]III. 1876 (p. 308-309).


LA FEMME PURE


Étoile de douceur, Miroir de chasteté,
Vase de certitude, ô merveilleuse Gerbe
Où tendresse est liée avec austérité !

Le Seigneur nous a dit : « Va ! fléchis ta superbe.
L’homme est la fleur des champs qui fleurit pour un jour,
Et ce jour est rapide et passe comme l’herbe.

« Le puissant, tout à coup, croule comme une tour,
Et voici, flagellé dans la trombé éternelle,
Celui qui confondit la luxure et l’Amour.

« Quand l’Ange sur la mer déploîra sa grande aile,
Oiseau divin guidant la barque au léger poids,
Crois-tu qu’il prenne à bord une âme criminelle ? »


Vous avez écouté cette mystique Voix.
Vous marchez parmi nous, souriante et sereine,
Dans la sécurité de votre premier choix.

La femme impure arbore une fierté de reine.
Mais, sachant que le Temps est envieux et prompt,
Elle a peur, dans la fête où le plaisir l’entraîne.

Et le Temps ne fait point attendre son affront ;
Et, tout en la poussant à grands pas vers l’abîme,
Il dépouille sa tête et lui ride le front.

La voilà donc, avec le remords de son crime,
Seule à son foyer froid qu’Amour a déserté,
Amour qui disparaît, riant de sa victime,

Le jour où se flétrit la rose de santé.