Le Signe (Raynaud)/Première

La bibliothèque libre.

Pour les autres éditions de ce texte, voir Première.

Le SigneLéon Vanier, éditeur des Décadents (p. 10).
À Trianon  ►

PREMIÈRE


À Léon Baron


Hémicycle coquet d’allure sémillante,
La salle, battant neuf d’un luxe de décor,
Déroule son velours rouge à crépines d’or
Où se pique la fleur d’une flore élégante.

Des messieurs à l’orchestre, en gants blancs, prélassés,
Sous le plafond d’amours envolés par les nues,
Lorgnent, dans leur écrin soyeux, les gorges nues
Roses, sous la vapeur des souffles condensés.

Aux loges, à l’amphithéâtre, aux galeries,
Ce n’est que diamants, perles, et broderies,
Gilets à cœur ourlant la neige des poitrails ;

Et je m’amuse à voir, au rebord des balustres,
Sous le feu d’artifice éblouissant des lustres,
Le papillotement leste des éventails.