Les Œuvres de François Rabelais (Éditions Marty-Laveaux)/PantagruelinePrognostication/9

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Alphonse Lemerre (Tome IIIp. 251).

De Autonne.

Chapitre IX.


En Autonne lon vendengera, ou deuant, ou après : ce m’eſt tout vn, pourueu qu’ayons du piot à ſuffiſance. Les cuidez feront de ſaiſon, car tel cuidera veſſir, qui baudement fiantera[1]. Ceulx, & celles qui ont voué ieuner iusques à ce que les eſtoilles ſoient au ciel, à heure preſente peuuent bien repaiſtre par mon octroy, & diſpenſe. Encores ont ilz beaucoup tardé : car elles y ſont deuant ſeize mille, & ne ſçay quantz iours. Ie vous dy bien atachées. Et n’eſperez dorenauant prendre les alouettes à la cheute du ciel : car il ne tombera de voſtre aage, ſur mon honneur. Cagotz, Caffars, & porteurs de rogatons, perpetuons, & autres telles triquedondaines ſortiront de leurs teſnieres. Chaſcon ſe garde qui vouldra. Gardez vous auſſy des areſtes, quand vous mangerez du poiſſon : & de poiſon Dieu vous en gard.


  1. Tel cuidera… fiantera.

    Car en lieu de pet ou de veſſe
    On chiera long ou à lozanges.

    (La grant & vraye Prenoſtication. — Anc. poés. t. VIII, p. 344.)

    Dans L’Almanach prophétique du ſieur Tabarin pour l’année 1623 (œuvres de Tabarin, t. II, p. 433) le passage de Rabelais est reproduit presque textuellement : « Les cuidez ſeront trompez : car tel cuidera faire quelque ventoſité dans ſes gregues qui y chiera tout à fait. »