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Les Hautes Montagnes/32

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(p. 67-68).

32. Un gendarme volontaire pour le renard.

En partant, le vieil Athanase a laissé un autre cadeau : son jeune chien, Gkéka.

Gkéka est venu avec lui, mais maintenant il ne repart pas. Il veut rester avec les enfants. Il a suivi le vieil Athanase jusqu’aux arbres, ensuite il est revenu. Le vieil Athanase l’a appelé, de nouveau Gkéka a avancé jusqu’à lui, mais de nouveau il est revenu.

Après avoir tourné autour de deux-trois cabanes et les avoir bien reniflées, il s’est arrêté près de Dimitrakis et de Costakis et il les a regardés en remuant la queue comme pour leur dire : « on joue ? »

Avant qu’ils ne lui répondent il a commencé à sauter. Il courrait sans que personne ne le poursuive. Autrement dit : « si vous vous ne jouez pas, moi je joue quand-même ».

Les enfants ont éclaté de rire. En voilà un entêté !


Gkéka est né chien de berger lui aussi. Il a les oreilles dressées et pointues et le pelage long et dru. Il est blanc avec une tâche cendrée sur le dos, sur les pattes et sur la face. Il a l’air d’un chien de l’année, c’est un chiot.

Non mais, la vie à la Valaque est insupportable. Le vieil Athanase est du genre très rude. Avant-hier, comme Gkéka lui avait mordillé un peu la fustanelle, il s’est mangé un coup de bâton. Il ne plaisante pas le vieux.

Mais même les petits enfants ne jouent pas ; ils vont avec le troupeau. Bien que petit, Lambros mène deux-cents chèvres. Et comme si ça ne suffisait pas, maintenant il lit un papier.

Est-ce qu’il joue avec les moutons au moins ? Ceux-là ne jouent pas, ils ne font que brouter. Donc Gkéka s’est rebellé pour venir chez les enfants. Qu’ils essaient de le chasser, lui il ne partira pas d’ici.


Après avoir sauté quelque temps sans qu’on le pourchasse, il s’est remis à tourner et à sauter tantôt près de l’un, tantôt près de l’autre. C’était comme s’il voulait leur dire « Vous ne voulez pas m’apprendre un jeu ? »

À la fin il a attrapé la serviette de Foudoulis entre les dents et il l’a fait tourner en l’air avec ferveur. Alors dans les rires et les cris tous les enfants l’ont pourchassé autour des cabanes. Il glissait en courant, tombait, aboyait, sifflait et grognait doucement, comme s’il se passait quelque chose d’important. Mais quelque chose de sérieux arrivait vraiment ; Gkéka réussissait à se faire courir après. C’est ce qu’il voulait ! Pourquoi donc retournerait-il avec le vieil Athanase, maintenant ?

Les jeunes avec les jeunes !