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Les Quatre Saisons (Merrill)/Un peu d’ombre

La bibliothèque libre.
Les Quatre SaisonsSociété du Mercure de France (p. 148-149).

UN PEU D’OMBRE

Un peu d’ombre, quelques larmes,
Et le son d’une cloche sur la ville.
Le vent d’automne souffle l’alarme
À nos âmes qui se sentent serviles.

Ah ! cache-toi dans mes bras, ce soir
Où nous avons presque peur de l’amour,
Pour avoir entendu dans le noir
Cette cloche qui sonne la fin d’un jour.


Nous n’osons allumer les lampes
De peur de revoir nos visages ;
La fièvre bat à nos tempes,
Le vent aux fenêtres fait rage.

Des feuilles et des oiseaux de mort
Volent par-dessus les toits.
Ici, dans la chambre, le Sort
Sourit au murmure de nos voix.

Ah ! cette cloche dans le vent ! Nous sommes
À peine vivants parmi les morts sans nombre
Qui ne se font entendre aux hommes
Que par leurs larmes tombées dans l’ombre.