Les mausolées français/Masséna

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MASSÉNA.



Ce monument, érigé à la gloire d’un des plus illustres guerriers Français, est du nombre de ceux dont l’intérêt et le rattache à des souvenirs nationaux. Celui qui, dans les campagnes mémorables de l’Italie et de la Suisse, marcha constamment de conquêtes en conquêtes, et, jeune encore, fut surnommé l’Enfant chéri de la Victoire ; qui depuis, sur les bords du Danube, sut combattre avec avantage Charles et Suwarow[1], et mérita d’être décoré, dans les champs d’Essling, du titre de prince ; enfin, qui pendant plus de trente années a consacré son bras à sa patrie, et dont le courage intrépide, les manœuvres habiles et la fermeté de caractère ont plusieurs fois sauvé l’armée française, a sans doute acquis de justes droits à l’admiration et à la reconnaissance publique, et le nom de Masséna est inscrit au premier rang dans nos fastes militaires.

La mort l’avait oublié dans les combats ; elle est venue l’enlever au sein de sa famille, dans l’âge d’un honorable repos. Le mausolée consacré à sa mémoire est tout entier de marbre et décoré de sculptures précieuses ; il consiste en un cénotaphe élevé sur des degrés et surmonté d’un obélisque sur lequel on lit :

RIVOLI.
ZURICH.
GÊNES.
ESSLING.

Au-dessous :

MASSÉNA.
MORT LE 4 AVRIL 1817.

Sur la face méridionale du cénotaphe, on voit en relief, au-dessus d’une guirlande de chêne et de laurier, soutenue sur deux épées d’honneur, le buste du général sculpté par Bosio. Ses armes et des trophées militaires occupent la face opposée ; les deux autres côtés sont décorés de couronnes de chêne et de laurier, avec les bâtons de maréchal en sautoir. Ce beau monument, qui a vingt et un pieds d’élévation, a été exécuté sur les dessins de M. Vincent, architecte ; et les sculptures sont dues au ciseau de M. Jacques.




Masséna, prince d’Essling, duc de Rivoli, maréchal de France, grand-croix de la Légion-d’Honneur, commandeur de l’ordre royal de Saint-Louis, etc., etc., naquit à Nice en 1758. Il entra au service de la France en 1775, et était parvenu au grade de général de division en 1793. Ses travaux militaires et sa conduite politique lui ont acquis la haute estime de ses contemporains, et un titre à la postérité. Une maladie longue et cruelle, qui a terminé sa carrière à l’âge de cinquante-neuf ans, l’avait seule empêché de recevoir le bâton de maréchal de la main du Roi. S. M. a ordonné au ministre de la guerre de le transmettre à sa famille, pour s’en servir aux funérailles.


  1. Les deux plus grands capitaines de ce temps.