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Méthode pratique d’orchestration symphonique/Clarinette

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Enoch & Cie Éditeurs (p. 21-25).

Clarinette

Les parties de Clarinettes s’écrivent en Clef de Sol
28

\relative c {
  \override Staff.TimeSignature #'stencil = ##f
  \cadenzaOn
  e^"Etendue." f g a b c d e f g a_\markup{\left-column{"* Evitez d’attaquer au delà" "du RE"}} b c d e f g a b c d^"*" e f g \tiny a  \bar "||"
}

Il y a des Clarinettes de plusieurs grandeurs, et par conséquent de Tons différents ; les plus usitées dans l’orchestration sont celles en La et Si et quelquefois celle en Ut. Il y a aussi celle en Si grave, qu’on nomme Clarinette Basse, mais on ne s’en sert que dans les très grands orchestres.[1]

Observations Importantes

La Clarinette en La s’appelle ainsi parce qu’elle donne le son de La quand elle joue la note Ut écrite sur la portée.

Il s’ensuit que chaque note que donne la Clarinette en La, fournit un son plus bas d’un ton 1/2 que la note écrite.

Prenons, par exemple, la gamme : Ut, , Mi, Fa, Sol, La, Si, Ut ; le son produit par la Clarinette en La donnera : La, Si, Do , , Mi, Fa , Sol , La ; par conséquent pour faire rendre à la Clarinette en La, les mêmes sons que la plupart des autres instruments qui jouent Ut quand on lit Ut[2], en un mot, pour que la Tonalité soit la même, il faut écrire la partie de Clarinette en La, un ton 1/2 plus haut. Par exemple, pour lui faire rendre la Gamme d’Ut, il faut écrire la Gamme de Mi  ; pour lui faire faire la Gamme de , écrire la Gamme de Fa, ainsi de suite.

Même raisonnement pour la Clarinette en Si , avec cette différence que la Clarinette en Si , donnant le Si quand elle joue Ut, soit un ton plus bas, il faudra écrire la partie de Clarinette en Si , un ton plus haut pour la mettre à la Tonalité de l’Orchestre.

Exemple : pour le ton d’Ut écrire en ton de , pour le ton de Fa écrire en ton de Sol, ainsi de suite.

Clar: en LA. 29

\new PianoStaff <<
  \new Staff = "calr en la" {
    \transpose a c {
    \relative c'' {
      \cadenzaOn
      \override Staff.TimeSignature #'stencil = ##f
      \key d \major
      d_"Unisson." e fis g a b cis d \bar "||"
    }
  }
  }
  \new Staff = "violon" {
    \relative c' {
      \key d \major
      \cadenzaOn
      \override Staff.TimeSignature #'stencil = ##f
      d^"Ton de l’Orch:" e fis g a b cis d \bar "||"
    }
  }
>>
Clar: SI .

\new PianoStaff <<
  \new Staff = "calr en si [[File:bémol.svg]]" {
    \transpose bes c {
    \relative c'' {
      \cadenzaOn
      \override Staff.TimeSignature #'stencil = ##f
      \key f \major
      f_"Unisson." g a bes c d e f \bar "||"
    }
  }
  }
  \new Staff = "violon" {
    \relative c' {
      \key f \major
      \cadenzaOn
      \override Staff.TimeSignature #'stencil = ##f
      f^"Ton de l’Orch:" g a bes c d e f \bar "||"
    }
  }
>>
Vns Vns

Quant au choix des Clarinettes, on emploie la Clarinette en La pour les morceaux d’orchestre qui se trouvent en , Mi, Sol, La, Si .

Pour les tons de Mi , Fa, La , Si , on emploie la Clarinette en Si .

Pour les tons d’Ut, Sol ou Fa , ou Do , les Clarinettes en La et en Si peuvent être employées au gré de l’Orchestrateur.

A première vue on ne saisira peut-être pas très bien la raison d’être de cette règle, mais avec de la pratique et de la réflexion le lecteur comprendra sans effort que si, par exemple, on choisissait la Clarinette en Si pour un morceau en Mi à l’Orchestre, on ferait jouer les Clarinettes en Fa avec six dièses à la clef, tandis qu’avec la Clarinette en La, elles joueraient en Sol avec un seul dièse, ce qui rendrait l’exécution du morceau beaucoup plus facile.

Observations extrêmement Importantes

Pour faciliter au Compositeur le travail de l’orchestration et lui éviter des transpositions ennuyeuses qui éloignent à chaque instant du véritable ton de l’orchestre, il est très important d’adopter un procédé[3] qui puisse permettre d’écrire les parties de Clarinette sans s’inquiéter du ton spécial qui leur est réservé[4].

En adoptant cette manière de faire on pourra facilement vérifier, contrôler pour ainsi dire, le travail qu’on aura fait ; voici la marche à suivre :

A la Clef de Sol, qui est la Clef de l’instrument, on substituera par la pensée des Clefs supposées et, à l’aide de ces Clefs imaginaires, on sera censément toujours dans le Ton de l’orchestre. On supposera aussi la même armure que celle qui figure sur la portée des Instruments en Ut.

Ainsi donc, Règle Générale : Pour la Clarinette en La on supposera la Clef d’Ut 1re ligne. Pour la Clarinette en Si , la clef d’Ut 4me ligne, et l’on écrira ces parties réellement comme si elles devaient se noter avec ces clefs étrangères ; on comprendra qu’à l’audition l’exécutant jouant en clef de Sol, avec son armure spéciale, remettra le tout dans son état normal.



30

<<
  \new Staff = "clef supposée" {
    \relative c' {
      \clef soprano
      \key d \major
      \cadenzaOn
      \override Staff.TimeSignature #'stencil = ##f
      d^\markup{\left-column{"Clef supposée" "pour l’Orchestration."}} e fis g a b cis d \bar "||"
    }
  }
  \new PianoStaff <<
    \new Staff = "calr en la" {
      \transpose a c {
        \relative c'' {
          \cadenzaOn
          \override Staff.TimeSignature #'stencil = ##f
          \key d \major
          d^"Ton pour l’exécutant." e_"Unisson." fis g a b cis d \bar "||"
        }
      }
    }
    \new Staff = "violon" {
      \relative c' {
        \key d \major
        \cadenzaOn
        \override Staff.TimeSignature #'stencil = ##f
        d^"Ton de l’Orchestre." e fis g a b cis d \bar "||"
      }
    }
  >>
>>



<<
  \new Staff = "violon" {
    \relative c {
      \clef tenor
      \key f \major
      \cadenzaOn
      \override Staff.TimeSignature #'stencil = ##f
      f^"Clef supposée." g a bes c d e f \bar "||"
    }
  }
  \new PianoStaff <<
    \new Staff = "calr en si bémol" {
      \transpose bes c {
        \relative c'' {
          \cadenzaOn
          \override Staff.TimeSignature #'stencil = ##f
          \key f \major
          f_"Unisson." g a bes c d e f \bar "||"
        }
      }
    }
    \new Staff = "violon" {
      \relative c' {
        \key f \major
        \cadenzaOn
        \override Staff.TimeSignature #'stencil = ##f
        f g a bes c d e f \bar "||"
      }
    }
  >>
>>
Clar: en LA. Clar: SI .
Vns Vns

Il faut dans ce travail tenir compte des Accidents passagers qui de bémols peuvent devenir bécarres ou dièses et vice-versa. À ce sujet, on sera quelquefois obligé de revenir momentanément au véritable ton d’exécution des Clarinettes pour s’assurer si l’on ne met pas un dièse pour un bémol, etc. Nous conseillerons aux personnes qui commencent et qui n’ont pas l’habitude d’orchestrer en partition, de relire, quand le travail sera fini, les parties de Clarinettes, de Cors et de Cornets dans leur Ton d’exécution, en corrigeant les fautes, s’il y a lieu ; cependant, dès qu’on aura pu acquérir une certaine expérience, ces précautions deviendront inutiles.

La Clarinette a une particularité qu’il est important de signaler. Prise dans toute son étendue, elle produit trois différentes qualités de sons : les Sons graves ou Sons de Chalumeau, les Sons de Clarinette, et les Sons Aigus.

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\relative c {
  \override Staff.TimeSignature #'stencil = ##f
  \textLengthOn
  e\glissando^"Chalumeau." bes''\glissando^"Clarinette." c'\glissando^"Sons aigus." f \bar "||"
}

Les Sons de Chalumeau donnent à la volonté de l’exécutant beaucoup de douceur et de puissance, et parfois une expression très dramatique.

Les Sons de Chalumeau ont une octave d’étendue, qui va jusqu’au mi inclus 1re ligne.

Les notes qui se trouvent entre le mi 1re ligne et le si 3me ligne sont moins bonnes, c’est-à-dire que ces notes donnent de moins beaux sons que les autres, et ne sont pas toujours bien justes, il est vrai que cela dépend beaucoup de l’exécutant, en tous cas dans les solos on fera bien d’éviter d’y rester longtemps.

Ensuite l’octave complète à partir du si 3me ligne, possède une sonorité éclatante, et douce au besoin, le doigté est le même que pour la 1re octave du Chalumeau.

Au delà les sons deviennent un peu criards, on les emploie surtout dans le forte.

La Clarinette peut comme la Flûte aborder : des traits rapides, arpèges, gammes chromatiques, etc. Les notes répétées, et les trémolos se font aussi, quoique l’exécution en soit assez difficile.

Il faut se méfier de certains trilles scabreux et dont quelques-uns sont même impossibles.

Les Trilles majeurs sur deux notes diésées ou bémolisées, qui sont difficiles, sont les suivants, ainsi que leurs synonymes : sur (fa sol ), sur (sol la ) des trois octaves de l’étendue.

Difficiles également les trilles mineurs sur : (sol la ), et sur (la si ) du milieu de la portée.

Les trilles suivants sont impraticables : (mi, fa grave), (la si grave), et dans la portée (si do ), (do ), et ( , mi ).

Pour l’Orchestre, on écrit deux parties de Clarinette ; une 1re et une 2me s’écrivant, pour la partition, soit sur la même portée, soit en accolade[5] ; pour l’exécution, on ne les écrit jamais sur la même portée, mais bien en accolade ou séparément[6].

La Clarinette est un Instrument facile à manier, pouvant exécuter à peu près toute espèce de traits avec une facilité presque égale à celle du Violon. Dans la musique d’Orchestre la Clarinette est fréquemment employée pour les Solos, les parties d’accompagnement, les tenues ; elle joue à la tierce, à la sixte, en octaves ; à l’unisson avec Flûte, Hautbois, Cornet, Violons, au gré du Compositeur, quelquefois les deux Clarinettes jouent à l’unisson, en tierces, en sixtes, en octaves ; il est bon de faire jouer la 2me Clar. plus bas que la 1re, mais dans les parties d’accompagnement on est quelquefois entraîné à faire monter la 2me au-dessus de la 1re, pour résolution naturelle ou toute autre raison.

On peut dans le cours d’un morceau (surtout dans les fantaisies), selon les changements de tons qui peuvent se présenter, changer de Clarinette. Le changement doit être indiqué au-dessous des bâtons de pauses par ces mots : Changez en La (ou Si ) ; et ce changement s’opère vite[7] ; deux ou trois mesures à compter suffisent, mais il ne faut pas changer le ton pour un petit morceau, ni dans la musique de danse[8].

Il faut indiquer le ton des Clarinettes en tête de la partie, par ce titre : Clarinettes en La (ou Si ).

  1. Il y a aussi la Petite Clarinette en Mi employée dans les Musiques d’Harmonie, et la Petite Clarinette en Fa assez usitée dans les Orchestres de Tziganes.
  2. Les instruments en Ut sont : les instruments à archet, la Fl., Hb., Bn, Trombones, Tuba, Timbales, Timbres.
  3. On peut évidemment ne pas employer ce procédé, mais alors le travail sera certainement beaucoup plus difficile à cause des transpositions qui éloignent du ton de l’orchestre.
  4. On fera de même pour les Cors et les Cornets dont nous parlerons bientôt.
  5. Il est préférable de les écrire en accolade.
  6. Pour la danse il vaut mieux les copier séparément.
  7. Puisqu’il suffit de changer de Clar. — Ces changements ne s’opèrent pas aussi vite pour les Cors et les Cornets et surtout pour les Timbales.
  8. Aujourd’hui, même dans les pièces d’importance, les clarinettistes de 1er ordre n’aiment pas changer de ton, et ils préfèrent transposer. Ils donnent cette raison, qui est vraie du reste : la nouvelle Clarinette étant froide il s’en suit qu’elle est toujours un peu basse pour commencer, aussi quand ils ont le temps, avant de reprendre ils y soufflent dedans pendant un bon moment pour l’échauffer. Il faut dire aussi qu’ils préférent la Clar. Si à celle en La qui est moins brillante, ce qui n’empêche que la Clar. en La est également excellente surtout pour les morceaux expressifs.