Methode en forme de Preface pour conduire un Escolier dans les Lettres humaines

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MON CHER LECTEUR


QVelqves-unn de mes Amis, ayant desiré que je m’étendisse un peu plus touchant la maniere d’enseigner le Latin aux enfans, que je n’avois fait dans diverses Prefaces de traductions que j’ay données au Public, ou je me suis contenté de representer principalement, que la conduite qu’on y garde est longue, difficile, & peu naturelle, & que je croyois qu’il y en pourvoit avoir une autre plus courte, plus facile, & plus conforme à la nature, c’est à dire à la raison : je tascheray de les satisfaire dans celle-cy le plus brevement qu’il me fera possible, où j’ay travaillé à bastir, apres avoir travaillé dans les autres à détruire. Car c’est ainsi qu’il falloir commencer, par ce qu’il n’y a rien qui empesche davantage d’examiner sagement les diverses opinions & usages qui s’intoduisent dans le monde, que les préjugez de la Coustume, laquelle quand elle n’est pas fondée en raison, n’est qu’une ancienne erreur. C’est le vuide de ces jugements anticipez, qu’il faut faire dans l’esprit des hommes, pour y établir la verité. Magna res est sapientia, vacuo illi loco opus est. Car comment y pourroit-elle entrer ; quand la fausseté y a tout remply ? C’est pourquoy on ne devroit commencer à apprendre les Sciences, quelles qu’elles fussent, qu’apres avoir desapris les erreurs, dont nous avons esté prévenus dés nostre enfance. J’estime que si l’on prend la peine de joindre ce que j’ay dit ailleurs, avec ce que je diray icy, on en pourra former une Methode facile & naturelle pour montrer aux enfans tout ce qu’on veut leur montrer sur le sujet des Langues ; mais je supplie tous ceux qui liront cette Preface, de me pardonner la liberté queje prens, de dire mes sentiments touchant cette matiere, puis que je ne desire estre crû, qu’aurant qu’on les trouvera raisonnables & utiles à la jeunesse.

Je dis donc en premier lieu, que c’est une faute tres-grande, que de commencer, comme on fait d’ordinaire, à montrer à lire aux enfans par le Latin, & non par le François. Cette conduite est si longue & si penible, qu’elle ne rebute pas seulement les Escoliers de toute autre instruction, en prévenant leur esprit dés leur plus tendre jeunesse, d’un dégoust & d’une haine presque invincible pour les Livres & l’étude ; mais elle rend aussi les Maistres impatiens & fâcheux, parceque les uns & les autres s’ennuyent également de la peine & du temps, qu’ils y employent, ce qui va jusques à trois & quatre années ; mais il faut que les Maistres considerent, que s’ils ont de la peine à montrer, les enfans en ont incomparablement plus à apprendre ; ce qui doit estre un motif pour les rendre plus doux & plus patiens envers eux, en les faisant compatir à l’infirmité de cét âge. Car il ne faut pas qu’ils s’imaginent que ce qu’ils sçavent alors avec plaisir, les enfans le puissent apprendre sans peine ; mais il faut plutost qu’ils se resouviennent de leur enfance, & des difficultez qu’ils ont eu eux-mesmes à se rendre sçavants : ainsi ils s’accommoderont à la foiblesse de leurs Escoliers, & ne leur feront point d’autre peine, que celle dont ils ne peuvent absolument les dispenser : outre que la charité & la conscience les obligent en ce point à menager leur tendresse, en émoussant la pointe des épines qui se trouvent dans ces commencements, & à leur aplanir les chemins si rudes & si raboteux, par où on veut les faire marcher ; afin qu’ils puissent s’avancer dans cette longue & laborieuse carriere des Sciences avec quelque sorte de plaisir. Car je ne puis estre de l’opinion de ceux qui veulent que leurs Escoliers ne deviennent sçavants qu’à force de peine & de travail, & qui au lieu de les soulager, les laissent accabler du poids mille difficultez inutiles : mais je croy au contraire, qu’il faut tellement les aider en tout ce que l’on peut, qu’on leur rende l’étude mesme, s’il est possible, plus agreable que le jeu & les divertissements.

La nature semble nous faire cette leçon, car elle ne commence jamais ses plus excellents ouvrages, par ce qu’il y a de plus parfait, où il faudroit trop de temps & de travail ; mais par ce qui est de plus imparfait, où il en faut moins. C’est ce progrez qu’on peut dire que Dieu mesme a observé dans la creation du Monde, dont le commencement n’estoit qu’une abisme & une masse informe, rudis, indigestaque moles. Et partant il faut que l’Art qui imite la Nature, ou plûtost qui n’est qu’une participation de la sagesse de Dieu, suive cette conduite dans l’instruction des enfans, pour les rendre parfaits dans les Sciences ; & elle leur sera d’autant plus utile, qu’ils la trouveront plus courte & plus aisée : car il y aura toûjours assez d’autres difficultez, soit de la part des choses, soit de la part de leur esprit, soit enfin de la part de leurs inclinations, ou aversions naturelles, sans que nous y en ajoûtions encore d’autres de nostre part, par la mauvaise maniere, dont nous nous prenons à les instruire.

Comment donc voudroit-on que les ensans apprissent à lire en peu de temps & avec plaisir, où au moins sans une extreme peine ; en commençant à les faire lire en Latin, qui est une Langue qu’ils ne connoissent aucunement, & dont ils n’entendent jamais parler (car cela leur serviroit beaucoup, au moins pour la prononciation) que lors qu’on les en instruit ? N’est-il pas plus naturel de se servir de ce qu’ils sçavent déja, pour leur enseigner ce qu’ils ne sçavent pas ? puis que la definition mesme de la Methode d’enseigner, nous montre à en user de la sorte. Car les Logiciens ne la mettent au nombre des instruments de Science, que parce qu’elle est une certaine maniere de conduire les pensées de nostre esprit, selon laquelle, ce que nous connoissons déja, nous sert à apprendre ce que nous ignorons, Oratio ex noto aperiens ignotun. Or les enfans sçavent déja le François, dont ils connoissent une infinité de mots ; pourquoy donc ne leur pas faire apprendre à lire premierement en François, puis que cette methode seroit beaucoup plus courte & moins penible ? car ils n’auroient qu’à retenir les figures des Lettres, & leurs combinaisons ou assemblages ; en quoy la memoire des choses & des mots qu’ils sçavent déja, avec ce qu’ils entendent dire continuellement dans le commerce du monde, les aideroit peu à peu à s’en ressouvenir : au lieu qu’en Latin, ils ne sont aidez de quoy que ce soit, tout leur est barbare & nouveau, ils ne peuvent s’attacher qu’aux Caracteres & aux Combinaisons qu’on leur en montre ; ce qui fait qu’ils ne les retiennent qu’avec une extreme peine & un fort longtemps, durant lequel il faut les leur rebattre cent & cent fois, avant qu’ils s’en puissent ressouvenir une seule fois ; n’ayant rien à quoy se tenir, ny les mots, ny les choses, ny ce qu’ils entendent dire tous les jours.

Puis donc qu’il faut se servir de ce que les enfans sçavent déja, pour leur apprendre ce qu’ils ne sçavent pas, ce qui est une regle generale & sans exception aucune, pour tout ce qu’on veut leur montrer ; il seroit à propos de ne leur faire lire d’abord que des mots détachez de tout discours, dont ils connussent les choses, comme ceux qui sont de leur usage, du pain, un lict, une chambre, &c. Mais il faudroit leur avoir fait voir auparavant les Figures & les Caracteres de ces mots dans un Alphabet, en ne leur en faisant prononcer que les Voyelles & les Diphtongues seulement, & non les Consonnes, lesquelles il ne leur faut faire prononcer que dans les diverses Combinaisons qu’elles ont, avec les mesmes Voyelles, ou Diphtongues dans les syllabes & les mots.

Car on fait encore une autre faute dans la Methode commune d’apprendre à lire aux enfans, qui est la maniere dont on leur montre à appeller les Lettres separément, aussi bien les Consonnes, que les Voyelles. Or les Consonnes ne sont appellées Consonnes, que parce qu’elles n’ont point de son toutes seules ; mais qu’elles doivent estre jointes avec des Voyelles & sonner avec elles. C’est donc se contredire soy-mesme, que de montrer à prononcer seuls des Carateres qu’on ne peut prononcer, que quand ils sont joints avec d’autres ; car en prononçant separément les Consonnes, & les faisant appeller aux enfans, on y joint toûjours une Voyelle, sçavoir e, qui n’est ny de la syllabe, ny du mot ; ce qui fait que le son des Lettres appellées, est tout different des Lettres assemblées ; ainsi apres que les enfans ont bien appellé l’une apres l’autre toutes les Lettres d’un mot, ils ne peuvent plus les prononcer assemblées dans ce mesme mot, parce que la confusion des sons differents trouble leurs oreilles & leur imagination. Par exemple : On fait appeller à un enfant ce mot, bon, lequel est composé de trois lettres, b, o, n, qu’on leur fait prononcer l’une apres l’autre. Or b, prononcé seul fait , o prononcé seul fait encore o, car c’est une Voyelle : mais n prononcée seule fait enne ; comment donc cét enfant comprendra-t’il que tous ces sons qu’on luy a fait prononcer separément, en appellant ces trois Lettres l’une apres l’autre, ne fassent que cét unique son, bon ? On luy a fait prononcer quatre sons, dont il a les oreilles pleines, & on luy dit en suite, assemblez ces quatre sons, & faites-en un, sçavoir, bon ; voilà ce qu’il ne peut jamais comprendre, & il n’apprend à les assembler que parceque son Maistre fait luy-mesme cét assemblage, & luy crie cent fois aux oreilles cét unique son, bon.

De mesme, on fait appeller à ce pauvre enfant cét autre mot jamais, & on le fait en cette maniere. I-a-m-a-i-s, ja-mais. Le moyen que cét enfant s’imagine que les six sons qu’on luy a fait prononcer en appellant ces six Lettres, ne fassent que ces deux-cy, ja-mais. Car quand on appelle les Lettres de ce mot, on prononce separément j-a-ême-e-a-i-êsse. Voilà six ou sept sons dont on pretend qu’il doit former ces deux-cy ja-mais ; n’aurait-on pas plutost fait de ne luy prononcer que ces deux syllabes ja-mais, & non toutes ces Consonnes & Voyelles separément ? Ce qui ne fait que de broüiller son esprit par cette multitude de sons differents, dont il ne peut jamais faire l’assemblage que vous voulez qu’il fasse, si vous ne le faites vous-mesme & ne le prononcez plusieurs fois à ses oreilles. Il faut dire le mesme d’une infinité de mots plus difficiles, aimoient, faisoient, disoient, &c.

D’ailleurs qu’on fasse appeller tant qu’on voudra à un enfant ses Lettres, ce ne sera jamais par ce moyen qu’il apprendra à prononcer les syllabes & les mots ; il n’y a que l’usage & l’accoutumance qu’il a d’entendre dire cent fois un mesme mot, lors qu’on luy en montre les Caracteres, qui les luy fassent apprendre. Mais c’est qu’on veut toûjours raisonner avec les enfans & leur montrer par regles ; ce qui ne dépend que de l’usage seul, qui est la seule raison du langage. Et si l’on veut faire attention à ce que je dis, on verra qu’on leur prononce tant de fois les syllabes & les mots tout assemblez, qu’enfin ils les retiennent, & se ressouviennent qu’à telles Lettres jointes ensemble, on a donné une telle prononciation, laquelle ils n’auroient jamais conceuë autrement, en appellant les Lettres l’une apres l’autre : C’est pourquoy il est fort inutile de leur faire perdre tant de temps & de peine par cette maniere d’appeller, au lieu qu’ils auroient bien plutost appris les Combinaisons des Lettres, que cette multitude de sons, dont on veut qu’ils composent une ou deux syllabes : ainsi on attribuë sans raison la science de lire, que les enfans acquierent à la fin, à cette maniere d’appeller les Lettres, laquelle n’est qu’un effet de l’usage qu’ils ont d’entendre prononcer souvent les syllabes & les mots entiers ; comme on croit que les regles de Despautere sont cause de la maniere correcte, dont un enfant compose en Latin, quoy qu’en composant il n’y ait pas seulement pensé, n’ayant suivy en cela Page:Cicéron - Billets que Ciceron a escrit tant à ses amis communs qu'à Attique son amy particulier, 1668.pdf/21 Page:Cicéron - Billets que Ciceron a escrit tant à ses amis communs qu'à Attique son amy particulier, 1668.pdf/22 Page:Cicéron - Billets que Ciceron a escrit tant à ses amis communs qu'à Attique son amy particulier, 1668.pdf/23 Page:Cicéron - Billets que Ciceron a escrit tant à ses amis communs qu'à Attique son amy particulier, 1668.pdf/24 Page:Cicéron - Billets que Ciceron a escrit tant à ses amis communs qu'à Attique son amy particulier, 1668.pdf/25 Page:Cicéron - Billets que Ciceron a escrit tant à ses amis communs qu'à Attique son amy particulier, 1668.pdf/26 Page:Cicéron - Billets que Ciceron a escrit tant à ses amis communs qu'à Attique son amy particulier, 1668.pdf/27 Page:Cicéron - Billets que Ciceron a escrit tant à ses amis communs qu'à Attique son amy particulier, 1668.pdf/28 Langue ; car si ce Truchement est habile, & qu’il entende bien l’une & l’autre Langue, il representera vivement & nettement ce que le Voyageur & l’Estranger diront dans l’entretien qu’ils auront ensemble, en representant avec fidelité tous les mouvemẽts & toutes les graces des deux langages.

Puis donc que le François nous doit servir d’introducteur & de truchement dans le pays Latin ; il faut qu’il aille un pas devant luy, je veux dire, qu’il faut apprendre le François avant le Latin ; & on doit tellement affermir les enfans dans le stile familier & commun du François, par la lecture des Livres que j’ay marquez, en les leur faisant apprendre par cœur, que le Latin qu’ils apprendront en suite, ne soit pas capable d’alterer & de corrompre la pureté de leur François. Or les petits enfans sont plus propres à apprendre de la sorte le François que les grands ; parce que concevant peu les choses, ils ne sçauroient les détacher des mots avec lesquels elles sont entrées dans leur esprit, estant pour ainsi dire toutes vestuës des termes & des expressions qui les leur ont fait concevoir, au lieu que les grands concevant les choses à leur mode, & selon les opinions dont ils sont prévenus, les expriment aussi à leur mode, sans s’assujettir aux paroles de leur Autheur. Il faut donc comme j’ay dit, affermir premierement les petits enfans dans le François commun & Page:Cicéron - Billets que Ciceron a escrit tant à ses amis communs qu'à Attique son amy particulier, 1668.pdf/30 Page:Cicéron - Billets que Ciceron a escrit tant à ses amis communs qu'à Attique son amy particulier, 1668.pdf/31 Page:Cicéron - Billets que Ciceron a escrit tant à ses amis communs qu'à Attique son amy particulier, 1668.pdf/32 Page:Cicéron - Billets que Ciceron a escrit tant à ses amis communs qu'à Attique son amy particulier, 1668.pdf/33 Page:Cicéron - Billets que Ciceron a escrit tant à ses amis communs qu'à Attique son amy particulier, 1668.pdf/34 Page:Cicéron - Billets que Ciceron a escrit tant à ses amis communs qu'à Attique son amy particulier, 1668.pdf/35 cture avec la connoissance qu’ils ont des choses mesmes, laquelle on ne leur peut donner que par la traduction Françoise, qui le leur apprenne. C’est pourquoy il est fort important qu’ils commencent par apprendre le François de leurs Livres, avant que d’en lire le Latin ; parce que le François leur fera bien plutost comprendre cét usage & cette proprieté, par la comparaison qu’ils en feront avec la traduction Françoise, qu’ils sçauront déja…

Il faut donc que les enfans apprennent par ces traductions Françoises, un mediocre usage de leur Langue naturelle, qui consiste dans la pureté des mots, & de leur combinaison, & dans la netteté du stile & des expressions communes & familieres ; c’est pourquoy il ne les faut pas faire lire plusieurs Livres François de divers stiles, & sur tout ceux qui sont d’un mauvais langage : car cela les rendroit incapables de bien discerner ce qui est bon d’avec ce qui est mauvais : ainsi qu’il arrive aux personnes qui s’accoustument à toutes sortes de vins, lesquels ils ne peuvent plus bien gouster, ny connoistre leurs differences : & il ne faut nourrir leur esprit que de choses délicates & spirituelles, si l’on veut leur donner un goust délicat & spirituel. C’est pourquoy on commet une grande faute en les faisant lire indifferemment toutes sortes d’Autheurs, aussi bien Latins que François, & Page:Cicéron - Billets que Ciceron a escrit tant à ses amis communs qu'à Attique son amy particulier, 1668.pdf/37 Page:Cicéron - Billets que Ciceron a escrit tant à ses amis communs qu'à Attique son amy particulier, 1668.pdf/38 Page:Cicéron - Billets que Ciceron a escrit tant à ses amis communs qu'à Attique son amy particulier, 1668.pdf/39 Page:Cicéron - Billets que Ciceron a escrit tant à ses amis communs qu'à Attique son amy particulier, 1668.pdf/40 Page:Cicéron - Billets que Ciceron a escrit tant à ses amis communs qu'à Attique son amy particulier, 1668.pdf/41 Page:Cicéron - Billets que Ciceron a escrit tant à ses amis communs qu'à Attique son amy particulier, 1668.pdf/42 Page:Cicéron - Billets que Ciceron a escrit tant à ses amis communs qu'à Attique son amy particulier, 1668.pdf/43 Page:Cicéron - Billets que Ciceron a escrit tant à ses amis communs qu'à Attique son amy particulier, 1668.pdf/44 Page:Cicéron - Billets que Ciceron a escrit tant à ses amis communs qu'à Attique son amy particulier, 1668.pdf/45 Page:Cicéron - Billets que Ciceron a escrit tant à ses amis communs qu'à Attique son amy particulier, 1668.pdf/46 Page:Cicéron - Billets que Ciceron a escrit tant à ses amis communs qu'à Attique son amy particulier, 1668.pdf/47 Page:Cicéron - Billets que Ciceron a escrit tant à ses amis communs qu'à Attique son amy particulier, 1668.pdf/48 Page:Cicéron - Billets que Ciceron a escrit tant à ses amis communs qu'à Attique son amy particulier, 1668.pdf/49 Page:Cicéron - Billets que Ciceron a escrit tant à ses amis communs qu'à Attique son amy particulier, 1668.pdf/50 Page:Cicéron - Billets que Ciceron a escrit tant à ses amis communs qu'à Attique son amy particulier, 1668.pdf/51 Page:Cicéron - Billets que Ciceron a escrit tant à ses amis communs qu'à Attique son amy particulier, 1668.pdf/52 Page:Cicéron - Billets que Ciceron a escrit tant à ses amis communs qu'à Attique son amy particulier, 1668.pdf/53 Page:Cicéron - Billets que Ciceron a escrit tant à ses amis communs qu'à Attique son amy particulier, 1668.pdf/54 Page:Cicéron - Billets que Ciceron a escrit tant à ses amis communs qu'à Attique son amy particulier, 1668.pdf/55 Page:Cicéron - Billets que Ciceron a escrit tant à ses amis communs qu'à Attique son amy particulier, 1668.pdf/56 Page:Cicéron - Billets que Ciceron a escrit tant à ses amis communs qu'à Attique son amy particulier, 1668.pdf/57 Page:Cicéron - Billets que Ciceron a escrit tant à ses amis communs qu'à Attique son amy particulier, 1668.pdf/58 Page:Cicéron - Billets que Ciceron a escrit tant à ses amis communs qu'à Attique son amy particulier, 1668.pdf/59 Page:Cicéron - Billets que Ciceron a escrit tant à ses amis communs qu'à Attique son amy particulier, 1668.pdf/60 Page:Cicéron - Billets que Ciceron a escrit tant à ses amis communs qu'à Attique son amy particulier, 1668.pdf/61 Page:Cicéron - Billets que Ciceron a escrit tant à ses amis communs qu'à Attique son amy particulier, 1668.pdf/62 Page:Cicéron - Billets que Ciceron a escrit tant à ses amis communs qu'à Attique son amy particulier, 1668.pdf/63 peut conseiller, car il semble que cela soit entierement inutile, il suffit de bien l’entendre. S’il y a de bonnes Versions Françoises des Autheurs Grecs, j’aimerois mieux que les jeunes gens s’en servissent, que des Latines, parce que nostre François a la Phrase plus semblable au Grec qu’au Latin, & qu’il y a danger qu’en lisant de méchantes Versions Latines, ils ne se corrompent dans leur bon Latin ; outre qu’il faut toujours s’appliquer beaucoup à apprendre bien le François.

Il seroit à souhaitter qu’on ne fist point apprendre par cœur les Livres entiers des Autheurs ; mais seulement les plus beaux endroits. Car il ne faut charger la memoire des enfans, qui a sa mesure, que de ce qu’il de plus excellent dans les Livres ; il faut neantmoins l’exercer beaucoup.

Pour les Historiens qu’on leur doit faire lire, il faut choisir ceux qui ont le mieux écrit, & les mieux traduits, & particulierement ceux qui comprennent le plus de temps & de matiere, comme l’Histoire abbregée de Turcelin, de Severe Sulpice, de Justin, de Florus, de Baronius par Ludovicus Perusinus, le Rationarium Temporum du Pere Petau dans la premiere partie de sa Cronologie, de Florus Gallicus du Pere Bertaut, de Sleidan, des quatre Monarchies, de Paul Emile, & autres. On y pourra joindre quelques Geographes, car la Geographie est extremement utile à l’Histoire, aussi bien que la Cronologie, & elles en sont comme les deux yeux : c’est pourquoy il y faut extremement exercer les enfans, qui en sont tres-capables.

J’ay oublié à dire qu’une chose des plus utiles pour les petits enfans, est de les instruire par images & figures, ce sont les instructions les plus naturelles, & qu’ils retiennent le mieux. Il faut joindre à la lecture de Joseph les figures de la Bible, les Fables d’Esope figurées, les Metamorphoses d’Ovide, les Tableaux de Philostrate, les Emblêmes d’Alciat. Il faudroit joindre à cette Preface toutes les autres que j’ay données au Public, dans les traductions des Lettres à Attique, des Bucoliques de Virgile, des Captifs de Plaute, & du Recueil des plus belles lettres de Ciceron : car je croy que de toutes ces Prefaces ensemble, il seroit aisé d’en former une Methode entiere, pour conduire les enfans dans les Lettres, & mesme dans les mœurs.