Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome I.djvu/413

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En sixième lieu, dans vos réponses[1] aux précédentes objections, il semble que vous ayez manqué de bien tirer la conclusion dont voici l’argument : « Ce que clairement et distinctement nous entendons appartenir à la nature, ou à l’essence, ou à la forme immuable et vraie de quelque chose, cela peut être dit ou affirmé avec vérité de cette chose ; mais, après que nous avons soigneusement observé ce que c’est que Dieu, nous entendons clairement et distinctement qu’il appartient à sa vraie et immuable nature qu’il existe. » Il faudroit conclure : Donc, après que nous avons assez soigneusement observé ce que c’est que Dieu, nous pouvons dire ou affirmer cette vérité, qu’il appartient à la nature de Dieu qu’il existe. D’où il ne s’ensuit pas que Dieu existe en effet, mais seulement qu’il doit exister si sa nature est possible ou ne répugne point, c’est-à-dire que la nature ou l’essence de Dieu ne peut être conçue sans existence, en telle sorte que, si cette essence est, il existe réellement ; ce qui se rapporte à cet argument, que d’autres proposent de la sorte : S’il n’implique point que Dieu soit, il est certain qu’il existe ; or il n’implique point qu’il existe, donc, etc. Mais on est en question de la mineure, à savoir, qu’il n’implique point qu’il existe, la vérité de laquelle quelques uns de nos adversaires révoquent

  1. Voyez Réponses aux premières objections, page 388 .