Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome V.djvu/204

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jamais, par aucune froideur, être derechef autant condensées qu’elles l’ont été auparavant ; au lieu qu’il ne faut que fort peu de chaleur pour faire que l’eau se dilate en vapeur, et derechef que fort peu de froideur pour faire que les vapeurs se changent en eau.

Mais voyons maintenant en particulier les propriétés et la génération des principaux vents. Premièrement, on observe que tout l’air a son cours autour de la terre de l’orient vers l’occident, ce qu’il nous faut ici supposer, à cause que la raison n’en peut commodément être déduite qu’en expliquant toute la fabrique de l’univers, ce que je n’ai pas ici dessein de faire. Mais ensuite on observe que les vents orientaux sont ordinairement beaucous plus secs et rendent l’air beaucoup plus net et plus serein que les occidentaux ; dont la raison est que ceux-ci, s’opposant au cours ordinaire des vapeurs, les arrêtent et font qu’elles s’épaississent en nues, au lieu que les autres les chassent et les dissipent. De plus, on observe que c’est principalement le matin que soufflent les vents d’orient, et le soir que soufflent ceux d’occident, de quoi la raison vous sera manifeste si vous regardez la terre ABCD et le soleil S[1], qui, en éclairant la moitié ABC et faisant le midi vers B et le minuit vers D, se couche en même temps au respect des peuples

  1. Figure 10.