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Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome V.djvu/249

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subit en forme d’orage fit tomber un peu de grêle blanche fort longue et menue dont chaque grain avoit la figure d’un pain de sucre ; et l’air devenant clair et serein tout aussitôt, je jugeai que cette grêle s’étoit formée de la plus haute partie des nues dont la neige étoit fort subtile et composée de filets fort déliés, en la façon que j’ai tantôt décrite. Enfin, à trois jours de là, voyant tomber de la neige toute composée de petits nœuds ou pelotons environnés d’un grand nombre de poils entremêlés et qui n’avoient aucune forme d’étoiles, je me confirmai en la créance de tout ce que j’avois imaginé touchant cette matière.

Pour les nuées qui ne sont composées que de gouttes d’eau, il est aisé à entendre de ce que j’ai dit comment elles descendent en pluie, à savoir, ou par leur propre pesanteur, lorsque leurs gouttes se trouvent assez grosses ; ou parceque l’air qui est dessous en se retirant, ou celui qui est dessus en les pressant, leur donnent occasion de s’abaisser ; ou parceque plusieurs de ces causes concourent ensemble : et c’est quand l’air du dessous se retire que se fait la pluie la plus menue qui puisse être, car même elle est alors quelquefois si menue qu’on ne dit pas que ce soit de la pluie, mais plutôt un brouillard qui descend ; comme, au contraire, elle se fait fort grosse quand la nuée ne s’abaisse qu’a cause qu’elle est pressée par l’air du dessus, car les