Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome V.djvu/286

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des rayons du soleil donnant sur l’eau de la mer ou de quelque lac ; comme si, venant de la partie du ciel SS, ils tombent sur l’eau DAE, et de là se réfléchissent vers la pluie CF, l’œil B verra l’arc FF, dont le centre est au point C, en sorte que CB étant prolongée jusques à A, et AS passant par le centre du soleil, les angles SAD et BAE soient égaux, et que l’angle CBF soit d’environ 42 degrés. Toutefois il est aussi requis à cet effet qu’il n’y ait point du tout de vent qui trouble la surface de l’eau vers E, et peut~être avec cela qu’il y ait quelque nue, comme G, qui empêche que la lumière du soleil, allant en ligne droite vers la pluie, n’efface celle que cette eau E y envoie ; d’où vient qu’il n’arrive que rarement. Outre cela l’œil peut être en telle situation au respect du soleil et de la pluie, qu’on verra la partie inférieure qui achève le cercle de l’arc-en-ciel, sans voir la supérieure, et aussi qu’on la prendra pour un arc renversé, nonobstant qu’on ne la verra pas vers le ciel, mais vers l’eau ou vers la terre.

On m’a dit aussi avoir vu quelquefois un troisième arc-en-ciel au~dessus des deux ordinaires, mais qui étoit beaucoup plus foible, et environ autant éloigné du second que le second du premier ; ce que je ne juge pas pouvoir être arrivé, si ce n’est qu’il y ait eu des grains de grêle, fort ronds et fort transparents mêlés parmi la pluie,