Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome V.djvu/290

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suite, il n’en reste bientôt plus du tout ou presque plus qui passe outre. Et c’est ainsi que ni le verre pilé, ni la neige, ni les nues, lorsqu’elles sont un peu épaisses, ne peuvent être transparentes. L’autre chose qu’il y a ici à remarquer, est qu’encore que l’action des corps lumineux ne soit que de pousser en ligne droite la matière subtile qui touche nos yeux, toutefois le mouvement ordinaire des petites parties de cette matière, au moins de celles qui sont en l’air autour de nous, est de rouler en même façon qu’une balle roule étant à terre, encore qu’on ne l’ait poussée qu’en ligne droite. Et ce sont proprement les corps qui les font rouler en cette sorte qu’on nomme blancs ; comme font sans doute tous ceux qui ne manquent d’être transparents qu’à cause de la multitude de leurs superficies, tels que sont l’écume, le verre pilé, la neige et les nues. Ensuite de quoi on peut entendre pourquoi le ciel étant fort pur et déchargé de tous nuages paroît bleu, pourvu qu’on sache que de lui-même il ne rend aucune clarté, et qu’il paroîtroit extrêmement noir s’il ni y avoit point du tout d’exhalaisons ni de vapeurs au-dessus de nous, mais qu’il y en a toujours plus ou moins qui font réfléchir quelques rayons vers nos yeux, c’est-à-dire qui repoussent vers nous les petites parties de la matière subtile que le soleil ou les autres astres ont poussées contre elles ; et lorsque ces vapeurs sont en assez