Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome V.djvu/45

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
41
DISCOURS CINQUIÈME.

DISCOURS CINQUIÈME.

DES IMAGES QUI SE FORMENT SUR LE FOND DE L’ŒIL.

Vous voyez donc assez que, pour sentir, l’âme n’a pas besoin de contempler aucunes images qui soient semblables aux choses qu’elle sent ; mais cela n’empêche pas qu’il ne soit vrai que les objets que nous regardons en impriment d’assez parfaites dans le fond de nos yeux, ainsi que quelques-uns ont déjà très ingénieusement expliqué par la comparaison de celles qui paroissent dans une chambre lorsque l’ayant toute fermée, réservé un seul trou, et ayant mis au-devant de ce trou un verre en forme de lentille, on étend derrière à certaine distance un linge blanc sur qui la lumière, qui vient des objets de dehors, forme ces images ; car ils disent que cette chambre représente l’œil ; ce trou, la prunelle ; ce verre, l’humeur cristalline ou plutôt toutes celles des parties de l’œil qui causent quelque réfraction ; et ce linge, la peau intérieure, qui est composée des extrémités du nerf optique.