Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome XI.djvu/260

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que l’expérience nous apprend être essentielle­ment composées ; le livre troisième leur sera en­tièrement consacré.

Or dans tout ce traité nous tâcherons de suivre avec exactitude et d’aplanir les voies qui peu­vent conduire l’homme à la découverte de la vérité, en sorte que l’esprit le plus médiocre, pourvu qu’il soit pénétré profondément de cette méthode, verra que la vérité ne lui est pas plus interdite qu’à tout autre, et que, s’il ignore quel­que chose, ce n’est faute ni d’esprit ni de capa­cité. Mais toutes les fois qu’il voudra connoître une chose quelconque, ou il la trouvera tout d’un coup, ou bien il verra que sa connoissance dépend d’une expérience qu’il n’est pas en son pouvoir de faire ; et alors il n’accusera pas son esprit de ce qu’il est forcé de s’arrêter sitôt, ou enfin il reconnoîtra que la chose cherchée surpasse les ef­forts de l’esprit humain ; ainsi il ne s’en croira pas plus ignorant, parcequ’être arrivé à ce résultat est déjà une science qui en vaut une autre.

règle neuvième.

Il faut diriger toutes les forces de son esprit sur les choses les plus faciles et de la moindre impor­tance, et s’y arrêter longtemps, jusqu’à ce qu’on ait pris l’habitude de voir la vérité clairement et dis­tinctement.