Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome XI.djvu/303

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et l’autre s’en sert comme de pieds pour mar­cher. De même, dans l’énigme des pêcheurs, il faut prendre garde que l’idée de poissons s’empare tellement de notre esprit, qu’elle le détourne de la pensée de ces animaux que souvent les pauvres portent sur eux sans le vouloir, et qu’ils rejettent quand ils les ont pris. De même encore si on demande comment a été construit le vase que nous avons pu voir quelquefois, au milieu duquel s’élevoit une colonne surmontée de la figure de Tan­tale dans l’attitude d’un homme qui veut boire ; l’eau qu’on y versoit y restoit contenue tant qu’elle n’atteignoit pas la bouche de Tantale, mais à peine touchoit-elle les lèvres du malheureux qu’elle s’échappoit tout-à-coup entièrement ; au premier coup d’œil tout l’artifice paroit devoir être dans la construction de la figure du Tantale, qui cepen­dant ne détermine nullement la question, mais seulement l’accompagne. Toute la difficulté con­siste a trouver comment un vase peut être con­struit de manière à ce que toute l’eau s’en échappe dès qu’elle est parvenue à une certaine hauteur, et pas avant. Enfin, si de toutes les observations que nous possédons sur les astres, nous cherchons ce que nous pouvons affirmer de certain sur leurs mouvements, il ne faudra pas admettre gratuite­ment que la terre est immobile au centre, comme ont fait les anciens, parceque des notre enfance il