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C’est là que le vieil Athanase les achète.


« Écoute, écoute ! » ont dit Dimitrakis et Georges en même temps.

Tous entendaient les cloches. D’après leur tintement on comprend que les moutons marchent, qu’ils secouent la tête pour arracher les brins d’herbe, qu’ils font quelques pas et s’arrêtent ; qu’ils paissent, sans cesse ils paissent.

Les cloches graves chantaient, les cloches aigües chantaient aussi comme l’a voulu le clochetier. Et les montagnes les écoutaient…


C’est comme ça que Maître Thymios a façonné les cloches. Chacune avec sa voix propre.

Pendant des jours, des semaines, il a travaillé dans son atelier pour faire ces cloches. Il les mettait dans la forge jusqu’à ce qu’elles deviennent rouges comme la braise ; il les martelait sur l’enclume, de nouveau il les chauffait, de nouveau il les travaillait sous le marteau.

« Non, non tu ne chantes pas encore », disait-il. Et sans cesse il les martelait, jusqu’à les façonner comme il le souhaitait.

« Toi tu auras ta voix et toi ton accent. Toi tu chanteras comme le coucou, toi comme les gouttes d’eau. Et toutes ensemble vous direz la chanson que moi je sais. »

Tous ceux qui sont passés à Salone ont vu Thymios courbé dans son atelier. Il faisait honneur à son art ; personne n’a surpassé son niveau de maîtrise.

Il avait de nombreux apprentis. Il a envoyé des cloches au mont Parnasse, au mont Vélouchi, au mont Olympe. Quel violoniste peut se mesurer avec Maître Thymios qui fait chanter les crêtes ?