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lage, traite, pétrissage, soin du troupeau. Peu de sommeil : veillée et ronde de nuit.


Voilà ce que racontait Aphrodo.

Mais tandis qu’elle parlait debout, regardant sa quenouille, filant la laine, elle avait un sourire si charmant qu’elle ne semblait pas avoir de soucis.

« Mais tu ne laisses pas les brebis pour venir en bas avec les filles de chez nous ? » dit Phanis.

Aphrodo se mit à rire et répondit qu’elle ne les laisserait pas pour tous les trésors du monde. C’est ici qu’est sa famille, père, mère, beaux-parents, grands-parents ; la lignée vieil-Athanase, pour ainsi dire. Mais pas seulement, il y a aussi une autre parentèle.

« Je suis parente avec chaque arbre… dit-elle. Ici, buissons et Valaques, nous ne faisons plus qu'un après tout ce temps passé ensemble. Ensemble nous vieillissons, ensemble nous prenons l’averse et la neige, ensemble nous prenons le soleil. Eux aussi ont une main et caressent, une voix et chantonnent ; tu n’entends donc pas le murmure du vent ! Et les petits, comme mon frère Lambros, les grands comme Papy, tous me connaissent comme ils connaissent tous les rochers, toute la famille.

Là-bas sous son ombre un pin accueille à midi une centaine de nos moutons. Il fait partie de nos camarades aussi : les arbres le jour, et le soir les étoiles qui nous éclairent au pâturage.


Sur la quenouille d’Aphrodo la laine donnait beaucoup de fil qui s’enroulait sur le fuseau pendant la discussion. Et elle filait sans cesse pour ne pas perdre de temps.