Page:A. Belot - Les Stations de l’Amour.djvu/107

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— Et moi. Madame, je vais vous quitter.

— Bah ! tu peux bien me donner une demi-heure ; la rue du Cirque est à deux pas. Veux-tu venir voir mon boudoir ?… j’ai tout transformé.

Que faire ? je savais bien que j’avais quelques heures de libre et puis, je ne sais… quelque diable me poussant…

Je répondis oui. Elle dit un mot à son cocher et cinq minutes après nous étions à sa porte.

Sa femme de chambre était, sortie.

— Louis, dit-elle au valet de pied, je n’y suis pour personne. Quand Tiennette reviendra, vous lui direz de ne pas entrer avant que je la sonne.

— Un monstre, ma chère, cette Tiennette, me dit-elle dès que le larbin eut le dos tourné… c’est la baronne qui me l’a procurée.

Dès que nous fûmes dans son boudoir, je lui demandai : « Madame veut-elle me permettre de l’aider à se déshabiller ? »

— De quoi ! répliqua-t-elle aussitôt de sa voix faubourienne : « Madame ! » Qu’est-ce que ces manières-là ?… de ne suis donc plus ta Viève ? (Elle s’appelle Geneviève.) Veux-tu vite m’embrasser et me tutoyer.

Qu’auriez-vous fait à ma place ?… Je lui rendis son baiser et l’accompagnai d’un petit bout de langue.

Tandis que je l’aidais à quitter ses vêtements, elle me posait mille questions à votre sujet. Retenant de folles envies de rire, je répondais affectant à votre égard le plus grand détachement, me contentant de dire que je remplissais auprès de vous le poste de dame de compagnie, énumérant les devoirs de ma charge et parlant de l’affection que vous portiez à votre mari.

— Et cette petite dinde n’a jamais fait attention à toi ? me dit-elle, lorsqu’elle fut en chemise et pendant que je me déshabillais rapidement.

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