Page:A. Belot - Les Stations de l’Amour.djvu/125

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j’aurais certainement essayé de vous dire… que vous me plaisez beaucoup… Mais vous étiez accompagnée, et je n’osais vous adresser la parole en présence de votre amie. Dès que j’ai pu quitter mes camarades, je suis accouru ici dans l’espérance de vous revoir ; malheureusement, vous étiez déjà partie… »

— C’est vrai, fis-je à mon tour, mais je suis revenue sur mes pas… N’est-ce pas un heureux hasard ? ajoutai-je gaiement.

Je lui tendis la main qu’il prit dans la sienne : il était ému, et moi agitée d’un frisson délicieux.

Par discrétion, Thérèse se tenait éloignée ; je l’appelai, et nous reprîmes ensemble tout doucement le chemin de la gare.

Le premier pas était fait : une charmante intimité s’établit rapidement entre nous. Tout occupé de moi, Adrien ne reconnut pas Thérèse qu’il n’avait vu qu’une fois ; je la lui présentai comme une cousine éloignée et me donnai pour une jeune femme libre de sa personne. Je lui demandai son petit nom, et il se nomma sans hésiter.

Arrivés à la station, il nous demanda la permission de monter avec nous dans le train, étant obligé, dit-il, de retourner à Paris le soir même.

Quoique je ne voulusse point précipiter les choses, de peur qu’Adrien ne me confondît avec une vulgaire cocotte, je mis à profit les vingt-cinq minutes de solitude que nous donnait le trajet ; nous étions seuls dans notre compartiment : Thérèse s’accota dans un coin, prétextant une grande fatigue, baissa le store de la lampe, et sommeilla. Nous occupions l’autre coin, Adrien et moi, étroitement serrés l’un contre l’autre. Dès que le train fut en marche, il passa un bras autour de ma taille, se pencha vers moi d’un geste caressant et m’embrassa dans le cou.

Le frais contact de ses lèvres me fit passer un frisson par

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