Page:A. Belot - Les Stations de l’Amour.djvu/128

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sentir.

Quand je rouvris les yeux, Adrien me fixait avec une curiosité inquiète, étonné sans doute du prompt résultat de sa manœuvre. Je l’embrassai avec transport, puis sans quitter ses lèvres entre lesquelles je pointais une langue affolée, j’entrouvris son pantalon et saisis à pleine main un épieu qui se dressait furieusement et qui me parut de belle taille.

J’avais à peine commencé un léger mouvement de va-et-vient, qu’un jet pressé en jaillit, si rapidement que je n’eus que le temps de coiffer l’indiscret de mon mouchoir pour préserver ma robe d’une inondation compromettante. Adrien se tordait dans mes bras… je partis moi-même encore une fois, tant j’étais excitée…

Pendant toute cette scène, la pauvre Thérèse s’était tenue immobile dans son coin. Elle ne dormait pas, et je l’avais entendue soupirer à plusieurs reprises. Nous entrions en gare : je me rajustai de mon mieux et m’adressant à Adrien : « Ne m’avez-vous pas dit que vous aviez à faire en ville ce soir ?… Vous êtes sans doute obligé de rentrer chez vous à heure fixe… »

— Mais, pas du tout, répondit-il avec empressement, et si vous voulez bien accepter mon invitation, vous et votre amie, cela me fera grand plaisir : nous dînerons ensemble et nous passerons la soirée où vous voudrez…

Je refusai d’abord, pour la forme, puis j’acceptai, et nous allâmes dîner dans un restaurant peu fréquenté, aux environs de la Madeleine. Le repas fut charmant : Adrien était un gentil cavalier, plein d’esprit et d’entrain, aimable sans fatuité et rempli d’attentions respectueuses.

Il me parut plus ferré sur la théorie de l’amour qu’il ne l’était sur la pratique. Au dessert, je ne pus m’empêcher de faire une allusion discrète à son inexpérience. Il répondit en rougissant un peu que, jusqu’à ce jour, il n’avait trouvé

— 126 —