Page:A. Belot - Les Stations de l’Amour.djvu/14

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rentrera que la semaine prochaine. On nous a surnommées les trois inséparables.

— Et vous l’aimez comme Dora ?

— Il y a peut-être une petite différence, car avec Dora nous ne faisons qu’une, et nous nous complétons.

— Vous vous connaissez depuis longtemps ?…

— Nous nous sommes connues toutes petites, puis nous nous sommes perdues de vue, car elle est d’une condition sociale plus élevée que la mienne. Il y a trois ans, sa mère étant morte, on la mit dans une pension en France, à Neuilly où, orpheline moi aussi, j’étais déjà depuis un an. Nous y passâmes deux années et nous nous liâmes de la plus tendre amitié ; puis nous vînmes ensemble dans l’Inde, où son père occupe, vous le savez, de hautes fonctions et où je suis avec une tante qui me sert de mère… Mais nous voici arrivés ; séparons-nous. Il vaut mieux que je rentre seule au bal. Adieu, cher monsieur, et à bientôt.

Elle me sera fortement la main et disparut dans le grand hall.

Cette incroyable aventure m’avait tout bouleversé ; je n’avais pas envie de rentrer au bal, même pour les revoir. J’éprouvais le besoin d’être seul, afin de repasser dans ma tête les détails de cette troublante soirée, me demandant si ce n’était pas un rêve ou une hallucination.

Je demandai ma voiture et rentrai chez moi.

. . . . . . . . . . . . . .

Ton Léo.
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