Page:A. Belot - Les Stations de l’Amour.djvu/54

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Quant à moi, tombant à genoux, je continuai à pomper de mes lèvres avides le mélange délicieux qui ruisselait du corps de l’adorable bacchante.

Lorsqu’elle se releva, ce fut pour courir au cabinet de toilette, où je la rejoignis bientôt. Nous avions tous deux besoin d’une purification sérieuse.

— Je suis morte, me dit-elle…

— Pauvre chérie !… cela vous a fatiguée ?…

— Oh ! non, ce n’est pas cela… c’est d’amour et d’ivresse voluptueuse…

Elle tourna vers moi ses yeux pleins de langueur pour un long baiser qu’elle me rendit avec usure.

— Allons sur le lit nous reposer un instant, dis-je.

Maud nous y avait précédés, nue comme un chérubin, frileusement blottie sous le drap. Nous demeurâmes ainsi pendant un quart d’heure environ, plongés dans un anéantissement délicieux.

Je te laisse à penser, chère amie, si entre ces deux corps tièdes et moelleux, maître Jacques était disposé à dormir ; d’autant plus que Maud, feignant de vouloir sommeiller, l’avait pris dans sa menotte, et que Flora, le bras gauche étendu sur ma poitrine, avait, de sa main droite, saisi mes deux globes encore pleins. Bientôt maître Jacques gonfla la tête et remua avec impatience…

— Je vous croyais fatigué, dit Maud, rompant le silence.

— Mais non, mignonne, et je veux…

— Dites-moi, dear sweetheart, c’est du féminin, cette chose-là, n’est-ce pas ?…

— C’est aussi du masculin, chère Maud, rectifia Flora.

— Ah ! ça, tu ne dors pas non plus, toi ?…

— Attends, je vais te montrer si je dors…

Et se redressant sur les genoux, elle allait m’enjamber, sans doute pour aller corriger Maud, mais je la saisis quand elle fut à mi-chemin, en lui passant la main par derrière

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