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MADAME LOUISE ACKERMANN

Ceux qui avaient déjà souffert aussi savent combien son influence était fortifiante et reposante et quel courage ils puisaient près d’elle, non qu’elle s’efforçât de leur donner de vagues consolations, mais sondant avec eux les abîmes de la souffrance même, la généralisant, l’ennoblissant. Là est sa suprême puissance. Et ce n’était pas de la littérature.

C’est bien à tort que l’on traite sa poésie de désespérante. Le sublime touche à l’héroïsme, et l’héroïsme est contagieux. Mme Ackermann a celui de la résignation, de la soumission aux lois universelles. Acceptation grandiose quand, par exemple, dans sa hautaine conception de l’amour, elle s’écrie, substituant superbement l’intensité à la durée :

Qu’importe à leur amour qu’il se sache éphémère,
S’il se sent infini !

Bien entendu, les Poésies philosophiques sont seules en cause. In Memoriam, par l’émotion subjective pénétrante, ne pouvait manquer de charme, mais la vraie Mme Ackermann date seulement des Malheureux.

Dans sa solitude des environs de Nice, — « un petit domaine, ancienne propriété des