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D’UNE SOLITAIRE

Je ne me figure pas qu’un astronome puisse jamais être un croyant. La vue, pour ainsi dire immédiate, de l’infini dissipe, comme de légers nuages, les fables dont l’homme s’est plu à envelopper sa destinée. Il cesse de se croire un être assez important pour arrêter sur lui la pensée divine. Ce n’est pas cette humilité chrétienne si orgueilleuse, au fond, puisqu’elle s’imagine qu’il n’a pas fallu moins qu’un Dieu pour sauver l’humanité ; c’est le sentiment de son propre néant qui saisit l’homme en face de ces espaces sans bornes. Il comprend que sa destinée, perdue dans une pareille immensité, est tout à fait insignifiante, et qu’il n’est lui-même qu’un simple atome emporté dans le mouvement universel.