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IRÈNE ET LES EUNUQUES

de l’accroître. Je l’ai accrue en m’initiant à toutes les sensations.

— Tu l’as diminuée en avilissant ton esprit dans la débauche, ô Despoïna.

Elle éclata de rire injurieusement :

— Tu parles comme il te convient, en vérité. Comme il convient aux eunuques, ô mon maître de mathématiques !

— Devais-je attendre de toi cette insulte, Lèvres de l’esprit !

Amèrement il lui rappelait ainsi le surnom qu’il lui donnait jadis dans l’académie d’Athènes, lorsqu’elle émerveillait les philosophes et les théologiens par sa précoce éloquence. Il dit encore :

— Qui t’a aimée plus que moi, non pour moi, mais pour toi seule ? Je ne t’ai pas aimée pour jouir de ta beauté, moi ! Je t’ai chérie pour que ton triomphe s’élevât plus haut que mes espoirs. Léon n’adorait que ta chair et ta splendeur physiques dont il s’est repu. En vérité je suis capable d’un plus grand amour, moi !

— Si tu avais été capable d’amour, tu n’aurais pas mutilé ton sexe. Mais ce ne t’a rien coûté qu’un peu de douleur passagère. Et tu as pensé conquérir un instrument de ta domination sur le monde, ô le plus rusé des renards ! Tais-toi. Tais-toi. Qui donc a révélé les secrets de mon alcôve impériale, sinon les cubiculaires, tes pareils, les Pharès et les Staurakios, afin de me faire voir qu’ils peuvent me cour-