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IRÈNE ET LES EUNUQUES

— Vos pensées !…

Irène haussa les épaules ; et elle ricana. Vraiment une rage sincère tordait ses nerfs, vibrait dans sa poitrine, serrait ses dents, étouffait même les accents de sa fureur. C’était à ces lâches qu’il fallait donc obéir. Leurs pensées ! Et où prendre un autre appui. Les iconoclastes qu’elle eût aimés à présent la détestaient et préparaient contre elle des complots. Les iconoclastes et le parti militaire étaient ses ennemis qu’elle eût voulu ses amis.

— Va vers eux, Despoïna, si tu songes que c’est là ta voie… dit Bythométrès, bien qu’elle n’eût point parlé… Et ils nommeront les tuteurs de ton fils qui t’évinceront. Car ils ne te pardonneront ni tes discours dans l’École du Palais, ni ta politique coupable d’avoir fait couronner Constantin sous leur serment. Ils te haïssent à jamais. Ils se défieront à jamais.

— Oui vous m’avez chargée de liens. Ô mes araignées hideuses. Je me débats dans vos toiles perfides, aujourd’hui. Mais je les romprai bientôt.

— Ton Autocratie peut tout. Que sommes-nous à tes pieds, sinon des bestioles chétives…, avoua Pharès.

Et il courbait le dos comme pour recevoir le cinglement des verges. Staurakios ajouta :

— Si nous avons tissé nos toiles dans le Palais, ô Basilissa, toi-même nous fournissais le fil, toi-même as chassé dans nos rets deux grosses mouches : le Copronyme et le Khazar. Et si ta dextre maintenant tient la sphère du monde, c’est que tu laissas ces