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IRÈNE ET LES EUNUQUES

aïeux mémorables ? Irène le regardait courir avec des chiens molosses dont il possédait au juste l’esprit.

La régente se révolta. Jean lui permit de ne pas céder à la coutume des cours. Et, pour reculer au moins l’échéance d’un si funeste avenir, Staurakios guida sa diplomatie de manière à refroidir les relations actives entre les deux pays. D’abord Irène allégua l’âge des fiancés pour prétexte à son refus de fixer la date des noces, puis tergiversa sur le détail des actes officiels. Ainsi, peu à peu, les négociateurs se lasseraient. Eutychès laissa tomber les questions de date, de contrat, sans rupture apparente, néanmoins.

Mais, de cette secousse morale, il demeurait au cœur d’Irène un étrange sentiment de méfiance à l’égard de ce fils qui la pouvait anéantir, du soir au matin, par un coup de force aussitôt légitimé. Elle le voyait en proie aux conseils de vieux libertins, d’audacieux jouvenceaux aptes à tout tenter pour obtenir la direction des affaires. Déjà Pharès trouvait que le Maître des Offices flattait exagérément son élève, en lui prédisant les victoires de l’Isaurien, du Copronyme, de Léon même, en oubliant de lui dire leurs défaites, en présentant chez le prince telles femmes de la cour réputées pour leurs vices.

Hors le désir de régner, aucun signe d’intelligence ne semblait éclore dans ce cerveau embryonnaire attaché à connaître les plaisirs extérieurs, les futilités de la vie, à livrer et à retirer sa confiance aux plus méprisables favoris. Toute la hideur d’âme propre aux