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IRÈNE ET LES EUNUQUES

En compagnie de l’empereur, la régente alla rendre visite au malheureux. Devant leur suite, Paul remercia très haut le ciel d’avoir quitté une charge hérétique avant la mort. Cela seul lui permettait l’espoir du repos éternel. Dès ces paroles, Irène fit mander les principaux patrices et sénateurs iconoclastes. Elle leur suggéra de saluer le patriarche, de l’exhorter à reprendre la direction de l’église. Quand il les reçut, Paul les supplia de garantir leur salut par une prompte abjuration. En outre, il proposa de réunir un concile œcuménique qui résoudrait la question des Images. Ces personnes ne manquèrent pas de lui reprocher son consentement de naguère à l’hérésie. À cela il répondit par des pleurs et des plaintes de contrition. Il répéta que c’était précisément la cause de sa douleur, et pour quoi il s’efforçait de faire rude pénitence. Pendant cette crise de désespoir tragique, il trépassa. Ce ne fut plus qu’une chair inerte, mal barbue, et la bouche béante ; une chair raidie dans un froc sur les cendres que l’agonisant avait fait répandre dans son lit plaqué d’ivoire, veillé par des lions de bronze qui relevaient les courtines. Et il parut aux assistants que c’était la mort aussi du parti militaire. Constantin sanglota si fort qu’on dut l’emporter hors de la chambre.

Bythométrès tenait un édit tout prêt autorisant à prêcher la réfutation des théories iconoclastes. Cet acte fut aussitôt promulgué. Paul ne croyait sans doute pas jouer au réel la comédie du repentir in extremis. Pharès ne dédaignait pas l’office de machiniste suprême