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IRÈNE ET LES EUNUQUES

grâces. Il s’accomplit des miracles éclatants ; et ils terrifièrent l’impiété. Jean Damascène qui remplissait une charge à la cour du Calife, rédigea une longue protestation. L’Isaurien la reçut. Afin de se venger d’une pareille insolence, il commanda que d’habiles calligraphes imitassent cette écriture, en copiant une lettre fausse dans laquelle Jean invitait l’empereur grec à profiter de la faiblesse militaire des Sarrasins pour envahir leur territoire. Puis Léon envoya ce papier au Calife, lui manda qu’il ne voulait pas user d’une si lâche trahison. Ce pour quoi Jean eut la dextre coupée à Damas, et exposée en place publique. Ayant obtenu qu’on lui restituât le membre après les heures de pilori, il se rendit dans une chapelle chrétienne, consacrée à la Pureté de la Vierge. Il supplia Marie de recoller la main perdue et de sauvegarder ainsi les prestiges des Saintes Images. Or il perdit connaissance avant d’avoir achevé sa supplique. Pendant son évanouissement, la Vierge apparut, et sembla lui rajuster le poignet. Au réveil, il jouissait de sa dextre.

Contre ce prodigieux amour divin, Léon l’Isaurien opposa de prodigieuses atrocités humaines. Aux défenseurs du culte intégral il fit arracher la peau de la tête ; et, sur le crâne mis au vif, il ordonna de lier plusieurs images de bois. On oignit les barbes de poix ; on les enflamma. Dans l’Hippodrome, les martyrs crépitèrent. Ils s’effondrèrent en étincelles sur les places publiques. À la voirie, les chiens prirent coutume de se repaître avec la chair de moines.