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IRÈNE ET LES EUNUQUES

dans le cas d’être alors accostées par une foule téméraire, avide de compter les incendies qui, jaillissant autour de Chrysopolis sur la rive d’Asie, révélaient la marche triomphale des Arméniaques.

Bien qu’il exagérât son énergie, qu’il passât en revue les gardes réunis dans les cours du Palais, sur ces terrasses qui s’étagent entre Chalcé l’opulente et Daphné la mystérieuse, bien qu’il réconfortât les officiers des candidats, des scholaires et des excubiteurs indécis, déjà, par l’esprit, sinon par les mots de leurs protestations ordinaires, Aétios dut secrètement convenir, avec Staurakios et Bythométrès, qu’il était temps de laisser Pharès détruire les archives compromettantes, et Eutychès déchirer les registres des impôts. Cela donc s’accomplit dans une cave du gynécée, malgré la colère d’Irène leur disputant les lambeaux de parchemins. Fine et fébrile, osseuse un peu, les yeux foudroyants sous la broussaille de ses cheveux roussâtres, elle se démenait en robe de filigrane cliquetante, retenue par une ceinture d’émaux et d’ivoires sculptés. Soudain Marie d’Arménie entra, que Théodote éperdue ne voulait plus quitter. Leur indiscrétion parut intolérable à l’impératrice. Brusque, elle s’élance sur sa bru, la saisit par ses voiles, l’attire contre sa figure insultante, lui crie dans la face que les Arméniens se soulèvent en l’honneur, sans doute, de leur compatriote traîtresse, amoureuse comme une lice en folie, bêtement… Et, à grands coups de ses bras nerveux elle chasse les deux créatures en