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IRÈNE ET LES EUNUQUES

messe de places et de largesses. À toutes les portes tu as heurté les regards des espions, les armes des soldats, les bras étendus des cubiculaires.

Théodote, en sanglots, s’affaissa contre terre :

— La main du Théos s’alourdit sur ma jeunesse… Ô mon verger de Patras ; et les cheveux de ma mère !

L’Arménienne joignait les mains :

— Pleurez, pleurez, les yeux… Sanglotez, les bouches !…

Soudain Théodote se releva. La terreur écarquillait ses pupilles :

— Écoute la rumeur dans l’Hippodrome… La rumeur de la foule… Si cette populace entrait ici… Notre mort !

Elle se prit à geindre. L’impératrice la recueillit dans ses bras, l’apaisa :

— Petite colombe tremblante… Il ne faut pas craindre la mort… Pourquoi crains-tu la mort ?… Pourquoi crains-tu la face du Théos ?… Aurais-tu péché ?… Parle, tu pleures, tu pleures. Tu as beaucoup péché ?

Théodote se cacha la figure dans le sein de la consolatrice :

— Vilainement…

— Il faut que tu regrettes, et que tu demandes le pardon à ceux que tu offensas… Le Théos est miséricordieux aux repentants. Accepte mon baiser de paix, petite sœur. Pleure dans mes bras, petite sœur fragile… Nous subirons ensemble La Volonté…

— Oh ! oh ! ton âme impériale m’aime… Et si elle