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IRÈNE ET LES EUNUQUES

pécheresse… Attends que les soldats d’Alexis entrent… Tiens… vois… Saint-Mamas aussi flambe… maintenant… L’heure de ta vengeance approche… Patiente… je t’en supplie !

Marie sanglotait :

— Je ne sais pas tuer… je ne sais pas… Si le Théos épargne ta vie… je l’épargnerai… Et puis, te frapper… non… C’est Christ qui a menti !…

Théodote, vautrée, lui baisa la robe :

— Ne jette pas ton âme au feu de l’Hadès, en blasphémant… Je te plains avec mon cœur déchiré.

Elle releva l’image et ralluma la lampe. Marie furieuse, blasphéma :

— Il n’y a pas de feu dans l’Hadès. Il n’y eut pas de Christ sur la croix. Il n’est pas de vertu. Il n’est pas de justice. Il n’est rien, rien… rien… rien… rien…

Elle alla jusqu’au vantail et regarda pétiller l’incendie.

— À la place de Byzance, il n’y aura plus rien bientôt, rien… La mort efface.

Théodote restait à terre étendue, parmi sa robe aux licornes écarlates ; et la tête dans ses mains.

Marie se laissa choir devant l’autre :

— Elle efface. Voilà… Il faut attendre la fin… sans savoir. Mieux vaut ne pas savoir, ne pas espérer, ne pas craindre… Lève-toi, prostituée ! Ferme le vantail… Je ne veux plus apercevoir la mer, ni Byzance… ni toi…

Docilement Théodote alla fermer le vantail, puis s’agenouilla devant l’icone, et d’une voix palpitante :