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IRÈNE ET LES EUNUQUES

tous, tous… Car si je cessais de consentir… Si je cessais… Ô Théos !!… J’aurais pu me repentir… J’aurais pu t’élever des églises somptueuses… Et tu laisses le faible sans secours aux mains des féroces, aux mains impies des magiciennes. Oui, oui, toi, ma mère, dans les caves d’Éleuthérion, tous le savent, tu évoques des fantômes sanglants qui fument sur les cercles tracés dans la poudre d’os humains… Tu fais aussi tressaillir la terre. Les villes s’écroulent,… quand avec deux doigts levés, tu vises la face de la lune, en prononçant des mots anciens. Ton patriarche, et Jean, ton philosophe, achètent des petits enfants pour faire cailler leur sang vierge.

Des rumeurs, au dehors, le firent pâlir.

Pharès lui baisa la dalmatique :

— Écoute, Basileus, le peuple te veut voir… Permets que j’ouvre ce vantail.

— Non… non… je ne veux pas encore.

Il le renversa d’un coup de pied.

— Je veux chérir encore les êtres ! Je veux voir encore des splendeurs, je veux entendre des musiques suaves… et saisir dans mes mains le battement des cœurs de femmes. Au loin, les insignes ! Au loin, vous autres ! Au loin, la mort !

Et tout en déclamant, il se dépouillait. Marie se traîna sur les genoux, lui étreignit les jambes :

— Mais écoute-moi, écoute… Laisse ouvrir ce vantail, tu verras le peuple. Il t’acclame…

— Sa fureur ne gronde que contre moi !… jurait Irène.