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IRÈNE ET LES EUNUQUES

Esprit qui se manifeste par le mouvement des forces créatrices grâce à quoi le Ciel scintille, la Terre verdoie, la Mer enfle, les Créatures pullulent, et l’Intelligence médite sur la Cause.

Irène se récitait de telles sentences en admirant son initiateur. Car Jean l’avait instruite alors qu’elle jouait avec ses colombes apprivoisées et de petites boules multicolores sur les marches de la maison fauve. Averti par ces yeux attentifs et courageux, il avait choisi la tâche de munir la curiosité de l’écolière. Mathématiques, musique, théurgie avaient dix ans étonné Irène. De cette bouche éclatante au milieu d’une barbe bouclée, elle avait appris comment, de l’Un, étaient issus les Nombres, racines des Idées Archétypes, et comment se rythment les ïambes propres à chanter l’art d’attirer les essences de l’air dans les vapeurs de l’eau, lorsque la constellation du Chien brille verticalement vers la terre, afin de créer, avec le feu, la Pierre des Éléments. Qu’on y grave sans hésitation, au moment où le calcaire se forme, le pentagramme du Pur, celui du Paraclet en les unissant au signe du Zodiaque et au chiffre mystique de l’astre invoqué. Alors on peut voir les montagnes se fondre, les îles s’enfuir sur la mer, le Fils descendre les escaliers des nuages, resplendir de tous les éclairs qui sont ses membres et sa taille et son visage, tandis que le soleil flamboie dans sa droite, que la lune brille dans sa gauche. Il faut crier sept fois « Kyrie, eleison » en se prosternant. Pareille à l’orage et au