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IRÈNE ET LES EUNUQUES

ter les appartements où ils rendaient hommage d’ordinaire à l’Arménienne. Bientôt cent bavards se trouvèrent pour confirmer les imputations. Fort de cette opinion générale, l’empereur fut harceler Tarasios. Il exigea qu’il fût remédié à cet excès d’infortune en voilant la pécheresse et en annulant le mariage. Le patriarche s’y refusa, publia même hautement l’imposture. Toutefois les faux témoins contredisaient à loisir.

Théodote ne cessa point de se dérober aux caresses de son amant. Esclave de son instinct, lui-même résolut d’expédier au patriarche un ordre formel. Tarasios renvoya les émissaires. Le peuple tenait pour son pontife, comme le clergé. Les courtisans au contraire, mettaient tout en œuvre pour transférer à la concubine les pouvoirs et le sceptre, pour faciliter au souverain l’assouvissement de sa passion. De ce secours important ils espéraient la récompense. Le spectacle était bizarre de ces stratèges, chefs de gardes impériaux, officiers, eunuques et palefreniers aux abois. Férus de rapprocher la couronne et la favorite, de rouvrir son lit à l’instinct du maître, tous s’entremettaient. Quelques officiers dégainèrent et voulurent passer au fil de l’épée le légat des monastères de Palestine bruyant approbateur de Tarasios, puis le syncelle du patriarche, lui-même.

Soumis à la plus méchante humeur, Constantin n’accordait nulle grâce. Il vouait les gens à la prison et aux supplices sur les rapports les moins sûrs. Il