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IRÈNE ET LES EUNUQUES

La même main pousse la pointe rougie du bourreau dans tes prunelles…

Alexis rappelle la vérité de ses prédictions anciennes :

— Nous l’avions averti, Constantin, nous avions ému en sa faveur la colère des soldats…

— Il nous a sacrifiés, il nous a livrés…, regrette le désespoir de Damianos… Les images te supplicient comme elles nous supplicièrent, Constantin !

— Ton peuple te verra sortir aussi tout à l’heure avec des paupières sanglantes et des mains chercheuses…, prophétise Pierre qui se glisse jusqu’aux rangs des Candidats alignés derrière les chaînes.

— Gardez-vous, les aveugles…, avertit une enfant… les gardes abaissent leurs piques contre vous.

Un poing vers le soldat, Damianos commande :

— Laisse passer les patrices, les stratèges.

Violemment Alexis s’arrache à qui le retient.

Damianos saisit la pique tendue :

— Chef, obéis !… Reconnais notre privilège.

Pierre s’aperçoit que le fer l’arrête :

— Les soldats abaissent leurs piques contre nous !

— Les eunuques veulent tuer sans témoins !… annonce Alexis au peuple.

Un cri monte de la multitude :

— Périssent les eunuques !

Malaisément Alexis se retourne :

— Oui, oui, vous criez fort, Byzantins ; mais vous laissez vos mains prudemment dans la ceinture.