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IRÈNE ET LES EUNUQUES

— C’est une triste histoire, dames illustres… Je vous la conterai, seigneur… Mon frère accompagnait le prince Allah-Eddin que voici…

— Ton singe ?…

— Tu n’as donc jamais entendu parler, barbare, de la métempsycose ?… interrompt un vieillard.

Il traîne un manteau lourd et semé de visages angéliques. Peu à peu, le peuple s’éloigne d’Alexis et se rassemble autour du Persan. L’éloquence du bateleur séduit davantage :

— Ores donc, illustres dames, quand le prince et mon frère eurent abordé, après une traversée heureuse, dans l’île de Diamant qui est plus loin qu’Ophir, ils prétendirent aller à la grotte où s’enrichissent les marchands de joyaux. Comme vous le savez tous, dames illustres et seigneurs, l’entrée de la caverne est gardée par un nègre géant qui fait déborder la mer quand il s’y baigne les orteils.

On murmure.

— Ce géant, fils du mont Etna et de la fée Amphitrite, protège la caverne avec un cimeterre sur la lame duquel une maxime est gravée… Tel qui lit à haute voix la maxime au moment où le géant lève le cimeterre, peut prendre dans la caverne ce qu’il sait emporter de diamants, de béryls, de saphirs, de chrysoprases et de joyaux de toutes sortes. Celui qui ne peut pas lire la maxime a la tête tranchée par le géant, aussitôt !

L’effroi des femmes se manifeste bruyamment. Alexis, cependant, non découragé, interrompt le bateleur :