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IRÈNE ET LES EUNUQUES

ment. Sa faiblesse, sa transpiration insolites, sa migraine et sa peur vague ne l’effrayent pas moins que les mines lugubres de ses logothètes. Ils ressemblent à des cadavres de vieilles femmes déterrées, ressuscitées, vêtues d’oripeaux saugrenus. Leurs mains tremblent sur leurs cannes. Dans la gorge flétrie de Pharès, une déglutition difficile s’accomplit mal. Bythométrès détourne ses regards obscurs. Irène dit :

— Le peuple crie que l’on aveugle Constantin. Il faut montrer l’Autocrator à la foule.

— Staurakios l’a fait aveugler,… affirme Aétios, brutalement.

— L’eunuque l’a fait aveugler !… répète Alexis.

Staurakios ne répond pas.

Damianos de se récrier méchamment :

— L’eunuque a fait aveugler ton fils, Irène !

— Tu mens…, hurle la mère.

Elle saisit à la gorge Pierre qui, de toute sa vigueur, répète :

— L’eunuque a fait aveugler ton fils, Irène !

À ces mots, elle sent geler son sang, et ses dents se fendre.

— Staurakios appela secrètement les bourreaux éthiopiens afin de lui ôter la vue…, explique Aétios pour se disculper en tendant ses manches de soie et ses mains orfévrées.

Rudement, Staurakios l’interrompt :

— Il importait au destin de l’État qu’il fût privé du pouvoir…